Algérie - A la une

Les « injonctionnés », la vénérable moudjahida et les biscuits de la mort qui tue !




- C'est quoi tous ces fourgons blancs '
- Les leaders des partis de l'Alliance carcérale !
- '
Oui ! Je sais que je suis un compulsif ! Sans même m'en rendre compte, et après avoir pris ma dose d'images de fourgons quittant le pénitencier d'El-Harrach pour se diriger vers la Cour suprême, ou quittant cette même prison pour le tribunal Sidi-M'hamed ou quittant ? enfin ! Lorsque j'ai eu plus que ma dose du ballet des fourgons blancs et des limousines aux vitres opaques de corruption, mes pas m'ont mené vers un placard-grenier où je range le CARTON. Ah ! Le carton ! Un carton vraiment en carton ! Banal, même. Un carton ayant servi à l'origine à livrer une marque de biscuits algériens délicieux portant le doux nom d'une ville antique de l'ouest immédiat d'Alger. Et toujours sans franchement en avoir conscience, je me suis retrouvé à exhumer de ce carton toutes les convocations m'«injonctionnant» ces vingt dernières années de me rendre au commissariat ou au tribunal ou aux deux dans la même journée, parfois à la même heure, mais pour des affaires différentes. J'ai aussi sorti des clichés de nos arrestations auxquelles ont dû procéder les hommes de la police, eux aussi «injonctionnés» de nous choper dans les locaux même du Soir d'Algérie. Nous étions une bande de quatre, parfois cinq, à être ainsi raflés presque quotidiennement et conduits chez le commissaire et le juge. Mon dieu ! Sur certaines photos, nous souriions, même ! Ah ! Là, ce sont les quittances et reçus des impôts. Ils nous «injonctionnent» de payer des sommes faramineuses aux services du recouvrement afin de régler les amendes infligées par les juges indépendants. Tiens ! Là, il s'agit d'un document d'un autre type. Une cassette. Si ! Si ! Une bonne vieille cassette audio de marque BASF sur laquelle on entend bien distinctement une ancienne moudjahida, une grande et immense moudjahida, aujourd'hui en «pointe» de l'opposition au régime, qui pétitionne et envoie des lettres aux dirigeants pour réclamer la libération des détenus d'opinion et qui prononce distinctement, au micro de la cons'ur qui l'interviewe, cette phrase terrible. Terrible pour elle, aujourd'hui, avec du recul hirakiste : «Mais que fait encore à la Chaîne 3 cet insolent chroniqueur qui insulte notre cher Président quotidiennement en page 24 des journaux dits indépendants ' » Mon dieu ma manie compulsive ! Mais qu'importe la vénérable dame. Elle ne m'intéresse déjà plus, tant son passé a vécu. Pas elle ! Non ! En fouillant et fouillant encore dans ce fameux carton, j'en ressors avec cette seule certitude : moi et les autres, les autres et moi avons été traînés des années durant devant les flics et les juges pour avoir juste dit « ce régime est corrompu, nous mal-gouverne et pille les richesses du pays». Pour l'avoir dit dès 1999, nous avons été punis pour ce «crime de lèse-majesté». Et, ironie de l'histoire, nous avons été amnistiés en 1996. Dans la même liste d'amnistiés sur laquelle figurait ? Madani Mezrag ! Mon Dieu ! Vite ! Vite ! Vite ! Je range ma boîte dans le placard-grenier. De ce genre d' « histoires », finalement, il ne faut garder que le goût délicieux, incomparable de ces biscuits algériens fabriqués dans cette petite bourgade côtière située à 70 kilomètres à l'ouest d'Alger. Et fumer du thé pour rester éveillé au cauchemar qui continue.
H. L.

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