Profanation du mausolée de Sidi Abdellah

Situé en plein c?ur de Blida, plus exactement à la rue Colonel-Amirouche, l'ancienne rue du Bey, le mausolée où dort de son éternel sommeil le saint Sidi Abdellah, connaît, ces jours-ci, des actes de vandalisme qui ne disent pas leurs noms.Force est de constater que ces profanations se sont multipliées depuis le décès, il y a deux mois, du oukil ou responsable du sanctuaire qui y officiait depuis plusieurs années.
Porte défoncée, graffitis sur la séculaire faïence du mur, traces noires de fumée suite à un feu allumé au seuil de la porte pour incendier le lieu, sont les stigmates d'un outrage perpétré à des fins purement mercantiles.
En effet, un habitant de la rue du Bey nous a révélé que des personnes veulent squatter le mausolée pour en faire un lieu de commerce, d'autant que son emplacement se trouve dans une rue très commerçante. C'était de l'aveu même de l'oukil qui, de son vivant, avait dénoncé cet état de fait et dévoilé à son entourage l'intention malveillante de ces gens qui veulent s'accaparer ce lieu.
Laissant entendre que le maraboutisme est une pratique bannie par la religion musulmane, allant jusqu'à l'assimiler au paganisme et à l'associationnisme, ces personnes jouent sur cette fibre doctrinale pour justifier leurs désidérata : s'approprier le sanctuaire.
Cette affaire a été même dénoncée sur les réseaux sociaux et les internautes ont appelé les autorités concernées à le préserver contre toute agression, quelle que soit sa forme, surtout que le lieu est un patrimoine historique. Ces derniers ont été jusqu'à rappeler le sort subi à deux autres mausolées que sont ceux des saints Sidi Moul Etriq et Sidi Bestandji et sur lesquels des habitations ont été érigées.
Existant depuis plusieurs siècles, jamais de mémoire d'homme, le sanctuaire de Sidi Abdellah n'a subi de telles attaques. Au contraire, il a fait de tout temps l'objet de respect et de déférence de la part des anciens Blidéens qui allaient se recueillir sur la tombe du saint homme, en hommage à ses actes de bienfaisance, sachant, qu'en tant qu'érudit, Sidi Abdellah a enseigné les sciences religieuses et autres disciplines liées à la médecine et à l'humanisme. Il a également propagé la bonne parole et contribué, vu son grand savoir, à l'émancipation de la population blidéenne de son époque.
Youcef Ouragui, un passionné de l'histoire de Blida, nous dira que le mausolée de Sidi Abdellah se trouvait à l'intérieur d'une mosquée bâtie par les Turcs en témoignage de la grandeur de ce noble personnage, mais démoli par les Français à l'issue de leur occupation de la ville de Blida en 1839.
Etant habous, donc inaliénable, ce monument funéraire ne doit en aucun cas être transformé en lieu de commerce, en appellent les anciens habitants de Blida.
M. B.