Algérie - 01- Indépendance

Le FLN à l’été 1962 : le pourquoi d’une crise




 A) Le FLN ou la difficulté de construire un parti

Le FLN est né de la grave crise qui avait provoqué la fin du PPA/MTLD. Sa naissance dans ces conditions particulières avait déterminé son évolution tout au long de la guerre de libération. De 1954 à l’automne 1955(1), les maquisards de l’ALN ont dû s’organiser de manière autonome dans le cadre de leurs cinq zones respectives. La dispersion des neuf dirigeants historiques entre l’Algérie, le Maroc et l’Egypte avait privé le FLN, pendant cette période, d’une direction et d’une organisation politique nationales. L’avènement de Abane à la tête du FLN avait permis au Front de libération de se doter des institutions militaires et politiques qui lui faisaient cruellement défaut. Abane, tant qu’il activait en Algérie, avait réussi à faire du FLN une organisation politique jacobine où le national et la primauté du politique sur le militaire primaient. Toutefois, sa gestion autoritaire du pouvoir et son audace politique ont fait échouer son projet de rénovation du FLN. En marginalisant Ben Bella, Boudiaf et les autres chefs historiques du FLN (Aït Ahmed et Khider), Abane avait surévalué son influence et sous-estimé l’importance du pacte moral qui avait été scellé par ceux qui ont déclenché la guerre de Libération au 1er novembre 1954. Abane n’avait pas pris en considération le poids des résistances sociales, territoriales et tribales qui travaillaient la société algérienne. Avec l’échec de l’expérience Abane, le FLN avait perdu une occasion historique de consolider ses assises politiques et de consacrer, dans la durée, la doctrine forgée par le congrès de la Soummam. L’assassinat de Abane en décembre 1957 avait permis le retour à une conception du pouvoir basée sur les règles des allégeances régionales et des chefferies. A partir d’août 1957, le FLN a été dirigé par les trois colonels les plus puissants de l’ALN, Belkacem Krim, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Ben Tobbal. Les 3B réussirent à asseoir un contrôle sans partage sur tous les organismes du Front : la prééminence des militaires sur le FLN est devenue la règle et a duré jusqu’à la libération d’Ahmed Ben Bella en mars 1962. Les trois influents colonels du FLN tiraient leur force politique et légitimité révolutionnaire de l’autorité qu’ils avaient sur les wilayas et de la subordination de leurs clientèles respectives. Dépourvus de projet politique, Krim, Boussouf et Ben Tobbal ont fait de la revendication de l’indépendance du pays le ferment idéologique de leur combat. Possédant l’imperium politique et militaire, les 3B ont domestiqué les institutions du FLN. Ainsi, le CNRA(1), qui s’est tenu au Caire en août 1957 est revenu sur les principales résolutions prises au congrès de la Soummam un an auparavant. La première session du CNRA avait eu la particularité d’être la plus courte de l’histoire du FLN : les 22 membres présents au Caire n’ont fait que ratifier, au cours d’une session éclair, les décisions prises, en comité restreint, par les 3B soutenus par les colonels Amar Ouamrane, Mahmoud Chérif, Houari Boumediène et Amara Bouglez. Un CCE, dominé par les militaires, a été désigné et chargé de coopter un nouveau CNRA. Cette cooptation n’a jamais eu lieu et le CNRA n’a pas été convoqué pendant une durée de deux années et demie. Au cours de cette longue période, toutes les décisions étaient prises par le CCE (2) puis le GPRA (1) à partir de septembre 1958. Le deuxième CNRA, convoqué en décembre 1959 à Tripoli, a été désigné par les représentants de l’ALN (les Dix) qui s’étaient réunis à Tunis du 11 août au 16 décembre 1959. Le CNRA (2) était constitué par une majorité de militaires en raison de la nature du pouvoir au sein du FLN et en application du principe « tout pour le front armé ». Le CNRA (2) (16 décembre 1959-18 janvier 1960) a débattu librement des problèmes du FLN et de l’ALN. D’importantes décisions ont été prises à cette occasion : adoption des statuts du FLN et des institutions provisoires de la révolution algérienne, décision de faire rentrer la direction à l’intérieur du pays, contrôle plus rigoureux sur les finances du FLN, création d’un EMG unifié... Le CNRA, en tant que Parlement du FLN, n’a pas joué son rôle de manière démocratique et affranchie du pesant poids des 3B qu’à partir de cette session. Toutefois, l’espoir soulevé par le CNRA (2) de voir les nationalistes algériens régler leurs crises dans un cadre institutionnel et organisé a été de courte durée.

