Algérie - Hydraulique

Mostaganem, Confié à une entreprise allemande, Le projet MAO dans l’impasse ?




C’est la terrible question à laquelle les responsables du ministère des Ressources en eau et de l’Agence nationale des barrages et tranferts (ANBT) devront impérativement répondre.
Ceci, après le départ de l’entreprise allemande Deilmann Haniel Gmbh , dont le contrat vient d’être résilié par l’ANBT en raison de retards accumulés dans la réalisation du barrage chargé de capter 25% des eaux du Chéliff, à hauteur du village de Béni Ifren, dans la commune de Oued El Kheir. Le marché avait été confié à cette entreprise en association avec un groupement turque qui avait la charge de construire la station de traitement. Entamés dès la fin janvier 2005, les travaux de construction du barrage devaient s’étaler sur 24 mois. Mais pour des raisons inexpliquées, l’entreprise allemande accumule les retards. Au grand dam de l’ANBT qui signifiera son désappointement par plusieurs lettres de mise en demeure qui resteront sans suite. Ce qui justifiera la résiliation du contrat par l’ANBT aux torts exclusifs de l’entreprise allemande. C’est par lettre datée du 26 juillet dernier que ce bras de fer prendra fin. Car, selon l’ANBT, la première lettre de mise en demeure est datée du 26 avril 2005, soit seulement 3 mois après l’arrivée sur site des Allemands. Le faible état d’avancement des travaux aura été souligné par Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau lors d’un déplacement en juillet 2005 sur le chantier. A l’époque, face à l’inquiétude du ministre, un responsable allemand l’assurera de la totale disponibilité de son entreprise à rattraper les retards et à renforcer le chantier. Un engagement qui, apparemment, n’aura aucune suite. Pourtant, le montant du marché dépasse 100 millions d’euros, soit environ 8 milliards de dinars. Après avoir obtenu le visa de la Commission nationale des marchés en décembre 2004, l’entreprise s’engageait à respecter les délais de réalisation fixés à 24 mois. Pour être dans les temps, les Allemands se devaient de livrer l’ouvrage au plus tard en janvier 2007. Prévu pour récupérer et traiter 155 millions de mètres cubes/an sur un débit du Chellif estimé à 500 millions de mètres cubes, ce barrage est présenté comme la panacée.

La réunion de la dernière chance
Sa mise en œuvre conditionne l’ensemble du projet MAO. En plus de l’alimentation des agglomérations situées sur l’axe Mosta-Arzew-Oran, il permettrait une rapide réaffectation d’un volume d’eau important vers les régions de Tlemcen, Aïn Témouchent et Sidi Bel Abbès. C’est dire l’impact sur l’agriculture -qui consomme plus de 80% des réserves hydriques du pays- et l’alimentation urbaine et industrielle de l’ensemble de la région Ouest. Ce projet colossal, qui n’aura pas réussi à lever un financement international, sera entamé sur fonds propres. Après la résiliation attendue du marché avec l’entreprise allemande, c’est toute la stratégie nationale de mobilisation des eaux de surface qui prend un sérieux revers. Car ce projet colossal ne se limite pas à la seule construction du barrage, il y a également celle de la station de refoulement et la mise en place de la station de traitement dont la réalisation aura été confiée à l’entreprise turque Eser Insaat VE Ticaret AS/KOU.GC. Nul doute que la défection des Allemands aura des conséquences incalculables sur le déroulement du projet dont l’importance avait été fortement soulignée par le président de la République lors de sa visite au barrage de Kramis, en mars 2002. Visite au cours de laquelle les difficultés à mobiliser des lignes de crédits extérieurs avaient fortement irrité Abdelaziz Bouteflika, qui n’hésitera pas, à l’époque, à instruire ses interlocuteurs afin de lever cette contrainte en optant pour un financement national. Avec l’embellie financière consécutive à l’augmentation des prix du baril de pétrole, le projet MAO n’aura aucune peine à trouver l’argent qui lui manquait. Avec la défection des Allemands, c’est tout le projet avec ses conséquences incalculables sur l’alimentation en eau potable des populations qui est remis en cause. C’est pour pallier cette défaillance inattendue de la part d’un opérateur germanique qu’une réunion se tiendra aujourd’hui au ministère des Ressources en eau. Elle regroupera responsables et experts en vue de trouver une issue rapide à cette situation. Face à l’urgence, toute initiative tendant à faire repartir les travaux, sera la bienvenue. D’autant que pour toute l’Oranie, le MAO constitue la pierre angulaire de tout développement humain durable.


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