Algérie - Tissage

Pourquoi le tapis ne fait plus recette




Pourquoi le tapis ne fait plus recette
Le professeur des sciences économiques de l’université «Abou Bekr Belkaid» de Tlemcen, Kerzabi Abdellatif, a mis en exergue l’importance des métiers de l’artisanat dans le développement de l’économie et la création d’emplois et de richesses.

Dans sa communication intitulée «l’importance des métiers de l’artisanat dans l’économie», M. Kerzabi, a indiqué, à l’occasion de l’ouverture du salon national du tapis et des produits traditionnels, qui se déroule au palais de la culture «Abdelkrim Dali» de Tlemcen, que «le tapis et métiers d’artisanat qui sont indispensables à l’économie sont toujours marginalisés sur l’ensemble du territoire et n’arrivent pas à jouer pleinement leur rôle essentiel en faveur des services de proximité et à dynamiser l’économie et l’emploi».

Citant des exemples de réussite de ce secteur dans les pays voisins (Maroc et Tunisie), l’orateur a souligné qu’«il est temps de mettre en relief la richesse et la diversité des savoir-faire exceptionnels qui existent dans chaque localité du pays, qui puisent dans une tradition ancestrale tout en essayant de s’adapter aux tendances et aux marchés modernes. Il faut aussi encourager l’innovation, la créativité et l’excellence dans un ensemble de disciplines où exigences esthétiques et techniques sont souvent étroitement liées».

Dans ce même ordre d’idées, M. Kerzabi a rappelé à l’assistance que jusqu’aux débuts des années 1980, la wilaya de Tlemcen exportait pas moins de 400 000 m2/an de tapis du genre «Barbar» et «Djassi» vers l’Allemagne, la France et la Suisse. «Vers les années 1970, Tlemcen à elle seule pouvait dépasser toute la production de la Tunisie. Aujourd’hui, l’exportation n’atteint même pas les 1 000 m2/an», se désole-t-il et «l’importation de tapis par l’Algérie dépasse aujourd’hui les 32 millions de dollars». C’est dire les efforts à déployer pour une redynamisation de ce secteur très porteur et créateur de richesses.

Avant les années 1970, la formation de jeunes filles a permis le foisonnement de plusieurs fabriques de tapis à Tlemcen. Grâce à ce produit artisanal, plusieurs familles tlemcéniennes arrivaient à vivre dignement. Selon le président de l’Aspewit de Tlemcen, Bouayed Mohamed Morsli, c’est dans la vieille bâtisse de la famille Benzerdjeb (aujourd’hui de Gourmala) dans le quartier de Bab El H’did à Tlemcen, que plusieurs filles avaient appris la technique nouvelle du tapis haute laine ramenée dans les années 1900 à Tlemcen par deux sœurs du nom de Saeton, qui étaient venues à Tlemcen dans le cadre de l’alliance française. Le tapis ras de Tlemcen était confectionné avec la participation de toute la famille pendant une durée de plus de trois mois.

Aujourd’hui, ce modèle de tapis est un spécimen rare. D’après les vieux artisans, ce tapis ressemble à celui de Ghardaïa mais avec des couleurs non criardes. «Une fois la laine arrivée à Tlemcen en provenance des Hauts plateaux, elle subissait un traitement par différents groupes de femmes qui assuraient son lavage dans les sources avoisinantes suivant des pratiques mises à l’épreuve par leurs ancêtres durant des années dans les différentes sources telles que Sfisef, Mdeg, Ksi, Chaâra, etc. Le lavage et le séchage de la laine brute sont suivis d’un traitement contre les mites. Une fois traitée, cette laine est confiée aux femmes pour le cardage et le filage. C’est pendant ces opérations qui duraient parfois des nuits entières que les travailleuses chantaient au gré du mouvement de leurs cardes et maghzels, d’où la célèbre expression locale : «Lahdit ouel maghzel», a notamment expliqué M. Bouayed. A noter qu’en marge de ce salon du tapis et des produits traditionnels, inauguré par le wali, et qui a vu la participation de 16 wilayas dont huit wilayas du sud du pays (Ghardaïa, Tamanrasset, Illizi, Adrar, Biskra, Bechar, Ouargla et Laghouat), un concours national des meilleurs produits d’artisanat (Tapis, mansouj, haïk, hambel, broderie traditionnelle, etc.) a été organisé conjointement par la direction de la formation professionnelle (DFP) et la direction de la culture de Tlemcen sous le thème «Le tissage traditionnel : entre authenticité et modernité» et ce, dans le cadre de la célébration du mois du patrimoine.
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