 

 B) Les limites politiques des chefs maquisards (les 3B)

A partir de 1960, la mainmise des 3B sur le FLN/ALN a commencé à péricliter et leur alliance a montré ses limites. Les 3B, en s’auto-neutralisant, avaient crée les conditions objectives à l’avènement, sur le-devant de la scène politique, d’autres forces qui agissaient à l’arrière-plan et qui aspiraient, elles aussi, à accéder au pouvoir ou du moins à le partager. La session du CNRA de 1959/1960 et, avant elle, la réunion des dix colonels ont marqué le début du reflux de l’influence des 3B et, particulièrement, celle de Belkacem Krim. A Tripoli, Krim a dû céder son ministère des Forces armées et accepter de siéger avec Boussouf et Ben Tobbal dans un Comité interministériel de guerre (CIG). Un état-major unifié a été crée et le colonel Boumediène désigné à sa tête. Ce dernier a choisi comme adjoints les commandants Ali Mendjeli, Ahmed Kaïd et Azzedine. L’EMG a été doté de très larges prérogatives et son champ d’action incluait aussi bien l’armée des frontières que les wilayas. Il restait, toutefois, sous l’autorité du CIG(2) . Dans les faits, la séparation des pouvoirs entre les deux organismes, le CIG et l’EMG, n’a pas été aisée. Pour les 3B, l’EMG ne pouvait être qu’un organisme technique dépourvu d’autorité sur les wilayas, leur chasse gardée. Ce chevauchement des pouvoirs a été le prélude au conflit entre les 3B et l’EMG a éclaté, au grand jour, en août 1961.

 

