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Libye : Tripoli renoue avec les armes


Des roquettes se sont abattues, dans la nuit de mardi à mercredi, près de Mitiga, l'unique aéroport de Tripoli encore en service, rapportent des médias. D'où une nouvelle suspension des vols, moins de cinq jours après la réouverture de l'aéroport, déjà fermé fin août du fait des combats.Tous les vols ont été déroutés sur Misrata, à 200 km de la capitale, a annoncé l'Office de l'aviation civile. Ancien aéroport militaire, Mitiga est situé dans l'est de la capitale. Il a été ouvert au trafic civil après la destruction de l'aéroport international, situé au sud de la ville, au cours des violences de 2014.
A la suite de récents combats, la trêve entre groupes armés, conclue le 4 septembre sous l'égide de la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), reste fragile. Selon ladite mission, sont prévues dans le cadre de cet accord des «mesures radicales» pour rétablir la sécurité à Tripoli, qui devaient entrer en vigueur hier. Elle a indiqué qu'un plan concernant le retrait des groupes armés de la grande ville libyenne sera élaboré. Elle n'a toutefois pas fourni plus de détails.
Le cessez-le-feu a été globalement respecté, mais, outre les roquettes dans le secteur de l'aéroport de Mitiga, la nuit de mardi à mercredi a été marquée aussi par une brève reprise des combats au sud de la capitale. Basé à Tripoli, le gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez Al Sarraj, reconnu par la communauté internationale, n'arrive pas jusque-là à asseoir son autorité dans le pays. Depuis le 27 août, les combats entre groupes rivaux dans le sud de Tripoli ont fait au moins 63 morts et 159 blessés.
Profitant de la dégradation de la situation sécuritaire engendrée par ces combats, le groupe Etat islamique (EI) a lancé, lundi, une attaque contre la Compagnie nationale de pétrole (NOC), en plein centre, tuant deux personnes. L'EI s'est implanté à Syrte, à l'est de Tripoli, en 2015. Il en a été chassé l'année suivante sans pour autant être neutralisé. Entre-temps, de nombreux groupes djihadistes et des milices armées font régner un climat d'insécurité dans le pays.
Comportement de prédateur
Selon un rapport d'experts de l'Organisation des Nations unies (ONU), «les groupes armés ont exercé une influence de plus en plus marquée sur les institutions de l'Etat libyen et font avancer leurs propres intérêts». «Le recours à la violence pour prendre le contrôle des infrastructures et des institutions publiques et les menaces et attaques contre les fonctionnaires sont fréquents dans tout le pays, notamment à Tripoli», ont-ils ajouté dans ce rapport adressé le 5 septembre au Conseil de sécurité de l'ONU. Aussi, «ce comportement prédateur (?) mène au détournement de fonds publics et à une détérioration des institutions et infrastructures. La rivalité acharnée pour faire main basse sur l'Etat nuit à la transition politique».
La dégradation de la situation politico-militaire à Tripoli menace la perspective de tenir des élections législatives et présidentielle le 10 décembre. Objectif annoncé lors de la conférence internationale sur la Libye, tenue le 29 mai à Paris, pour tenter de stabiliser ce pays sous l'égide des Nations unies.
Le rôle de la France dans l'échiquier politico-militaire libyen a suscité des critiques de l'Italie. Début septembre, le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a déclaré : «Evidemment, il y a quelqu'un derrière» les combats. «Cela n'arrive pas par hasard. Ma crainte, c'est que quelqu'un, pour des motifs économiques nationaux, mette en péril la stabilité de toute l'Afrique du Nord et par conséquent de l'Europe.»
Et d'ajouter : «Je pense à quelqu'un qui est allé faire la guerre alors qu'il ne devait pas le faire. A quelqu'un qui fixe des dates pour les élections sans prévenir les alliés, l'ONU et les Libyens.»


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