Algérie - A la une

Quand les Verts réussissent à ressusciter l'ambiance des premiers vendredis !


Le match de la finale de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN) de football qui a opposé, hier vendredi, l'Algérie au Sénégal a coïncidé avec la marche hebdomadaire du peuple algérien contre le système politique en place. Un double évènement qui a, justement, ressuscité l'ambiance indescriptible des premiers vendredis de la marche.Rym Nasri - Alger (Le Soir) - L'ambiance qui régnait hier vendredi à la 22e manifestation du peuple contre le système politique en place, était très particulière. Dans les rues de la capitale, le drapeau algérien est partout. Accroché aux poteaux et aux arbres, suspendus aux balcons et sur les façades des immeubles, l'emblème national flottait dans toutes les rues et avenues d'Alger. Les manifestants, eux aussi, ne sont pas sortis sans leur drapeau. Tenu à la main, posé sur les épaules ou enfilé en cape, le vert et blanc au croissant et étoile rouges était la couleur de tous. Dédicace particulière à l'équipe nationale de football, des jeunes, des moins jeunes, des femmes et des enfants étaient tous vêtus des T-shirt emblématiques des onze Algériens. Côté slogans, les manifestants ont maintenu les mêmes mots d'ordre. Ils ont encore une fois appelé au départ du système politique qui sévit depuis plus de deux décennies. «Yerouhou gaâ» (qu'ils partent tous), «Le peuple veut retrouver son indépendance», ... autant de slogans auxquels se sont greffés les slogans footballistiques en vogue pour encourager l'équipe nationale. Des centaines de manifestants n'ont pas cessé de scander : «Nous allons remporter la Kahloucha», allusion faite à la CAN que les supporters algériens ont surnommé «El Kahloucha» (la noire). Accompagnée par ses deux tantes maternelles, Amina, la trentaine, assure retrouver l'ambiance des toutes premières marches du vendredi. La preuve, dit-elle, «Il y a beaucoup de monde». Pour cette maman au foyer qui sort tous les vendredis, «l'ambiance est très joviale. C'est l'effet football qui imprègne la marche d'aujourd'hui. C'est la fête !», dit-elle. Un avis que partagent ses deux tantes qui ne font qu'acquiescer d'un mouvement de la tête. «Nous espérons gagner ce match et remporter la coupe, le peuple a vraiment besoin de cette victoire», enchaîne sa tante Nadia, qui, elle, compte un palmarès de vingt-deux manifestations. Même enthousiasme chez Kamel qui qualifie l'ambiance de cette 22e marche de «magnifique». «Nous allons gagner les deux : la Coupe d'Afrique des Nations mais aussi notre révolution. Le peuple a acquis une certaine maturité politique et ne fera plus marche arrière. Notre révolution aboutira tôt ou tard, même s'il faut marcher pendant une année. Nous ne baisserons jamais les bras et les gens au pouvoir seront obligés de répondre aux revendications du peuple et à tous ces jeunes», dit-il. Résidant à Hamadi, au sud-est d'Alger, ce retraité du secteur du tourisme a fait de la marche du vendredi un rituel. «Je sors tous les vendredis en famille avec ma femme, mes enfants et mes s?urs», précise-t-il. Pourtant le déplacement de Hamadi à Alger-Centre est loin d'être une partie de plaisir pour lui et sa famille. «Chaque vendredi, nous subissons le barrage de police à Dar El Beida à proximité de Cosider. La dernière fois, nous avons passé 1h30 pour parcourir 700 mètres», déplore-t-il. Afin d'éviter ce désagrément, Kamel et sa famille ont décidé de se déplacer la veille, passer la nuit chez leur tante à Alger, avant de rejoindre, le lendemain, la manifestation. Dans la rue Hassiba-Ben-Bouali, Abdou a choisi de marcher entre amis. Drapé dans l'emblème national, il avance à pas sûrs sous un soleil de plomb. «Nous espérons remporter la Coupe d'Afrique pour que la fête soit complète car tous les vendredis sont une fête pour nous.» Il estime que le peuple algérien vit aujourd'hui une joie qu'il n'a pas connue depuis l'Indépendance en 1962. «C'est la liesse !», ajoute-t-il. Commerçant de son état, Abdou est parmi ceux qui ont marché depuis le tout premier vendredi du mouvement populaire, initié le 22 février dernier. «Je marche même avec les étudiants», dit-il encore.
S'agissant du match Algérie-Sénégal, il avance un pronostic de 1-0. «Un seul but nous suffit», conclut-il tout confiant.
Ry. N.


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