Alger - Revue de Presse

LE NEW MANAGEMENT RÉGENTE L’ENTREPRISE DU FUTUR La RH au cœur de la transition technologique


Publié par le quotidien Le Soir d’Algérie le 10.09.2020
Par Ikram Eddine Haichour(*)
Mon expérience modeste dans la gestion des ressources humaines dans l’entreprise me paraît être l’occasion pour exprimer une approche managériale qui concorde avec l’évolution rapide de la technologie et l’arrivée massive de l’intelligence artificielle. Celle-ci a perturbé le système social de l’entreprise. Et pourtant cette dernière doit impérativement faire appel aux nouvelles technologies pour rester dans l’air du temps et faire face à la force concurrentielle.
Tous ceux qui ont étudié le fordisme savent que les travailleurs dans une entreprise peuvent apporter une vision réaliste dans la chaîne de montage dans une ambiance participative au profit et à l’acquisition de leurs droits sociaux. Pour donner goût au travail en cette époque, la culture de l’entreprise, le «lean management», Toyota japonais a réussi de ne plus sur-stocker le produit fini. C’était le nouvel esprit de ce temps.
Sans rentrer dans les aspects techniques, la question qui se pose, c’est comment séduire et convaincre le travailleur sans que celui-ci soit aliéné à la manière du taylorisme où il se sent déresponsabilisé. Il faut donc mieux payer le travailleur grâce aux gains de productivité. D’ailleurs, Henry Ford le dit : «Je paye bien mes ouvriers pour qu’ils puissent acheter mes voitures.»
Alors que nous continuons à vivre la Covid-19 face à cette crise sanitaire, comment les managers entendent gérer la fonction RH pour redémarrer et devoir rapidement s’adapter à une récession économique semblable à l’entre-deux-guerres.
Changement des paradigmes et retour à la normalité
Celle-ci nécessite des changements de paradigmes dans les nouveaux rapports au travail. C’est donc à ces nouveaux enjeux qu’il faut se préparer. Comment alors développer ce new management en tenant compte des compétences à l’échelle à travers des leviers de flexibilité. Comme le dira Michaël Montaner :
«Le confinement, le télétravail généralisé et le chômage partiel ont des impacts inouïs sur les équipes. Aucun manager n’a été préparé à cette situation. À l’ère numérique et de la distanciation, l’implication et la proximité des managers avec leurs équipes sont tout aussi vitales que la reprise des activités.» Comment la digitalisation peut soutenir les RH en ces temps de crise ?
Le challenge consiste, à terme, d’adapter l’organisation dans une nouvelle normalité. Pour tout dire, cette crise sanitaire est une crise économique qui a mis l’économie au ralenti. Il faut parler vrai, c’est-à-dire être transparent. Écouter, comprendre et répondre aux attentes des travailleurs. La définition des nouvelles pratiques managériales passe par l’incarnation d’un leadership prônant le dialogue et la résilience.
Ce retour à la normale, nous avons vu comment les entreprises communiquent par visioconférence, par mail ou par vidéo qui ont été efficaces pour maintenir un lien entre employés et dirigeants. Il y a eu même à distance comme le travail à domicile pour parer à cette situation de crise. Comment aussi les parents ont eu à s’occuper de leurs enfants en parallèle, préoccupation du responsable des RH ? C’est un véritable défi du point de vue technologique si le taux de connectivité le permet, c’est-à-dire si le débit de l’internet ne fait pas défaut. D’une manière générale, les nouvelles technologies transforment les métiers, les manières de collaborer mais également de communiquer.
Elles ont pour but de faciliter la vie des collaborateurs mais aussi de produire une quantité d’informations beaucoup plus fiables.
En d’autres termes, elles ont pour but d’apporter des solutions et de la facilité, toutes les entreprises doivent être dotées d’innovations digitales pour rester concurrentielles, aussi ces dernières doivent être conformes aux attentes des salariés. Signalons, tout de même, que pour certains, elles génèrent du stress.
Par ailleurs, si on se fie au rapport de Dell et de «l’Institut pour le futur», 85% des employés qui existeront en 2030 n’existent pas encore aujourd’hui. D’autres rapports nous informent aussi que plus de 80% des tâches effectuées aujourd’hui par l’homme dans plusieurs domaines, comme par exemple la comptabilité ou le juridique, pourraient être assurées par des machines avec plus d’efficacité et de rentabilité.
Le nouveau rôle du responsable RH
Actuellement, pour faire face à tous ces bouleversements, une innovation managériale et sociale est plus que nécessaire. Selon Harvard Business Review, il existe un déficit global de lien social en entreprise.
