Algérie - A la une


Beaucoup de Palestiniens ont eu une joie mesurée après la reconnaissance par l'écrasante majorité des Etats composant la communauté internationale à la Palestine le statut d'Etat observateur. Le vote était historique et pour un peuple dont l'existence a été pendant longtemps niée, c'est un événement. Mais ce progrès obtenu après des décennies de lutte ne pouvait donner lieu à un excès d'euphorie. La route est longue et les Palestiniens ont appris au fil des ans et des trahisons à ne pas se faire d'illusions.
Pour ceux qui font une analyse critique du long combat des Palestiniens, le grand risque est que le président Mahmoud Abbas et son équipe de «négociateurs» ne feront pas de cette indéniable victoire politique un argument pour se remettre à jouer la partition sans issue de la fausse négociation. De la Cisjordanie à Ghaza, la population a tiré déjà les conclusions. Même ceux dont la vie quotidienne est liée à l'Autorité palestinienne - fonctionnaires notamment - ne doutent pas que c'est une partie truquée. Et même si le contexte paraît rude, la priorité absolue est de reconstituer l'unité des Palestiniens autour des objectifs nationaux. La reconnaissance obtenue à l'Onu est un succès pour Mahmoud Abbas mais aussi pour tous les Palestiniens. Elle ne doit pas être interprétée autrement.
La négociation est toujours un horizon dans un combat libérateur qui est fondamentalement politique. A condition qu'elle ne devienne pas une fin en soi et qu'elle ne serve pas de justification à un petit groupe pour qu'il vive indéfiniment de cette négociation sans but. Il faut réorienter les priorités. Or, les premières déclarations du chef de l'Autorité palestinienne donnent fâcheusement - on espère se tromper - qu'il cherche presque à convaincre qu'il est dans les mêmes dispositions d'esprit. Si c'est le cas - c'est-à-dire une errance de 18 ans dans le cadre d'Oslo -, il faut s'en inquiéter. Si les Palestiniens ont retrouvé une unité rare ces dernières semaines, c'est bien autour de l'impératif de résister. Oui, résister ! Cela inclut la lutte armée mais cela ne s'y réduit pas.
La résistance, ce mot qui hérisse les défenseurs aveugles d'Israël, est une attitude politique. Cela veut dire qu'il faut tenir et ne pas renoncer même quand le rapport de forces paraît défavorable. Cela veut dire résister à l'agression d'une armée suréquipée et aussi aux pressions et au change d'une hyperpuissance qui n'a rien d'un arbitre ou d'un parrain dans le présumé processus de paix. Il faut dire aussi pour la honte de dirigeants qui posent aux «modérés» - en général, ils ne le sont jamais quand il s'agit de réprimer leurs citoyens - que les dirigeants américains, qu'ils soient démocrates ou républicains, n'ont jamais fait mystère du fait qu'ils mettent avant tout la défense d'Israël, y compris dans ses appétits expansionnistes et dans ses crimes. Les propos conciliants de Mahmoud Abbas n'y changeront rien.
Pour se venger du vote de la communauté internationale, Israël a immédiatement décidé de créer de nouvelles colonies et Hillary Clinton n'a pas manqué avec une douceur remarquable à faire un petit reproche pour la forme. Sur le fond, on connaît ce qu'il en est. Barack Obama a eu la velléité de demander quand il est arrivé à la Maison Blanche au début de son premier mandat un arrêt de la colonisation, il a battu rapidement sa coulpe et a passé la deuxième moitié de son mandat à essayer de se faire pardonner du lobby israélien. Il n'y a rien à attendre de ce côté. Il faut compter sur soi, sur la réunification. Et il faut tenir. Et dans ce domaine, les Palestiniens n'ont pas besoin de conseils.
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