Algérie - Revue de Presse



Un footballeur en prison Insolite est le moins que l?on puisse dire de cette histoire qui occupe les esprits du football dans la division préhonneur à l?est du pays. La condamnation à la prison ferme qui a frappé un joueur de l?équipe du NRB Ouled Attia soulève, en effet, moult interrogations chez les observateurs et beaucoup de consternation dans cette petite localité de Collo. Hafi Bouchikh, 18 ans, est considéré comme un joueur exemplaire dans son équipe. Croyant son avenir lui sourire, il ne pensait pas que son destin lui réservait des moments sombres après ce match face à l?équipe de Oued Z?hor en ce jour d?octobre 2003. En pleine action, dans les 18 m, le corps à corps avec un défenseur de l?équipe adverse se termine par l?effondrement de ce dernier. La mort est subite et le drame provoque le débordement du public qui envahit le terrain pour achever la partie dans la violence. Mais l?affaire ne s?arrête pas là, puisque les locaux vont porter plainte contre « l?agresseur » et son équipe. Elle aboutira, lors du procès de juin dernier, au tribunal de Collo, à la condamnation du jeune joueur à trois années de prison ferme, assortie d?une amende de 100 millions de centimes contre son équipe. L?appel introduit par les condamnés aboutira à la chambre correctionnelle de Skikda qui va se déclarer, en octobre dernier, incompétente, induisant la requalification de l?affaire en criminelle. Pourtant, quand bien même le jeune Bouchikh aurait porté un coup mortel à la victime, « la législation du football n?incrimine pas leurs auteurs quand les dégâts sont causés pendant le jeu », nous affirme Me Boudjemaâ Ghechir, avocat de la défense. Cela dit, rien ne prouve que l?accusé a agressé la victime. Le rapport d?autopsie révèle dans ce sens que le joueur décédé ne porte aucune trace de violence et qu?il s?agit bel et bien d?une mort subite par inhibition. En outre, l?arbitre de la partie n?a pas sanctionné le joueur suite à l?action. Par ailleurs, le jugement de l?affaire a été émaillé d?irrégularités, souligne Mohamed Kheddiche, ancien président du NRBO, à commencer par la qualité des deux témoins, membres de l?équipe adverse, ce qui, selon lui, devrait compromettre leur partialité. Le plus important, cependant, reste l?absence pendant les cinq audiences du médecin légiste, seul capable d?établir le lien entre la mort du joueur et le coup présumé. Cette histoire interpelle la justice comme elle nécessite l?intervention des autorités du football algérien pour se pencher sur ce cas inédit et penser à combler le vide juridique qui peut briser des destins, comme celui de Hafi Bouchikh qui croupit en ce moment en prison.

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