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Les relations algéro-françaises relancées Hollande, Bouteflika et le 4e mandat



Les relations algéro-françaises relancées                                    Hollande, Bouteflika et le 4e mandat
S'il ne fallait qu'une onction de Paris pour décider le président Bouteflika à briguer un quatrième mandat en 2014, il peut d'ores et déjà se mettre sur la ligne de départ. François Hollande ne s'est pas privé de la lui apporter. Et de manière ostentatoire.
'On a un pacte, je fais son éloge, il fait mon éloge", a glissé le chef de l'Etat algérien à l'oreille de quelques journalistes privilégiés admis à une réception organisée à l'hôtel Marriott à Tlemcen. La confidence est rapportée par l'envoyé spécial de 'Paris-Match". Et selon 'Le Canard Enchaîné", François Hollande a escamoté un passage de son discours sur la Syrie, en apprenant qu'il risquait d'indisposer son homologue. Et l'onction du président socialiste fut d'autant plus facile à obtenir que le président Bouteflika a obtenu l'enrôlement du vieil opposant Hocine Aït-Ahmed, éternel pourfendeur du régime au sein de l'Internationale Socialiste (IS). Sur le Printemps arabe, il a endossé la thèse selon laquelle l'Algérie était restée à l'écart de cet élan révolutionnaire, l'ayant anticipé de plusieurs années. Ce n'est pas le moindre cadeau, ajouté à l'Accord bilatéral de 1968 que la droite s'était employée patiemment à modifier, et à la réalisation d'une usine Renault que la constructeur n'a jamais accepté d'ériger dans la région de Jijel où voulait le confiner Ahmed Ouyahia.
L'année 2012, celle du cinquantenaire de l'indépendance aura donc été celle de la réconciliation entre l'Algérie et la gauche française revenue au pouvoir grâce à François Hollande. Cette gauche qui avait donné à l'armée des pouvoirs spéciaux pour briser la révolution déclenchée lors de la Toussaint de 1954. Mais François Hollande l'a voulue comme celle d'une réconciliation plus générale entre les deux pays dont l'avenir commun est écrit, non dans le marbre d'un traité, mais dans le feu d'une déclaration d'amitié. Comme en amour.
Le voyage à Alger du 19 décembre a permis d'ouvrir une 'une nouvelle page", d'inaugurer 'un nouvel âge" des relations entre la France et l'Algérie. 'C'est utile pour la France et pour l'Algérie, nous sommes sortis des 50 ans qui avaient été les années de la difficulté entre la France et l'Algérie, compte tenu d'un passé lourd, de mémoires blessées", a dit le chef de l'Etat français qui a reconnu 'les souffrances que la colonisation a infligées au peuple algérien". François Hollande a évoqué la torture que les paras avaient institutionnalisée. 'Il était très important de dire que ce n'était pas nos valeurs qui, là, s'appliquaient". 'Il y avait un système d'exploitation", 'il y avait une condamnation à porter". 'Je fais ça, non pour une sorte de mortification, encore moins par repentance, mais pour que nous puissions nous tourner résolument vers l'avenir", a-t-il dit plus tard. Il n'est pas allé jusqu'à présenter des excuses. En réalité, la repentance n'a jamais été réclamée officiellement par les plus hautes autorités algériennes. Elle ressemblait plus à un refrain politique à destination de l'opinion nationale, chantée sur un seul ton par le FLN ou le ministère des Moudjahidine.
Au demeurant, François Hollande n'avait pas la tâche facile face à sa propre opinion dans un pays où les idées de l'extrême droite restent prégnantes. Sans surprise, ses propos sur la colonisation, 'système profondément injuste et brutal", ont soulevé l'ire de la droite et de l'extrême droite françaises mais aussi de la frange gauche de sa majorité. L'ancien ministre UMP Gérard Longuet, l'auteur de l'injurieux bras d'honneur, a jugé 'parfaitement inutile" de vouloir traiter ainsi d'un 'sujet aussi complexe que l'aventure coloniale française". Pour le député UMP Jacques Myard, le président Hollande 'est tombé dans le piège de la réécriture de l'histoire".
Quant à Marine Le Pen, la présidente du Front national, elle a vu dans ces propos une 'salissure de la France par son propre président (...) indigne de sa fonction".
À gauche aussi, et pour des raisons diamétralement opposées, François Hollande a déçu, sinon indigné. À la une, le quotidien 'Libération", qui avait pourtant apporté un soutien assumé à sa candidature présidentielle, a fustigé un 'rendez-vous manqué" avec l'Algérie. 'La colonisation fut bien pire que brutale et injuste", a dénoncé son éditorial. Quant à la guerre d'Algérie, elle fut, selon 'Libération", 'scélérate, faite de massacres, tortures et crimes contre l'humanité". Prenant les devants à la veille de la visite d'Etat du président de la République en Algérie, le PCF l'avait exhorté à 'reconnaître enfin la réalité du colonialisme et des crimes d'Etat".
Paradoxalement, il y eut plus d'enthousiasme à Alger, lieu de naissance de l'expression 'président normal".
A. O.
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