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Mourad Chetti, romancier auteur d’Au pays des Massylès : « L’objectif est de démystifier »



Mourad Chetti, romancier auteur d’Au pays des Massylès : « L’objectif est de démystifier »
Quelles sont les grandes lignes de votre dernier roman Au pays des Massylès ?
Il s’agit du premier volet d’une série de sept romans qui vont paraître sous l’intitulée Berbères. Ce roman est une chronique romancée de l’histoire de la Numidie, à partir de son apparition dans l’histoire jusqu’à la chute de Carthage, c’est jalonné d’épisodes, et notamment la vie de Massinissa. À la fin du roman, Massinissa naît ; je suis revenu un peu en arrière pour expliquer le contexte, les circonstances et les différents contacts que les Berbères ont eus avec les étrangers, notamment les Phéniciens et les Grecs, et finalement les Carthaginois, car le royaume des Massylès était un petit royaume qui allait presque disparaître dans l’histoire, mais avec les enjeux politiques de l’époque, il a fini par devenir le royaume par excellence qui a englobé presque toute l’Algérie actuelle, la Tunisie et une partie de la Libye. C’est une chronique romancée de l’histoire de Massinissa qui a régné pendant 53 ans, c’est un personnage très riche en couleurs, il a failli perdre la vie, c’est un guerrier, il a conquis son royaume avec la force de ses bras.

C’est un roman historique ou bien une histoire romancée ?
C’est une chronique romancée, le terme est bien choisi pour éviter les clivages ou les titres qu’on peut donner de manière pompeuse, la chronique romancée repose sur la trame historique, les personnages sont réels, tout est factuel, mais comme il y a des trous dans l’histoire, j’ai extrapolé par intuition, ce qui donne droit d’usurper le titre de romancier, c’est de la fiction, je ne suis pas historien dans ces titres-là, je spécule. Tous les ingrédients du roman sont là, il y a de l’amour, de la haine, de la compassion, de la trahison. Je n’ai rien inventé, j’ai juste articulé, de manière compréhensible pour le lecteur, les arcanes de l’histoire qui ne sont pas encore très connues.

Qu’est-ce qui vous a le plus motivé à écrire cette histoire millénaire de manière narrative, et quel est l’objectif de cette série ?
Je travaille là-dessus depuis quarante ans, je suis descendant de la tribu des Massylès, ça veut dire qu’il y a une affinité déjà. Il y a une passion et un travail de recherche, j’ai fait mon doctorat sur Massinissa, je suis parti sur quelque chose d’académique au départ, qui était presque indigeste pour le commun des mortels ; avec cette envie subite de vouloir vulgariser et transmettre ce que je savais, et la manière la plus facile a été par l’intermédiaire du roman, afin de le rendre accessible.
L’avantage de cette série, c’est que je la dévoile de manière inédite, en m’appuyant sur la tradition orale que, par exemple les historiens ont effleurée ou n’ont même pas citée, c’est l’originalité, mes références étaient classique avec un double objectif, décoloniser notre histoire, et surtout la démystifier, l’histoire a été écrite par les vainqueurs, et le vainqueur a tendance à exagérer les faits. J’ai une juste mesure, à une proportion admissible notre histoire qui a été soit occultée, soit balayée par les différents conquérants. L’objectif de cette série est de ramener les lecteurs, je ne m’adresse pas seulement aux Algériens, mais plutôt aux Maghrébins, y compris les étudiants que j’encadre en France, d’origine maghrébine, et qui ne connaissent pas cette histoire. L’idée est de regrouper, par une affinité ethnique, des hommes et des femmes qui pensent être différents, soit par la religion, soit par la culture.

Peut-on avoir de plus amples détails sur le deuxième volet de cette série ?
Le premier a été sur le pays des Massylès, ce n’est pas un royaume, car le thème de la royauté va apparaître avec Massinissa, avant c’était des territoires, alors le pays des Massylès, à la fin, Massinissa naît à peu près que la même époque où Gustave Flaubert décrit Salammbo, c'est-à-dire la guerre de mercenaires initiée par des Berbères qui se révoltaient contre Rome, et Massinissa avec son cousin naissent à la fin du roman, le «royaume» va donc subir une invasion de Syphax, le deuxième roman s’appellera donc l’Invasion des Massæsyles, qui devrait être prêt pour le SILA-2019.
K. B.

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