Algérie - Revue de Presse

Les patrons appréhendent la rentrée sociale


Le FCE alerte le gouvernement Le Forum des chefs d?entreprise (FCE) vient d?alerter le gouvernement sur la gravité de la conjoncture socioéconomique que traverse ces jours-ci le pays, particulièrement à la veille de la rentrée sociale, avons-nous appris hier auprès de cette organisation patronale. Les récentes flambées des prix qu?enregistrent pratiquement tous les produits, à l?exception du lait et du pain qui bénéficient d?un cadre réglementaire fixant les prix de vente, ont amené ladite association à prendre les devants avant que la situation n?empire. De l?aveu d?un patron, Réda Hamiani en l?occurrence, le front social renvoie des signes inquiétants présageant une rentrée sociale « chaude ». Dans une lettre adressée au chef du gouvernement, le président du FCE, Réda Hamiani, propose le concours de son association pour trouver des solutions. Outre l?expérience de ses industriels adhérents, le forum met à la disposition de l?Exécutif son expertise. Pour ce faire, le FCE souhaite la tenue dans les plus brefs délais de plusieurs réunions de travail avec le gouvernement. Il s?agit, note notre interlocuteur, de « trouver une politique appropriée pour endiguer la crise ». Ce regroupement d?industriels, qui ne fait pas accompagner sa correspondance d?un rapport d?analyse, résume néanmoins les leviers susceptibles d?être actionnés par le gouvernement. Aussi réduite soit la marge de man?uvre du pouvoir exécutif dans une économie de marché, il existe des outils. Pour M. Hamiani, ils sont au nombre de quatre. Les deux premiers d?ordre fiscal en agissant sur les tarifs douaniers et la fiscalité ordinaire. La troisième voie est monétaire et la dernière d?ordre comportemental. Ainsi, à l?instar de ce qui a été proposé pour le dossier de la pomme de terre, le FCE plaide pour une réflexion sur l?allégement, voire la suppression (momentanée ou définitive) des tarifs douaniers sur les matières premières. Ceux-ci se situent à 30%. Idem pour la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de 17% sur laquelle le gouvernement pourrait agir. « Fiscalement, soutient le premier responsable du FCE, il est possible de récupérer 47% sur le prix de revient. » Ceci étant, en dehors d?une loi de finances (ordinaire ou complémentaire), il est impossible au gouvernement de procéder à un quelconque réajustement fiscal. Récemment publiée, la loi de finances complémentaire 2007, pourtant rédigée en pleine reprise de l?inflation, n?a pas anticipé sur un tel scénario. Sans amoindrir des capacités analytiques de l?administration économique, le président du FCE dira qu?il est difficile de prévoir des situations pareilles. « Ils n?ont pas pu mesurer l?ampleur et la durée de la crise », a-t-il tenté d?expliquer. Contre la politique des « subventions » Sur le plan monétaire, notre interlocuteur n?exclut pas de son canevas de solutions le rôle que pourrait jouer la Banque d?Algérie en revalorisant le dinar. Tout en reconnaissant la « sagesse » de la politique de la Banque centrale qui a permis ces dernières années de stabiliser les fluctuations du dinar dans une fourchette réduite, le forum n?y voit pas d?inconvénients à ce que cette « sacro-sainte règle » soit « transgressée ». En redonnant de la valeur à la monnaie nationale, les importations seraient moins coûteuses et le citoyen retrouverait du pouvoir d?achat, explique encore Hamiani pour qui l?« inflation actuelle est de type importée ». « Nous sommes en quelque sorte en train de payer le baril cher sur le marché mondial », schématise cet industriel avant de relever le caractère préjudiciable de la structure actuelle des échanges commerciaux extérieurs de notre pays. « CONSOMMER NATIONAL » L?Algérie, qui encaisse 98% de ses recettes en dollars US et règle en euros environ 60% de ses achats, subit d?importantes pertes sèches par le seul effet de la parité euro/dollar, explique-t-il. Actuellement, le différentiel de valeur entre le billet vert et la monnaie unique européenne est de 30% en faveur du dollar US. Une situation qui fait dire à Hamiani la possibilité de réorienter le flux des importations vers les zones dollar. Il incitera les importateurs à aller dans ce sens. Ceci étant, le plus préconisé par Hamiani est de voir le niveau de l?offre nationale augmenter. C?est dans cet esprit que le forum compte reprendre incessamment sa campagne « Consommons national ». « Le gouvernement, ajoute le président du FCE, a été très réactif à notre proposition de soutenir la nouvelle campagne, notamment à travers les médias lourds tels que la télévision. » Sur un plan purement comportemental, le patron des patrons lance un appel aux commerçants pour qu?ils adoptent une attitude « citoyenne » et ce, en « comprimant les marges bénéficiaires ». Du moins durant cette période délicate, espère Hamiani qui compte sur l?adhésion de l?union des commerçants. Dans une autre déclaration à l?APS, Réda Hamiani a évoqué comme « ultime recours » une nouvelle augmentation du SNMG. Il signalera le risque inflationniste d?une revalorisation du salaire minimum, actuellement fixé à 12 000 DA. Par ailleurs, le président du FCE désapprouve la politique des « subventions » tel que cela est de mode à chaque apparition de crise. Le FCE considère que les subventions « brouillent les cartes dans la concurrence », alors que le plus approprié serait de laisser agir les mécanismes de régulation propres au marché. « Par moments, c?est bien que l?Etat subventionne, mais ce n?est pas sain pour l?économie », résume Réda Hamiani. Alors que l?Exécutif n?a pas encore répondu à l?offre de service du forum, des contacts sont noués avec l?ensemble des autres organisations patronales afin qu?une rencontre puisse avoir lieu au début du mois de septembre. Tout en conservant leurs indépendances organiques, le FCE aspire à créer un espace de concertation régulier (mensuel) qui débattra notamment de l?inflation actuelle.


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