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Saison estivale: La mafia des plages sévit toujours




Le vent d'ouest s'est calmé, et la mer, qui moutonnait depuis quelques jours, a retrouvé hier samedi son aspect tentant, avec des eaux cristallines, attirantes, faisant le bonheur des familles, dont celles issues de l'émigration, qui ont jeté leur dévolu sur les plages du littoral chéliffois. Un temps idéal pour les familles qui ont préféré le mois de juillet pour prendre leurs vacances. A Ténès, à une cinquantaine de kilomètres au nord du chef-lieu de wilaya de Chlef, l'ambiance était aux jeux de plage, avec l'installation de manèges et autres jeux pour enfants dont les auto-tamponneuses. Des familles de plusieurs régions de la wilaya de Chlef ont jeté leur dévolu sur la grande plage de la ville, longue de plus de 200 mètres, équipée en parasols, tentes et autres équipements de plage, qui semblent satisfaire les estivants. «Nous louons les parasols avec chaises à 400 DA, et les tentes avec quatre chaises à 600 DA», nous explique un concessionnaire de plage, qui tente de nous louer un parasol et quatre chaises. Ambiance très calme ici, la température de l'eau est bonne, le vent s'est calmé, et les enfants profitent pour barboter dans l'eau. La sécurité est ici assurée par des équipes de la police nationale, affectées aux deux plages de la ville de Ténés, celle du port commercial et celle de la Marina, en dessous des remparts de la vieille médina. En plus d'une équipe mixte de policiers en tenue de plage, la sécurité des estivants est également assurée par des équipes de secouristes de la protection civile. Même ambiance calme et détendue à la plage de la Marina où nous sommes accueillis avec le sourire par le préposé à la plage et les policiers chargés de la sécurité des lieux. Cette plage, tout comme celle du port commercial, dispose, elle également, d'un poste de police et un représentant de l'APC. «Non, l'accès de la plage est gratuit, nous assure un policier», tout comme d'ailleurs celui de la grande plage de la ville, qui bat le rappel des populations des villages de l'arrière-pays, des monts de Bissa, Sidi Akkacha ou Abou El Hassan et Thalassa. Et même Benairia, une commune haut perchée sur les monts du Dahra où, paraît-il, le dernier lion d'Algérie avait été abattu vers 1930, et sa tête accrochée au fronton de la mairie. Plus loin, à quelque cinq kilomètres de Ténés, la plage de Oued El K'sod, où l'accès est gratuit. Par contre il faut débourser au moins 100 DA pour le parking, et entre 400 et 600 DA pour une tente, un parasol et des chaises. Mais, les équipements personnels ne sont pas interdits, même s'il faut se faire une place entre les tentes déjà installées des concessionnaires de la plage. Un peu plus loin, entre pinèdes et coteaux où mâture un bon muscat, la plage de Kaf Kala, également surveillée par une équipe de la Gendarmerie nationale et un poste de surveillance de la Protection civile. Là, entre criques et rochers qui font le bonheur des pêcheurs à la ligne, le tarif du stationnement est de 100 DA. L'accès à la plage est assujetti au paiement du droit de stationnement, les concessionnaires interdisant l'accès à la plateforme donnant accès à la plage, qu'on peut atteindre en descendant des escaliers qui donnent une vue époustouflante sur le golfe de Ténès. Pas loin de là, à une dizaine de kilomètres sur la route vers Mostaganem, la grande plage de Oued El Melh, l'une des plus prisées des Chéliffois, avec celle d'El Guelta, de Sidi Abderahmane, de Dramla ou de Boucheghal. Et, comme toute plage, son accès est là également conditionné par le paiement du droit de stationnement. Pas question d'accéder à la plage faite de galets et de sable fin, longue de plus de 300 mètres, si on ne paie pas les 100 DA de stationnement réclamés par les concessionnaires. Car l'accès à la plage est balisé par un chemin goudronné, et on ne peut laisser son véhicule sur la route nationale. «Que veux-tu, tu es obligé de payer pour avoir le droit de te baigner, même si officiellement, l'accès à la plage est gratuit», nous explique un estivant. Là encore, les tentes installées pour les familles sont cédées entre 400 et 600 