Il devient urgent que les responsables RH le prennent en compte s’ils ne veulent pas être totalement déconnectés de leurs collaborateurs. La ressource humaine est la première ligne pour intégrer les transformations engendrées par les nouvelles technologies.
À cet effet, le responsable RH doit comprendre les enjeux et anticiper les changements en contribuant à la création d’un environnement qui facilitera la cohabitation entre ces technologies et les travailleurs.
Pour cela, la RH doit être placée au cœur de la transition technologique et faire preuve d’écoute pour anticiper les craintes identifiées, liées à la peur du changement observée fréquemment dans le cadre des transitions organisationnelles.
Tout ça pour garder le salarié motivé et investi dans son milieu de travail. Donc le responsable RH doit adopter la technologie et assurer la fusion avec le capital humain, afin de permettre une meilleure croissance de la performance de ce dernier.
Le capital humain est la richesse pérenne
L’entreprise d’aujourd’hui se voit obligée de revoir sa politique RH, en rendant au salarié ses lettres de noblesse.
Le mettre en première position dans sa liste de priorités contribue à éliminer tout type de cloisonnement et éviter la prise de décision pyramidale en favorisant la décentralisation et la fluidité de l’information. Pour cela, le responsable RH doit prendre le rôle de développeur de talent, aide et veille à l’insertion professionnelle des salariés, car, selon Thévenet, un talent ne peut fructifier sans être cultivé.
Pour conclure, il faut adapter la richesse humaine à la nouvelle version de l’entreprise, et ce, en adoptant une nouvelle démarche qui permettra au responsable RH, en premier lieu, et à l’entreprise, en particulier, de mener à bien sa mission principale qui est de placer l’intérêt commun au-dessus de l’intérêt personnel.
La RH doit sortir du système clos de la bureaucratie
Les managers de proximité ont un rôle majeur à jouer. Leurs missions ne se résument plus à faire appliquer les directives du N+1 mais dorénavant à anticiper et à être à l’écoute de leurs collaborateurs, afin d’établir un environnement favorable à l’exécution de la vision stratégique de la direction.
L’ère de la domination par le moyen de la direction administrative (la bureaucratie), selon Max Weber, est révolue puisqu’il ne fait que favoriser l’absentéisme, le turnover et provoque des conflits avec les représentants des travailleurs en donnant naissance à des multiples conflits sociaux où l’entreprise submergerait dans un système clos.
C’est à ce moment-là où entre en jeu le new management avec toutes ses approches en démocratisant l’information et bousculant le fonctionnement traditionnel.
Le new manager doit impérativement aujourd’hui être capable de comprendre l’ensemble des paramètres qui ont un impact sur sa performance et celles de ses collaborateurs, notamment l’appréhension des facteurs socioéconomiques influençant à moyen et à long terme le devenir de l’entreprise.
En rédigeant cet article, deux citations viennent à mon esprit, celles du Pr Hector Ormando, professeur à Emlyon Business School :
• «Le potentiel d’une équipe est supérieur au potentiel de chacun de ses membres.»
• «Le manager n’est pas celui qui parle, c’est celui qui sait écouter.»
Le bien-être est à ce prix
Pour terminer, l’entreprise doit voir sa ressource humaine comme une richesse à préserver, à favoriser la dynamique collective attribuant au manager le rôle de facilitateur qui veille à la mise en place des conditions nécessaires pour que ses collaborateurs travaillent dans un climat favorable à la collaboration.
Car le bien-être au travail, c’est la condition sine qua non de la performance. Passer du verbe diriger à celui d’animer rend le manager chef d’orchestre.
Il régule, dynamise les énergies collectives, des qualités plus élevées de celles qui, autrefois, se résumaient en la capacité de donner des instructions.
Le new manager doit être doté d’un esprit ouvert avec une capacité d’écoute supérieure avec une vision large pour mieux appréhender les problèmes et détecter les signaux d’alerte afin d’adapter les outils à la situation du terrain.
I. H.
(*) Licence en management à HEC Alger (ex-INC), cadre ressources humaines. MBA en management et direction des entreprises.
Bibliographies :
1- Emlyon Business School/ Professeur Hector Ormando,
www.manager.com.
2- Mémoire online/les écoles traditionnelles de la théorie des organisations.
3- Giuseppe Zara, ESGRH N°85, mai 2018.




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