Algérie - Revue de Presse



Les choses qui fâchent Alger accueille, ces derniers jours, une noria de visiteurs étrangers de haut rang dont la présence atteste de l?intérêt que portent de nombreuses capitales, notamment européennes, à l?Algérie. Nombre d?observateurs relèvent à cet égard que l?embellie financière du pays a contribué à créer un tel effet d?appel, car le marché algérien propose un formidable potentiel en termes d?effectifs de consommateurs. L?Algérie ne manque pas d?arguments pour séduire en cela des investisseurs qui ne négligeront pas les opportunités qui pourraient se présenter à eux dans tous les secteurs d?activité où il y a de grandes choses à entreprendre. L?intérêt économique comporte toutefois son interface économique et, dans des conditions de gain de parts, il est difficile pour les délégations qui font le voyage d?Alger de parler de choses qui fâchent. Plus particulièrement encore le thème des libertés - érigé en credo par l?Europe et les Etats-Unis - n?a vraisemblablement pas droit au chapitre dans un contexte sous-tendu par des préoccupations économiques. Il eût été illusoire d?ailleurs d?attendre des visiteurs de marque du pays des positionnements qui auraient été assimilés par les autorités à une ingérence et conduit à jeter un sérieux coup de froid dans les relations. Cela est surtout vrai pour toutes les questions relatives à la liberté de la presse sur lesquelles il n?y a pas eu de posture significative de la part de visiteurs qui n?ont rien dit, même si chacun peut raisonnablement croire qu?ils n?en pensent pas moins. Il ne pouvait en être autrement dès lors que le caractère officiel de ces visites entreprises par de multiples délégations soumet leurs propos aux normes de la solennité diplomatique. D?aucuns y verront des exercices répétés de pragmatisme, car la realpolitik se fonde sur l?art de fermer les yeux, ne rien entendre et se taire au bon moment et au bon endroit. Il était au demeurant impensable qu?un hôte du pays, en visite officielle de surcroît, se risque à jeter un pavé dans la mare en évoquant publiquement une problématique qui dérange autant que celle de la liberté d?expression. Il y a dans les usages diplomatiques une part d?autocensure, dont il conviendrait de se demander si elle ne posera pas un problème de conscience à ceux qui y consentent, à plus forte raison si les principes qu?ils défendent sont sacrifiés sur l?autel des intérêts. Il est difficile alors de dire une chose et de faire son contraire pour s?en tirer au bout du compte par une élégante pirouette. L?un ne devrait cependant pas empêcher l?autre, car le souci de conforter le partenariat et les échanges économiques ne dispense pas d?aller au plus profond des interrogations qui entourent les rencontres entre interlocuteurs de très haut niveau entre lesquels il y a des vérités aussi peu bonnes à dire qu?à entendre.
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