Algérie - Revue de Presse

Les présupposés d?un accord algéro-français de sécurité et de défense


Faut-il rappeler à tous les analystes, petits et grands des deux côtés de la Méditerranée et d?ailleurs, que les problèmes de sécurité et de défense passent obligatoirement par une étude, la plus fine possible, des menaces passées, présentes et futures, des alliances régionales et internationales et enfin le plus important, par l?adhésion totale et/ou partielle des populations concernées. En d?autres termes, le « commerce de l?armement » n?est que la conséquence finale et en bout de chaîne d?une série de décisions stratégiques qui doivent être prises auparavant. D?autant que l?Algérie a, depuis longtemps déjà, acquis un certain type d?armements pour son corps de bataille (en particulier de l?ex-bloc de l?Est et de la Chine) dans différentes armes (aviation, blindés, artillerie, défenses aérienne et navale...) avec tout ce que cela implique en matière de formation, de maintenance et d?exercices opérationnels... Pour ses services de sécurité, elle a organisé l?autonomie de ses réseaux et des relations ponctuelles avec ses partenaires. Cela signifie que tous les changements stratégiques justifiés nécessitent une très longue période de transition qui ne peut s?opérer que dans le cadre d?une nouvelle alliance régionale et/ou internationale mûrement réfléchie. Ceux qui réduisent les relations algéro-françaises, en matière de sécurité et de défense, à la livraison, par cette dernière, de sa « quincaillerie militaire et autres gadgets » exposés dans tous les salons et dans toutes les foires spécialisées dans le domaine, sont des « apprentis sorciers » qui devraient très vite changer de métier et/ou de domaine de réflexion. La théorie des « poupées russes » nous indique que la sécurité des uns passe par celle des autres depuis des siècles et des siècles, d?où le jeu subtil des alliances et autres partenariats qui d?ailleurs, sitôt signés, deviennent caducs et en nécessitent d?autres. A ce jeu machiavélique, l?histoire de l?humanité nous enseigne d?innombrables leçons. L?après-11 septembre a mis en évidence ce que l?Algérie criait haut et fort, seule pendant plus d?une décennie, durant laquelle elle conjuguait au quotidien le sang, les cendres et les larmes : nul n?est épargné par le terrorisme et aucune négociation n?est possible avec lui. Durant une décennie, tous les pays sans exception, qu?ils soient dans la région ou éloignés, nous conseillaient de négocier avec le terrorisme, afin, nous disaient-ils, « d?élargir la base démocratique de l?Algérie »... Certains les hébergeaient, d?autres les soutenaient de multiples façons (informations, armement, argent, médicaments...) et enfin, les derniers les formaient, les entraînaient, les envoyaient en opérations dans d?autres pays (Afghanistan, Tchétchénie, ex-Yougoslavie...) pour enfin nous les renvoyer plus féroces et aguerris. L?Algérie devra certainement pardonner un jour mais surtout ne jamais oublier ces années de braises et tous ceux qui les ont directement ou indirectement attisées. Maintenant que le terrorisme frappe tous les pays sans distinction, y compris ceux qui l?ont nourri, la communauté internationale s?accorde à dire que le terrorisme est un fléau mondial et qu?il faut l?éradiquer en rassemblant les efforts de tous les pays sans aucune exception. Dès lors, la coopération en la matière est à l?ordre du jour de toutes les réunions mondiales, notamment après les attentats qui ont frappé la Tunisie, le Maroc et enfin l?Espagne. A qui le tour ? Même le Royaume-Uni, qui a habilement négocié un modus vivendi avec le terrorisme international au nom « du droit d?expression »(1), pour préserver son territoire et ses intérêts égoïstes, connaîtra, à n?en pas douter, le même sort de ceux qui ont louvoyé avec ce fléau des temps modernes. Il n?y a aucun doute que l?Algérie est ouverte à toutes discussions sur la coopération en matière de sécurité et de défense, dans la région ou au niveau international. Les dernières man?uvres conjointes avec des unités de l?OTAN, entre autres, sont des preuves irréfutables. Mais les conditions de participation à un élan commun de construction d?un dispositif de sécurité et de défense en Méditerranée occidentale doivent être clairement affichées et prendre en charge les besoins de tous les partenaires associés dans cette action. A l?évidence, les besoins des uns et des autres ne sont pas les mêmes et leur hiérarchisation différemment appréciée. La bonne foi, jusqu?à preuve du contraire, est de rigueur dans ce genre d?entreprise (théorie de l?entonnoir), bien que chacun ait ses propres arrière-pensées légitimes, dans la mesure où un minimum à négocier est garanti, accepté et respecté. Aussi est-il souhaitable de construire cet édifice, combien important pour la région, par des fondations solides, c?est-à-dire par le règlement des questions préalables. A titre d?exemple, nous pouvons nous demander si l?Algérie représente une menace pour la France et ses intérêts dans le monde, notamment ceux de sa profondeur stratégique en Afrique subsaharienne ? La réciproque est-elle validée ? Les communautés d?intérêts croisés sont-elles un facteur de réconciliation et de consolidation ou bien sont-elles des foyers de tensions renouvelées ? Que doit mettre chacun des partenaires dans la corbeille du partenariat, appelé « traité d?amitié » ? La liste est longue et les questionnements plus intéressants les uns que les autres... Il faut donc mettre en ?uvre la dynamique de dissipation des malentendus et éviter de commencer cet édifice en allant faire des « emplettes d?armes », si l?on souhaite vraiment être pris au sérieux et faire montre d?une volonté politique réelle de construire ensemble ce dispositif. Dans ce domaine plus qu?ailleurs, l?Algérie doit conserver toutes ses chances intactes, pour assurer à son peuple et à la région la sécurité et la stabilité, synonyme de paix et de prospérité partagée, car elle sait, plus que toutes autres nations, ce que signifie la guerre subversive. Elle en a payé le prix fort. (1) Les Anglais ont toujours confondu sciemment le « droit d?expression » et le « droit d?appel au meurtre » du côté de Hyde Park Corner.
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