DA. Mais, si sur le littoral chéliffois les choses se passent plutôt bien, avec une bonne intelligence entre vacanciers et les plagistes, les loueurs d'équipements de plage, avec une sécurité assurée par la police et la Gendarmerie nationale, il n'en est pas de même sur certaines plages du littoral algérois. A Sidi Fredj, dans la commune de Staouéli, les vacanciers, selon certains d'entre eux, en voient des «vertes et des pas mûres». «Il y a un problème», raconte une estivante au micro de la radio nationale : «quand on descend sur la plage, et qu'on veut poser notre parasol, on nous dit d'aller là-bas. Ce n'est pas normal». Cette estivante fulmine car elle a été repoussée au fond de la plage du complexe de Sidi Fredj par les concessionnaires, qui refusent que les vacanciers posent leurs équipements près des leurs. En fait, les plagistes ont planté leur matériel tout le long de la plage, et donc ont pratiquement accaparé les meilleurs espaces, près de l'eau. Ce qui a provoqué la colère de cette estivante pour qui «des jeunes squattent la plage, et personne n'intervient». Un autre estivant est quant à lui ulcéré par les tarifs pratiqués sur cette plage : «200 DA le parking, 800 DA table et parasols, c'est trop cher. A ce rythme, un estivant peut facilement débourser 60.000 DA pour un mois», souligne-t-il.La loi des «parkingueurs»
«A Sidi Fredj, des plagistes accaparent les plages et imposent aux vacanciers de louer un espace où planter leur parasol, sinon ils sont refoulés aux limites de la plage, dans des endroits loin du bord de l'eau», raconte une estivante, qui regrette qu'il n'y ait «aucun vis-à-vis des vacanciers pour se plaindre» de cette situation. Elle aussi se plaint des tarifs prohibitifs des équipements de plage et du parking. Pour autant, les estivants ne sont pas livrés à eux-mêmes, selon Bouderouya, chef de projet saison estivale au ministère de l'Intérieur. Elle reconnaît d'abord qu»'il y a des dépassements constatés au niveau des plages», assurant que des «commissions sécuritaires sont dépêchées dans les 14 wilayas côtières». Selon elle, il y a eu «des arrestations de personnes, des saisies de matériels à Oran, Alger», affirmant qu'il y a «une activité pour l'inspection sécuritaire et la gratuité des plages». Elle a affirmé que près de 100 inspecteurs vont sillonner le pays pour surveiller les plages, la gratuité des accès, l'affichage des tarifs des parkings et, surtout, l'hygiène et la sécurité. Le ministre de l'Intérieur Nouredine Bedoui avait assuré, le 9 juin dernier lors d'une réunion avec les walis des wilayas côtières, que l'accès aux plages sera gratuit, ainsi que les équipements de plage. «L'amélioration du tourisme balnéaire et des services fournis aux touristes ne se feront qu'à travers le respect des principes fondamentaux de notre politique touristique et qui sont notamment basées sur la garantie de l'entrée libre aux plages, à travers l'application totale et stricte de toutes les instructions aux walis en ce qui concerne la gratuité des plages», avait-il affirmé. Cette année, le nombre de plages autorisées à la baignade est de 417 et sont gérées par des administrateurs de plage, dépendant des APC. Une nouveauté que nous avons constatée au niveau de la plage de la Marina, à Ténès, outre l'installation d'un poste de police. Quant aux équipements de plage, le ministre avait rassuré l'estivant ou le touriste qu'il aura «la liberté totale d'utiliser ses propres équipements ou de les louer au niveau des plages avec la nécessité de l'obligation de l'affichage des prix de location de ces équipements pour garantir une transparence totale qui permette à toutes les familles aux revenus faibles de bénéficier de ces services».
M. Bedoui n'a pas également omis le cas problématique des parkings, souvent donnés en concession à des jeunes par les APC, ce qui pose souvent le problème des conditions dans lesquelles se sont déroulées les adjudications de parkings de plage. Le ministre de l'Intérieur avait, là également, promis «une organisation stricte des parkings et de leurs prix avec l'obligation qu'auront les collectivités locales de les surveiller en permanence».
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