Algérie - Tourisme Divers

Oran, Sorties nocturnes sur la corniche. El Bahia by night


La nuit, la deuxième ville d’Algérie, la capitale de l’ouest, est une cité illuminée. La preuve ! Celle que l’on affuble et qu’on aime appeler El Bahia — très chère au grand et regretté maître de la chanson oranaise, Ahmed Wahbi (Wahran Wahran) et à Lili Abassi (Wahran El bahia lil wa n’har hia zahia) — est Oran la merveilleuse, jour et nuit, elle est joyeuse !

Des cautions référentes ne démentant guère ce je ne sais quoi de convivial, bon intelligent et puis festif. En cette période estivale et de rush aoûtien, cela se passe sur la fameuse Corniche. L’atout majeur et « najeur » d’Oran. Une sorte de « Riviera » locale très fréquentée, courue et prisée des estivants des régions limitrophes (Mascara, Sidi Bel Abbès, Saïda, Tiaret...) ou encore ceux d’Alger, Tizi Ouzou... Une côte d’or ayant la cote touristiquement parlant ! Un passage obligé immanquablement diurne et nocturne. Après le splash journalier des petits et grands baigneurs sur les plages peuplées de Cap Falcon, Saint-Germain, Corrales ou celle des andalouses, c’est la promenade de nuit qui ressemble au jour. Il n’y a aucune différence. La corniche oranaise ne désemplit pas ou plutôt décuple. Une transhumance de légions de « riverains » en quête de détente et autre farniente nocturne. Il est plus de minuit et la place du centre de Aïn Turck est bondée de monde et obstruée par des véhicules dans un concert de klaxons et autres cacophonie aux allures de cortège nuptial et de juke-box ambulant ! C’est dire de l’ambiance y régnant ! Ici, les restaurants, les pizzerias, cafés ou encore les palais de glaces n’observent pas de « trêve des confiseurs ». Au contraire ! Une glace au parfum chocolat liégeois le dispute au poulet à la braise ou au banana split. Cependant, l’autre attraction nocturne sur la Corniche demeure les boîtes de nuits dédiées foncièrement à la musique de cette patrie insulaire de Ahmed Wahbi, Blaoui Houari, Bensmir, Benzerga, Ahmed Saber, les pionniers Khaled, Hasni, Houari Dauphin ou encore cheb Redouane. C’est la musique raï ! Il est plus de 1 h et nous mettons le cap sur la raïothèque Djohara rebaptisée et « francisée » le Saphir bleu. Une boîte de nuit au pied marin connue pour sa marque de fabrique musicalement parlant. Tous ses chanteurs y ont édité des albums live (ne pas entendre en direct, mais enregistrement dans des conditions légèrement techniques communément appelées de cabaret). A l’image de Redouane, Abbès, Kadi, Hichem... ce soir-là, cheba Kheira et Nani manquaient à la playlist. Cependant, Hasni Seghir alias Junior assurera... le warming à travers ses reprises issues du répertoire de Redouane Ch’rab sekerni zaâf ou cheb Kadirou Kount nabghiha dont le remix de DJ Nassim a encore bonifié et enjolivé l’habillage en matière de Djing (les manettes, quoi !). Réda, transfuge du cabaret Murdjajo, fera un passage de « numéro » de chants pris en sandwich. Mais sa voix demeure une valeur sûre du raï. Il sera relayé par Abbès. Très applaudi, cheb Abbès reviendra sur ses succès d’estime comme Semit omri, Des fois tsrali ou encore Rani en colère. Mais il transportera son public avec une nouvelle version de la chanson Rouhou liha Ou airouha issu de son nouvel album tout frais tout chaud Nesmah... Neskout. C’est que Abbès est un chanteur très roots (racines). Il s’inspire énormément du raï traditionnel, celui qu’on appelle trab et pas du tout terre à terre. Du coup, Abbès créera une ambiance nostalgique tout en exprimant son obédience pour ne pas dire déférence au raï pionnier de la machiakha (à Khaled en premier). Djelloul, le kid de Mascara, celui qui s’était révélé au public de par un succès d’été Maâlich, « raillera » l’assistance — qui n’en a cure des images meurtrières, belliqueuses et génocidaires des bombardements israëliens sur Beyrouth — plutôt à l’écoute des petits « bobos » existentiels et existentialistes des paroles légères et futiles. Et ce, avec ses