Algérie - Revue de Presse

Revoilà la mendicité à Bouira



De plus en plus de mendiants envahissent les rues. Chaque jour de nouveaux visages apparaissent sans que disparaissent les plus familiers. Des hommes, certains pleins de vigueur, d?autres atteints d?une maladie grave ou d?un handicap, d?autres encore atteints de sénilité, tendent la main au coin d?une rue. Ils sont concurrencés dans cette pratique d?un autre âge par des femmes, des enfants et surtout, depuis quelque temps, des adolescentes en nombre de plus en plus croissant. La présence de ces jeunes filles dans les rues, qui font la manche pour vivre, pose un problème civique moral. Lorsque faire la manche ne sera plus assez « lucratif », que restera-t-il pour elles ? Beaucoup d?entre elles ont évité de dire leurs prénoms, mais toutes ou presque déclarent qu?elles ont des frères et des s?urs à la maison qui dépendent matériellement d?elles. Celles-là arrivent très tôt aux endroits qu?elles ont décidé d?occuper dans les rues et ne les quittent que vers midi pour recommencer le lendemain. Le pont Sayeh, la rue Bouabdallah dans toute sa longueur, les environs de la grande mosquée, les escaliers qui mènent vers la gare routière, les trottoirs devant la poste et les banques constituent l?espace où se rassemblent ces exclus de tout avantage social, comme si la misère était un crime qui les aurait déchus de leurs droits civiques. D?autres filles comme Nadia, 25 ans, ne viennent quémander quelques pièces que de temps en temps, quand quelque chose, comme l?huile ou la tomate, ainsi qu?elle nous l?a avoué, manque à la maison. Alors quand elles estiment qu?elles ont reçu assez d?argent pour la satisfaction de ce besoin, elles restent chez elles jusqu?à ce qu?une nouvelle nécessité les en déloge. On peut légitimement en contemplant tant de détresse humaine s?interroger sur le sens de la solidarité à Bouira. Non, celles qui s?expriment quotidiennement de façon généreuse et individuelle, mais celle officielle qui, quand elle s?exprime, ne se manifeste qu?occasionnellement et de façon inéquitable ou privilégiée.



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