Algérie - Revue de Presse



Dans un entretien, Ali Meziane, avocat d?El Khalifa Bank, a développé un concept intéressant pour qualifier tous les acteurs qui ne sont pas présents au procès. Il les nomme « les invisibles », par opposition à tous ceux qui trop visibles, agents, caissiers et guichetiers inculpés qui vont payer parce que justement, l?opinion publique, la juge et le procureur ne voient qu?eux. Les invisibles, du nom de cette caste éthérée qui évolue dans un monde invisible où tout semble permis, y compris de rendre définitivement invisibles les visibles qui les gênent trop, ne seraient pas nombreux, les problèmes de parking et de logement, semble-t-il, se poseraient aussi dans ce monde parallèle. Mais les invisibles auraient surtout cette faculté de s?être dématérialisés et d?avoir dépassé la présence physique tout en possédant un puissant pouvoir sur le monde visible. Les invisibles existent-ils ou ne sont-ils qu?un fantasme collectif ? Sont-ils faits de chair, d?os ou de sang des victimes permanentes ? Sont-ils des photons, des électrons libres ou de simples esprits, hologrammes ou ectoplasmes de personnes publiques bien visibles ? Mangent-ils de l?air, de l?ombre, de la transparence ou juste du patrimoine immatériel, eux qui adorent le matériel ? Se reproduisent-ils à l?abri de la lumière ? L?enfant d?un invisible marié à une visible est-il invisible ? Toutes ces questions n?ont hélas pas beaucoup de réponses et en attendant la mise en place d?une brigade anti-invisibles chargée d?asperger de peinture bleue les sphères du pouvoir afin que les invisibles se voient, il reste à méditer cette définition de l?art, par le peintre Paul Klee : « L?art consiste à rendre visible le monde invisible ». A partir de là, on peut dire que le procès Khalifa manque cruellement d?art et toutes les larmes de la juge Brahimi n?y feront rien. Parce qu?une larme est trop visible.

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