Algérie - Revue de Presse


Hier, c?était trop beau. J?ai réussi le tour de force de me faire inviter par le président de la République lui-même, Abdelaziz Bouteflika. Grâce à un très lointain cousin masseur dans un hammam de Nédroma, j?ai eu le privilège de manger avec le personnage le plus important du pays. Etant conscient de cet honneur, j?ai mis mon plus beau costume, j?ai repeint mes qelbelouz et suis descendu à Djenane El Mithak en taxi. Après avoir vérifié que j?étais bien invité, le gardien en chef a tenu à ce que je me déchausse, le chef de la sécurité a ensuite tenu à fouiller mes qelbelouz et les a passés au scanner. Le chef du protocole m?a fait jurer sur l?honneur de ne pas parler des disparus, puis je suis entré, suivant le long couloir des visiteurs de marque. Sur une terrasse, outre une dizaine de snipers embusqués, des chiens bourrés d?explosifs et un vieux avec des jumelles qui scrutait la lune pour annoncer le jour de l?Aïd, tout semblait normal, comme dans un pays en paix. Puis le salon. Le Président était là, au bout d?une longue table, fier et digne comme un pilier antisismique, droit et rigide comme à chaque fois qu?il porte son gilet pare-balles. Le face-à-face fut empreint de cordialité selon l?APS, le Président ne m?ayant même pas demandé si j?avais voté Benflis et moi-même ne lui ayant même pas demandé des nouvelles de Benchicou ni du nouvel organigramme du DRS en cours de fabrication. A l?heure du f?tour, je n?ai pas réussi à manger, j?étais trop impressionné. Je suis resté à regarder le Président avaler sa chorba. Puis la cloche de la fin de récréation a sonné et le Président est parti en avion. En sortant, je n?avais plus faim. Je suis donc allé manger chez moi. La sécurité a refusé de me rendre ma boîte de qelbelouz. C?est la première fois depuis le début du Ramadhan, mais comme je me suis dit, elle m?a tenu un mois, autant la laisser.



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