Algérie - Revue de Presse



Les Maghrébins ont l'art de partir en rangs dispersés pour se rattacher au train du développement, signe une fois de plus, de cette incapacité politique à faire de l'UMA un cadre idéal de négociations avec les autres entités économiques. Chacun expose ses charmes, ses atouts, ses potentialités d'investissement à l'Europe, tout autant qu'aux USA, sans tenir compte des avantages comparatifs que générerait la mise en commun des ressources naturelles et humaines. Ils se débattent pourtant tous pratiquement dans les mêmes problèmes à quelques variantes près. Pendant que l'Algérie forte d'une capacité d'approvisionnement de l'Europe à hauteur de 8 autres milliards de m³ de gaz à travers le projet Medgaz sur une longueur de 210 kilomètres submergée en Méditerranée, le Maroc négocie un tunnel de 40 kilomètres submergé lui aussi dans la même Méditerranée. La Tunisie se positionne en petite France mal maquillée par un tourisme de farniente aux couleurs douteuses. La Libye joue à la révolution permanente en faisant du pied aux USA pour une poignée de nucléaire. La Mauritanie reste spectatrice du jeu des concessions de sa pêche pour le moment. Séparément. De l'autre côté de cette mer la politique est commune, la monnaie est commune et la constitution finira un jour par être commune. Les institutions sont donc arrivées à une communion malgré les divergences historiques. Cela leur permet de défendre leurs intérêts et de consolider le développement atteint grâce aux valeurs qu'ils se sont créés par le travail et une visibilité avérée. De ce côté-ci la langue est commune, la religion aussi, ainsi que l'Histoire. Les frontières quant à elles sont récentes et leur tracé pose encore problème au moment où l'Europe crée un citoyen sans frontières. Les institutions tardent à se débarrasser de leurs instincts de conservation de pouvoirs et les divergences sont le plus souvent le fruit de quelques susceptibilités que les diplomaties ne sont pas arrivées à régler ou ne veulent pas régler. Il n'est pas étonnant alors de faire suivre la visite de Zapattero au Maroc par celle du roi d'Espagne en Algérie. Ils défendent le même projet qui transcende celui de la seule Espagne: une Europe forte qui se sert des richesses du Sud pour puiser sa main-d'oeuvre à l'Est considéré plus proche culturellement. Une Europe qui ferme ses portes à l'immigration du Sud pour se protéger d'une démographie indésirable et pouvant menacer les grands équilibres. Tous les autres partenaires de cette Europe agissent de la même façon et en parfait accord entre eux. Les Maghrébins agissent séparément en concurrents dans un monde où la concurrence dépasse la seule vision nationale. Tous les gouvernants savent pourtant ce qu'il y a à gagner dans une politique commune et ce qu'il y à perdre dans cet effritement des possibilités de développement. Les experts maghrébins sont, quant à eux, très au fait de cette situation qui ne permet tout au plus qu'à les pousser à un exil forcé, faute d'oreilles attentives qu'on ne peut même pas tirer. Faute de dépassements des divergences le plus clair du temps créés pour demeurer dans l'attente de ce que l'Europe décidera pour le Maghreb. Séparément.

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