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Les Baltaguia sont-ils dans nos stades '



Il est intéressant aujourd'hui de s'interroger sur le pertinent rôle des clubs, des supporters et des chercheurs dans le domaine de la lutte contre la violence dans les stades.Le «hooliganisme» diffère largement du «supporterisme», dans le sens où ce dernier est un moyen d'expression, de protestation, exprimé chez les jeunes comme un désir de paraître, d'exister et d'être reconnus au sein d'une société dont ils se sentent en fait plutôt exclus. Cette idée que se font les supporters prend l'âge, et les actions menées pour freiner ce fléau sont souvent dénoncées. Aller au stade est devenu un défi à relever. La preuve : ce sont ces terribles images que rapportent les médias où les supporters de l'équipe locale NC Magra ont provoqué un énorme envahissement de terrain, suivi d'agressions physiques contre toutes les personnes présentes sur le terrain de jeu. Des images qui entachent l'image du sport montrent comment la violence se muscle et s'impose en tant que telle. A Magra par exemple, l'acte serait, selon quelques observateurs, signé par des Baltiguia, une nouvelle marque naissante. Dans un ouvrage récent, Evelyne Pewzner note que «le monde d'aujourd'hui n'est probablement pas plus violent que le monde d'hier, mais sans doute l'est-il autrement. La violence sur les personnes, sur les biens, les expressions publiques ou privées de la violence, les injures racistes, les incivilités, les agressions verbales ou gestuelles, et l'on pourrait prolonger». Dans un autre volet, il y aurait, selon quelques observateurs, des acteurs, ou architectes de ces actions qui rentrent dans le cadre du Hirak pour recruter des jeunes pour 1 000 DA qui auraient pour mission de s'infiltrer et provoquer les différents supporters des différents clubs au niveau des gradins et pour s'élargir ensuite sur le terrain. Une stratégie pour s'approprier une identité mafieuse, démolir un mode de vie, une appartenance, une identité collective face aux autres (supporters d'autres clubs ou en réaction à la société elle-même avec ses institutions et ses pouvoirs publics). Les auteurs de cette violence à l'image de ses réalisations, qui transforment nos stades en arène ne sont pas prêts à lâcher les commandes. Les violentes scènes qui défilent lors des rencontres de football, ne sont pas gratuites et ne peuvent l'être. Selon des divers avis elles s'inscrivent en droite ligne dans le cadre de l'actualité qui anime le pays. Les auteurs agiraient selon une feuille de route, tracée par des classes hostiles au développement et surtout à l'organisation, voire à la stabilité du football national. «Commet expliquer, au moment où toute la nation est dans les rues du pays sous un même emblème, avec un même objectif et une même tonalité, des voyous s'élancent contre des supporters...», s'interroge un docteur généraliste. Un peu plus loin, c'est un ancien gardien de but du CR Belouizdad qui nous livre ses impressions : «Je suis, personnellement, convaincu que c'est une bande hostile au développement de notre sport qui embobinent nos enfants et ne peuvent qu'êtres les Baltalguia, ceux là même qui ne ratent aucune occasion pour semer la peur dans nos stades et s'attaquer aux supporters, aux policiers, aux dirigeants et aux biens publics... Je suis convaincu que cela ferait partie de ce qui se passe dans les marches, ils infiltrent et diffusent des informations pour diviser ou semer la zizanie». Même son de cloche chez ce chauffeur de taxi : «Oui, ce sont ces Baltalguia qui veulent semer la peur et la division au sein de nos familles. Ils veulent tout raser, tout briser, tout détruire, ils sont comme cette mafia, c'est plutôt une mafia, qui est omniprésente dans tous les circuits socio-économiques du pays. Allah Yastar». Enfin, en janvier 2019, la DGSN a communiqué des chiffres des services de l'ordre qui ont arrêté «726 personnes dont 82 mineurs, alors que 198 individus ont été présentés devant la justice». «Les actes de violence ont engendré une situation de malaise et porté atteinte à l'ordre public dans certains cas ainsi que la destruction de biens publics et privés. Nous avons également enregistré 65 véhicules endommagés dont 52 appartenant aux services de la Sûreté nationale. Au total, 210 207 policiers ont été mobilisés pour assurer la sécurité de 927 rencontres dans le cadre des championnats de Ligues 1 et 2 ainsi que les matches de division amateur, Coupe d'Algérie et rencontres internationales ayant connu la présence de 2 218 502 supporters», a conclu le responsable de la DGSN. On commence à deviner aujourd'hui que ce sont nos jeunes naïfs, qui sont embobinés par des classes hostiles. Aujourd'hui, la leçon est très bien enseignée et très bien apprise, à la fois par ceux qui tenteront demain de revenir à la charge sur les espaces sportifs pour poursuivre leur macabre mission de voyou. Ces problèmes brûlants, discutés, controversés dans les rangs de la jeunesse, ne sont pas des débats de salon. Le chef d'état-major de l'ANP a esquissé cette question dans sa dernière intervention de ce mardi, depuis Ouargla en faisant allusion directement aux «parties hostiles» qui tentent d'introduire des «éléments perturbateurs» (l'opposition a parlé de Baltaguia, des soupçons se tournent aujourd'hui vers les milieux délinquants du football). On ose aujourd'hui brûler le rideau et laisser apparaître cette partie hostile qui voudrait que les terrains de football se transforment en des espaces de luttes de déchirement et de tiraillement jusqu'à rendre les stades en arènes où les joueurs «descendent» pour des combats. Que fera l'actuel Fédération algérienne de football dès la rentrée de la prochaine saison footballistique ' Ira-t-elle vers le front pour organiser ce sport afin de mettre des barrières et oser dénoncer les parties hostiles à ce football ' Osera-t-elle, en dehors des communiqués et des déclarations, à franchir cette barrière qui sépare la théorie de la pratique ' Osera-t-elle dire qui sont-ils ceux qui font brûler ce sport ' Le chemin est long à parcourir, mais le football a compris que son avenir est entre les propres mains de la FAF, de celle qui le gère.



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