Algérie - Revue de Presse

Lettre ouverte à M.Coasguen, député UMP




Je trouve triste votre attitude et celle de certains de vos collègues qui s?opposent à la venue du président algérien en France pour la célébration d?une guerre qui n?était pas celle des Algériens mais qui sont allés se faire tuer au nom de la République qui ne leur accordait aucun droit sur leur propre sol. Je vous signale que des Québécois (Canadiens français) ont refusé la conscription votée par le Parlement canadien en 1942 et se sont cachés dans les forêts de la belle province, alors qu?ils étaient plus français ethniquement et culturellement que la moitié des résidents dans l?Hexagone d?hier et a fortiori celui d?aujourd?hui. Ils ne voulaient pas se battre, avec raison, pour le Royaume-Uni qui bafouait leurs droits, et ce, depuis la conquête en 1759, à la suite de la bataille des plaines d?Abraham. Je ne tiens pas à comparer le régime politique, économique et social que les Britanniques ont imposé aux Canadiens français avec le régime colonial impitoyable français en Algérie. Et pourtant des Algériens, des Maghrébins, ont traversé la Méditerranée pour aller verser leur sang pour un pays qui les considérait comme des sous-hommes sur leur propre sol. Et aujourd?hui, vous vous permettez, vous et certains de vos collègues, de dénoncer le voyage du président algérien en France en faisant l?amalgame entre la guerre d?Algérie et la Seconde Guerre mondiale, plus précisément le débarquement des troupes maghrébines dans le sud de la France. Vous devriez avoir honte de monter au créneau de la sorte, car vous appartenez ainsi que vos collègues à cette catégorie de Français qui ne tiennent pas à assumer le triste, le honteux, l?innommable passé colonial français en Algérie. J?ai vécu la guerre d?Algérie, seul élève algérien en classe de troisième au collège à Perrégaux (département d?Oran), en 1956, alors que mon père avait été interdit de séjour dans la ville puis déporté dans des camps, et que mes deux oncles maternels ont été humiliés et tués par des militaires français en présence de mon grand-père, que le corps de mon cousin germain gît quelque part dans la campagne algérienne. J?arrête là mon énumération macabre, et je vous passe les humiliations quotidiennes que faisaient subir les soudards et la soldatesque à la population algérienne. De grâce, taisez-vous ! Vous pouvez vous constituer un capital politique car il en faut un pour les prochaines élections législatives, mais choisissez une voie honnête. Ce n?est pas en agissant de la sorte que vous favoriserez la réconciliation franco-algérienne beaucoup plus nécessaire à la France, pour des raisons économiques, qu?à l?Algérie très courtisée par les Etats-Unis. Inutile de me ressortir le sort des harkis et celui des pieds-noirs. Une comptabilité macabre arrive à la conclusion que ce sont les Algériens qui ont subi le plus de pertes. Je ne remonte pas à la conquête pour établir ce compte. Je ne parle que de la guerre d?Algérie Je vous recommande la lecture de deux livres : La guerre d?Algérie de Mohammed Harbi et de Benjamin Stora ainsi que Le livre noir du colonialisme de Marc Ferro (grand historien). Ces deux ouvrages sont publiés chez Laffont.

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