Algérie - Revue de Presse

Parutions. écrits de journalistes




En dehors des lignes J?ai débarqué dans la profession par hasard, mais, paraît-il, le hasard se gère aussi. En fait, je me sentais déjà quelques dispositions à commenter des matchs de foot ». C?est ainsi que débute le Journal d?un plumitif de notre confrère Amar Zentar, prouvant encore une fois que si le journalisme mène à tout, l?inverse est également vrai. Mais ce n?est pourtant pas cette passion pour la balle qui accordera à l?auteur l?entrée dans le monde de la presse. Encore étudiant, sa maîtrise de la langue lui offre la possibilité d?entrer par une porte dérobée du journalisme, celle des « sentiers lumineux de la correction et de la révision ». Nous sommes alors à Oran, ce qui explique aussi pourquoi Amar Zentar a tenu à publier son texte aux éditions Dar El Gharb, dans cette ville où il compte tant d?attaches. Nous sommes aussi dans les années 1970 et le système de parti unique cadenasse avec attention la presse. En tant que correcteur, notre homme découvre dans le détail les effets de la langue de bois sur la langue tout court. « Mais quelles montures rebutantes tout de même, s?exclame-t-il, que ces fameuses résolutions du Comité Central dont je me demande aujourd?hui, le recul aidant, comment la majorité des membres, en pénétrant toutes les arcanes, ont fini par s?en accommoder tout en se gardant d?en épouser la quintessence ». Il s?oppose aussi aux barons du journal « censés posséder à fond les méandres de la langue de Hugo » et qui n?acceptent pas ses corrections, ce qui lui vaudra des inimitiés. Mais il accepte cette situation contre mauvaise fortune bon c?ur, poussé par le besoin d?argent de l?étudiant qu?il est encore. La franchise est, d?ailleurs, un des traits de cet opuscule, puisque Amar Zentar, s?il étripe avec élégance certains, ne cherche pas non plus à s?épargner, dévoilant souvent ses motivations au cours de sa longue carrière. De ses difficultés à se positionner dans cet univers cloîtré, il découvre, de l?autre côté de la plume si l?on peut dire, les versants opposés du journalisme : « Or, j?apprendrai souvent à mes dépens que, vue de l?extérieur et vécue de l?intérieur, cette noble profession ? ainsi qualifiée à juste titre me semble-t-il - offrait à qui prétendait en pénétrer l?essence, un double aspect ». Et c?est ce que Zentar s?applique durant cent pages à montrer, réglant parfois des comptes avec sa conscience mais aussi avec d?autres qu?il a la délicatesse de ne pas citer, signalant par là son intention de dénoncer des faits et non des personnes. Il nous livre ainsi un témoignage qui est aussi parfois un pamphlet, parfois une confession. Le texte traverse les étapes les plus importantes de la presse algérienne, dont les plus noires. Le traitement de cette histoire s?effectue par touches, à la manière d?un peintre impressionniste, entrecoupée de flashes sur sa vie privée : le décès de sa mère, la découverte de l?amour,? Ce récit éthique sur la profession et sur un homme de presse dispose d?une écriture où l?humour, parfois noir, resplendit. Des envolées lyriques aux feintes d?argot (San Antonio n?est pas loin parfois), le Journal d?un plumitif se lit avec aisance.

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)