Algérie - Revue de Presse

Vladimir Bouteflika ça se passe en Russie : deux journalistes tués en une semaine. Ça se passe en Algérie : deux journalistes emprisonnés en un mois. Les temps sont durs dans les pays durs. Le comparatif précédent amène une question : quel est le pays le plus dangereux pour un journaliste ? aurait demandé Ahmed Ouyahia dans une de ses célèbres conférences de presse à moustaches où le pragmatisme le partage au mépris sans que l'on sache vraiment si le chef du gouvernement est efficace ou simplement chargé de haine. Car souvent dans les couloirs désertés de l'histoire, on compare la Russie et l'Algérie, Bouteflika ressemblant effectivement beaucoup à Poutine par son côté autocrate années 1970, son populisme et ses alliances. Il est vrai que plus généralement, les deux pays partagent violence et corruption, l'impunité du DRS ou des anciens du KGB, une mafia politico-économique qui parasite tous les secteurs, une histoire récente presque commune de deux pays aux idées nobles passés du socialisme le plus stérilisant au libéralisme le plus sauvage, transformés de phares émancipateurs du tiers-monde en rôles peu glorieux de petits sous-traitants américains. La comparaison doit pourtant s'arrêter là. L'Algérie n'a pas eu Dostoïevski, Tchaïkovski et les prix Nobel, l'astrophysique et la conquête spatiale. L'Algérie n'a pas connu le siècle des virtuoses, celui du pragmatisme social et du progrès scientifique, ni même connu les grands maîtres des échecs, les stars du sport de performance ou les effets de l'émancipation sexuelle. L'Algérie, c'est la Russie moins le génie. C'est l'antidéveloppement plus la misère culturelle, c'est Staline sans Lénine. L'Algérie, c'est la Russie sans les Russes, avec le conservatisme religieux en plus et l'intelligence en moins. Heureusement, l'Algérie n'est pas la Russie. Sinon elle aurait envahi le Maroc. Encore n'est-ce peut-être qu'une question de moyens.


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