Algérie - Revue de Presse

OUED CHADI (SKIKDA) EN EMOI



« Où sont les deux cent logements promis ? » Hier, la Grande Plage, très prisée par les estivants demeurait vide de toute âme. La route y menant a été bloquée dès les premières heures de la journée par les habitants de Oued Chadi, une agglomération de plus de 800 habitants qui vient en amont à 2 km de Stora, un village balnéaire situé à moins de 4 km à l?ouest de la ville de Skikda. Et contrairement aux manifestations éparses qui n?ont jamais cessé de secouer la wilaya de Skikda, celle de Oued Chadi donnait hier largement l?impression d?être une décision collective d?une population qui ne veut plus être nourrie de promesses et d?illusions. « Nous voulons du concret. On nous a tellement habitués aux promesses verbales qu?on ne croit plus en personne. On ne lèvera les barricades que lorsque nous aurons des garanties écrites que le projet des 200 logements qu?on nous avait promis il y a plus d?une année est bien réel », déclaraient hier les manifestants. Devant les barricades dressées à deux niveaux de la route menant de Stora à la Grande Plage, il y avait, certes, des dizaines de bambins amusés, mais tous les habitants représentant 200 familles étaient également présents. Les hommes amorçaient le dialogue avec les élus locaux qui se sont déplacés sur les lieux ainsi qu?avec les services de sécurité présents en force et les femmes, à moins de 100 mètres des barricades, restaient à l?écoute. « Il y plus d?une année, nous avions bloqué cette même route pour dénoncer les conditions dans lesquelles nous vivons. Les autorités locales nous avaient alors déclaré que notre agglomération allait bénéficier d?une aide dans le cadre de l?habitat rural pour la construction de 200 logements sur ce même site. On est même venu recenser les familles qui habitent dans ce camp. Et depuis on n?a rien vu venir. » Oued Chadi est en effet un ancien camp de regroupement implanté par l?armée française pour briser tout soutien aux moudjahidine durant la guerre de Libération. D?ailleurs, à ce jour, les fils barbelés qui cloisonnaient ce camp sont encore visibles comme pour témoigner que rien n?a changé dans cette dechra depuis plus de 42 années. Les maisonnettes du camp abritent à ce jour leurs anciens occupants. Les générations de l?indépendance y vivent aussi, dans les mêmes conditions d?il y plus de 40 ans. « On n?a rien, absolument rien ! A ce jour nous continuons à être alimentés en eau potable à partir de trois fontaines publiques dont l?une n?est plus fonctionnelle », raconte un citoyen. Un autre enchaîne : « Et encore ! L?eau ne coule que rarement. Nos femmes et nos enfants passent leurs journées immobilisés dans de longues files d?attente à guetter la moindre goutte. » Une vieille quitte le carré des femmes rassemblées devant la fontaine et entonne un long discours pour évoquer la misère de ses semblables. « Nous voulons juste un toit décent, crie-t-elle en direction des services de sécurité, pourquoi est-ce qu?on nous a oubliés depuis tant d?années. » Elle ira jusqu?à interpeller le président de la République. « Si Bouteflika pouvait visiter notre camp, il mettrait tous les responsables à la porte. » Pourtant, Oued Chadi, qui surplombe agréablement la côte ouest, n?est qu?à 2 km à vol d?oiseau de Skikda. Ses habitants vivent de la culture de la fraise et rêvent seulement d?un toit décent. Ils rappellent avec amertume qu?on continue encore à les négliger pour ne penser qu?à pavoiser et à maquiller les alentours pour attirer les regards. L?un d?eux témoigne : « On est venu encore une fois refaire un tronçon routier menant de ce chemin vers la plage La Carrière. Une route utilisée rarement. Et dire qu?avec cet argent on aurait pu faire beaucoup de choses, comme l?électrification de notre hameau qui est situé sur une route des plus touristiques de Skikda. » Jusqu?à 14 h, la route demeurait encore bloquée.



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