Algérie - Pollution

Skikda Camp Kellogg: La lente déperdition d’un ancien havre de paix


Skikda Camp Kellogg: La lente déperdition d’un ancien havre de paix




Le camp Kellogg, implanté par Sonatrach lors de la construction du pôle hydrocarbures de Skikda, dans le courant des années 1970, n’est désormais que l’ombre de lui-même. Tout n’est que désolation, laisser-aller et mal-vivre.

«La commune de Filfila, dont nous dépendons administrativement, a entreposé un seul dévidoir aux limites sud du camp pour collecter les déchets ménagers de l’ensemble des habitants de la zone basse. Nous estimons que c’est un non-sens», dira un de nos accompagnateurs, même s’il est aisé de constater aussi que les habitants contribuent directement à ce marasme en rejetant leurs déchets n’importe-où, à n’importe quelle heure et n’importe comment.

Sans parler de l’éclairage public défectueux et de l’eau qui ne coule des robinets qu’une fois tous les quatre jours, le camp vit d’autres maux, plus graves encore. Des habitants en parlent: «Avant, le camp respirait l’odeur des fleurs et de la brise marine de la plage Ben M’hidi. Aujourd’hui, il sent l’odeur nauséabonde des eaux usées, des déchets ménagers et de la poussière», témoigne un des habitants, tout en insistant pour consolider ses dires par une petite virée sur les lieux.

«Regardez où se déversent les eaux usées. C’est à l’air libre. Cette canalisation a été réparée par les habitants, mais on ne peut pas tout assurer nous-mêmes. Au cours des années 1970/80, le camp disposait de sa propre station d’épuration, mais elle a été abandonnée depuis».

En effet, le bassin de décantation, et sa station d’épuration, ont été emportés par un éboulement et ne sert plus à rien. A côté, on voit l’eau nauséabonde qui se déverse dans une chaâba avant de finir, plus loin, dans la grande bleue.

D’autres évoquent l’épineux problème de leur propre habitation. Un gros problème même. Ecoutons-les: «Nous occupons de simples chalets, des F1 en préfabriqué plutôt qui, légalement, font partie du patrimoine immobilier de Sonatrach. Seulement, cette entreprise, dont nous sommes les travailleurs, s’est carrément défaite de notre camp, mais refuse néanmoins de nous accorder des désistements pour que nous puissions colmater ou réaménager nos demeures. Ce qui nous navre le plus c’est que Sonatrach avait facilement accordé des désistements à des collègues à nous habitant dans d’autres camps, voire à la partie supérieure de Kellogg. Sommes-nous une quantité négligeable pour cette grande entreprise nationale à laquelle nous avons donné le meilleur de nous-mêmes? Faut-il être cadre pour bénéficier du droit à un désistement?»

Mais ce n’est pas tout. Il reste à faire un dernier tour à travers ce vaste camp pour voir l’insouciance de Sonatrach et des responsables locaux. Pour voir surtout un immense gâchis qui ne semble inquiéter personne. Plusieurs infrastructures qui existaient dans ce camp tombent en désuétude et servent aujourd’hui de «havre de débauche». D’abord, il y a cette immense salle de cinéma, en préfabriqué, qui ne fait plus tourner les bandes de films. Ce sont les pigeons qui l’occupent aujourd’hui et aussi, des jeunes désœuvrés qui y trouvent leurs aises pour s’adonner à la consommation de drogue et d’alcool.

«On a à maintes fois proposé à ce que cette salle soit reconvertie en un lieu de sport, mais apparemment ça n’intéresse aucun responsable», témoigne-t-on.

Le même sort concerne une ancienne crèche qui, il y a des années déjà, avait fermé ses portes aux bambins pour les ouvrir à tous les vices imaginables.

Il y a aussi une école primaire, qui avait été consumée par un incendie et qui reste aujourd’hui à la merci du temps et de ses aléas.

Trop de gâchis, alors que ces enceintes auraient pu servir à apporter un plus culturel ou sportif à la jeunesse. Mais rien ne s’est fait. L’APC estime toujours que ce camp, ses habitants et tous ses problèmes sont du ressort de Sonatrach et cette dernière continue de croire qu’il lui suffirait de s’en délaisser pour clore l’épineux chapitre du camp Kellogg.

Entre les deux, évidemment, c’est toujours le citoyen… qui trinque!

Khider Ouahab



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