hits Chkoun kan Igoul et Makiyoum ghali. Là, le saphir bleu tourne au rythme enjoué et insouciant du son de la planète raï enivrante, fauve, impertinente et mutine. Toujours dans cette tournée des grands « ducs » ou plutôt des MC (entendez maîtres de cérémonie) des fiestas de la riviera oranaise. Le téléphone arabe nous informera que ça se passe au night-club El Manara de Aïn Turck. Le lendemain, non quelques heures après car nous sommes toujours le même jour, c’est-à-dire un jeudi — c’est cette déformation anachronique de la date du jour, c’est une sorte de jet-lag (décalage horaire aérien) du sur-place — notre direction nocturne est immanquablement la boîte de nuit la plus branchée de la corniche oranaise. Le « phare » d’El Manara est une enseigne lumineuse attirant d’une manière subliminale le chaland bien sûr « mécanisé ». D’ailleurs, le parking d’El Manara affiche complet. Signe ostentatoire et patent de la côte de cette hacienda insulaire. Dès que vous poussez la porte à battants, vous êtes happé par le maelström de cette « raïothèque » beaucoup plus classieuse. Et en prime, El Manara possède un line-up constellé de stars de raï. Un atout majeur convoité par rapport aux autres discothèques. Il est 1 h 45 et Djamel alias Roubla (fiesta) fait culminer le mercure dans une salle climatisée et « enguirlandée » en reprenant des titres des cheikhate comme Mama de Djenia ou N’ta goudami de Rimitti dédiée à Lakhdar Belloumi, un autre enfant terrible et de la balle de Mascara et du football algérien et à son alter ego le radieux Kada, venus festoyer à El Manara. A la demande générale, la raïwoman ayant lancé la tendance lourde et « pesante » du raï robotique avec le succès fou Matadjabdouliche, cheba Djenet, en véritable ambianceuse et entertainer, extirpera ces oiseaux de nuit en interprétant Aâtini galbek dont la dédicace est à l’endroit des émigrés. Aussitôt, le dance floor est investi et l’on danse collé serré. The hit (heat) is on ! (c’est chaud, show !). Et puis les bankables, ces gentlemen-flambeurs explosent l’audimat local à coups de 1000 DA, 2000 DA, 70 000 DA, 10 000 DA... Djenet vient de publier un nouvel album frais émoulu intitulé Aândi wahed, du raï romantique, sentimental et délicat. Dans la même veine et verve, Fadhéla, cette voix pionnière du pop-raï (remember Sahraoui, cheb Khaled, Benchenet...), chantera un titre demandé Chrab lahmar (le vin rouge), une ode célébrant forcément Bacchus et « aux gens de Saint-Etienne, Dijon, Paris, Marseille, Casablanca »... Ce qui est sidérant, c’est que la majorité de l’assistance est exclusivement féminine. Aussi, se sont-elles éclatées sous le charme élégant et impertinent de Houari Mazouzi et de sa sulfureuse chanson Rani n’vibri. Il ne manquait que cheb Abdou, le Boy George algérien, un autre transfuge du Murdjajo, en déplacement pour un spectacle à Béjaïa. Ici, l’on danse, l’on se déhanche et l’on se trémousse dans un « smog » à couper au couteau, mâtiné de volutes de nicotine et autre air « spirituel ». Là, on sabre du champagne, on dîne, on se sustente avec un en-cas économique, on sirote un soda à 50 DA, on consomme une boisson spiritueuse à 250 DA, sous les auspices du maître d’hôtel H’cicen néanmoins mélomane. Ce qui est une opération marketing séduisant l’éventuelle clientèle. « Le mois de juillet aura été une période morte et décourageante. Mais ce mois d’août, el Manara a vu une affluence massive d’émigrés, espagnols, portugais... Mais nous avons des concurrents de taille au Maghreb : la Tunisie et le Maroc. Ici, on impose plus de 20% de taxe. Mais on est bon marché par rapport aux autres. On n’impose pas le menu, on ne sert pas de viande congelée... Le client est libre de commander un plat tout seul. Le bouche à oreille marche bien... Et en plus, à partir de septembre on casse les prix : 150 DA le spiritueux... », indiquera Mohamed Ammar le propriétaire d’El Manar. Un pari qui s’éveille toujours à 5 h !




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