Les habitants s'insurgent contre leur marginalisation

Pour se faire entendre des autorités, les habitants des localités isolées ont eu recours à la fermeture d'un axe routier important. Les manifestants réclament la venue du wali de Skikda sur place.Les habitants de Siouane (commune d'Ouled Attia), qui ont barré, dimanche, le CW 132 au niveau de la bifurcation du col de Tarras, n'ont pas levé le barrage au lendemain du lancement de cette contestation sociale pour dénoncer leur marginalisation par les autorités locales. Les manifestants sont restés sur place durant la nuit de dimanche à hier, paralysant totalement la circulation automobile au niveau des quatre chemins de cet important carrefour dans le massif de Collo. Les habitants des localités de la daïra d'Ouled Attia se retrouvent donc isolés et n'ont d'autres solutions que de transiter par la région d'El-Milia (wilaya de Jijel), soit une soixantaine de kilomètres de plus pour regagner les villes de Collo, Skikda, Constantine, Annaba et autres.
Les habitants de la commune de Kanouaâ, au nord du massif, n'ont qu'à faire un petit détour via le site touristique de Tamanart (commune de Chéraïa) pour contourner ce barrage. Cependant, les habitants de Siouane peuvent aisément vaquer à leurs occupations sans problèmes en empruntant la route via la commune de Béni Zid. Ces habitants en colère ne veulent rien entendre, sauf la présence du wali en personne pour lui exposer leurs préoccupations qui sont essentiellement des revendications pour une meilleure prise en charge du développement local, tous secteurs confondus.
Les manifestants ont présenté en effet une plateforme de revendications essentiellement socioéconomiques en 10 points. Ils réclament entre autres le gaz de ville, le renforcement du transport scolaire, car le seul bus dépêché du chef-lieu reste insuffisant pour les élèves du moyen et du secondaire et aussi un renforcement de la salle de soins en infirmiers. En outre, ils réclament l'aménagement urbain des cités et le revêtement de la route principale et des routes secondaires.
La réhabilitation des réseaux de l'eau potable et de l'assainissement et revendique même un camion de ramassage des ordures. Selon des contestataires, le ramassage des ordures s'effectue une seule fois par semaine et le camion est dépêché du chef-lieu de la commune ainsi que des agents de nettoyage permanents en "puisant du surplus d'effectif concentré au chef-lieu", nous diront des manifestants. Toujours selon des indiscrétions, les postes d'emploi seraient toujours attribués aux habitants du chef-lieu de la commune et des localités environnantes.
Ils revendiquent alors des postes d'emploi aux jeunes de cette localité qui est considérée comme marginalisée par les autorités locales. Ils revendiquent aussi la réouverture du bureau de poste qui est fermé depuis la décennie noire. À signaler que ce même jour, un bureau postal a été ouvert à Laouinet dans cette même commune, ce qui irrite ces habitants, vu que leur localité est la plus éloignée et est aussi considérée comme la plus peuplée après le chef-lieu de commune.
Les manifestants réclament aussi des espaces d'évasion et de loisirs comme le revêtement en tartan du terrain de football qui est en tuf, une maison de jeunes et des structures de proximité. Cette bourgade de 3000 habitants, située au mont d'El-Goufi, à plus de 1000 m d'altitude, est effectivement déshéritée comme d'ailleurs la majorité des localités du massif de Collo.
Durant l'hiver, cette bourgade est généralement isolée du monde surtout lorsqu'il neige. Il leur arrive de rester isolé par la neige pendant une semaine. Ils considèrent qu'ils devraient être prioritaires pour l'alimentation en gaz de ville, vu le climat glacial durant l'hiver. Ils voient aussi d'un mauvais ?il que leurs jeunes soient ignorés pour les postes d'emploi attribués par l'APC, même pour des agents de nettoyage.

A. Boukarine