 C) L’EMG, un contre-pouvoir au GPRA

La désignation d’un commandement unifié a mis de l’ordre au sein de l’ALN des frontières. Les membres de l’EMG, bien secondés par les DAF (déserteurs de l’armée française) ont réussi à mettre en place une armée au sens classique du terme. Organisée et disciplinée, l’ALN des frontières aspirait à jouer un rôle de premier ordre et se revendiquait comme la garante de la pureté révolutionnaire. En revanche, la mise en place du CIG s’est soldée par un cuisant échec. Le CIG a été un organisme fantomatique et éloigné de sa base. L’échec du CIG et la montée en puissance de l’EMG ont fait évoluer les rapports de force au sein du FLN. Afin d’affirmer son autorité et marquer son opposition au GPRA, l’EMG a refusé de déléguer des représentants aux premiers pourparlers d’Evian 1 (20 mai 1961). Convoqué par le gouvernement, il a dû céder et délégué Ali Mendjeli et Ahmed Kaïd. Cela a été la dernière participation de l’EMG aux négociations de paix. Moins d’un mois après, un incident militaire a mis le feu aux poudres entre le GPRA et l’EMG. Le 21 juin 1961, à Aïn Mellègue, un avion français a été abattu par la DCA de l’ALN des frontières et son pilote le lieutenant Gaillard capturé. A la suite d’une demande officielle du gouvernement français, le président tunisien Habib Bourguiba a exigé du GPRA la libération du pilote arguant le fait que l’avion avait été abattu sur le sol tunisien. Dans un premier temps, l’EMG a opposé une fin de non-recevoir. Finalement, l’EMG a reculé et le lieutenant Gaillard a été remis aux autorités tunisiennes. Prenant prétexte de cet incident et de l’attitude du GPRA à son égard qu’il a considéré comme vexatoire, l’EMG a déposé sa démission le 15 juillet 1961 et a fait parvenir au président du GPRA un long mémoire, dans lequel, il a dressé une liste de doléances, où rien n’a été épargné au gouvernement et, plus particulièrement, à Krim Belkacem : déviationnisme, non-application des décisions prises à Tripoli, corruption, vénalité, absence de contrôle sur l’utilisation des fonds, menaces contre l’EMG avec l’aide de certains colonels, embourgeoisement, alliance Krim- Bourguiba contre l’EMG (3)… Comment interpréter la décision de l’EMG de démissionner alors que la guerre n’était pas encore finie et que les pourparlers de paix avec les Français traversaient une phase difficile ? En se déchargeant de leur responsabilité à la tête de l’EMG, Boumediène, Mendjeli, Kaïd et Azzedine voulaient faire pression sur le GPRA et le CNRA à l’instar des colonels Amirouche, Haouès, Si M’hamed et Hadj Lakhdar en décembre 1958. En choisissant la confrontation, les membres de l’EMG cherchaient aussi à se positionner politiquement. La démission de l’EMG a été, en réalité, un leurre, dans la mesure où, quelques jours avant qu’il ait annoncé sa décision au GPRA, une réunion regroupant les principaux officiers de l’ALN des frontières a eu lieu à Ghardimaou. Au cours de cette rencontre, un comité provisoire chargé d’assurer l’intérim en l’absence provisoire des chefs de l’EMG a été désigné par Boumediène (4). L’appui des officiers de l’ALN des frontières à leurs dirigeants a été total et sans équivoque. Le 28 juillet 1961, dix jours après la démission des quatre membres de l’EMG et à la veille de l’ouverture des travaux du CNRA, les officiers de l’ALN à la frontière ouest avaient pris position officiellement en dénonçant fermement le GPRA et en apportant leur soutien à leurs chefs. Les griefs des officiers de l’ALN Ouest contre le GPRA rejoignaient ceux de l’EMG : hostilité du GPRA envers l’ALN, critique du mode de vie « bourgeois » des dirigeants de Tunis, diplomatie « au hasard des événements », faiblesse devant les Marocains et les Tunisiens(5)... Dans sa guerre déclarée contre les 3B, l’EMG ne pouvait compter que sur son armée stationnée le long des frontières est et ouest et sur les hommes et les officiers de la Wilaya V dont le PC se trouvait au Maroc et dont Boumediène fut le commandant en chef d’août 1957 à avril 1958. En cet été 1961, l’EMG n’avait pas encore réussi à constituer un réseau d’alliances politiques solides au sein du GPRA et du CNRA. C’est dans ce contexte de conflit entre le GPRA et l’EMG que la troisième session du CNRA s’était ouvert à Tripoli (9-27 août 1961). Face à ses adversaires, l’EMG démissionnaire a joué la carte du soutien de l’ALN des frontières. Ainsi, en pleins travaux du CNRA(3), les officiers de l’ALN des frontières de l’est, ont voté, le 17 août 1961, une résolution, dans laquelle, ils ont exprimé leur total appui à l’EMG et ont condamné les « criminelles manœuvres tendant à opposer les combattants de l’intérieur à ceux des frontières » qu’ils comparèrent (manœuvres) à celles des services psychologiques de l’armée française. Face à cette nouvelle crise au sommet, le CNRA d’août 1961 a été incapable de redresser la situation. Un compromis a été trouvé avec la désignation de Benyoucef Ben Khedda comme nouveau président du GPRA à la place de Ferhat Abbas. En contrepartie de sa nomination comme président du Conseil, Ben Khedda a abandonné son projet, défendu depuis 1959, de créer un BP au dessus du GPRA. La constitution de deux organismes à la tête du FLN était aussi une des revendications de l’EMG. Proposée au vote, par les membres de l’EMG, la résolution n’a pas eu l’approbation du CNRA. Désavoués par leurs pairs, Houari Boumediène, Ahmed Kaïd et Ali Mendjeli ont quitté Tripoli avant la fin des travaux et ont trouvé refuge en Allemagne au sein de la Fédération du FLN de France. Quant au quatrième membre de l’EMG, le commandant Azzedine, il se désolidarisa d’eux.

 

 D) Le GPRA (3), un gouvernement en sursis

Dans le but d’imposer son autorité sur le FLN et de contrôler ses adversaires, Ben Khedda, en politicien averti, a choisi de s’attaquer individuellement à ses opposants au sein du GPRA en commençant par Ben Tobbal qu’il considérait comme le maillon faible. Il a exigé le départ de ce dernier du gouvernement, mais sa demande s’était heurtée au refus de Krim et Boussouf (7). Finalement, Ben Tobbal demeura au GPRA mais sans portefeuille. Quant à l’armée des frontières, Ben Khedda a privilégié une approche basée sur une alliance dans le but de contrer les 3B. D’après Belaïd Abdesslam, qui occupait la fonction de conseiller du président du Conseil, Boumediène aurait assuré à Ben Khedda un total appui si ce dernier réussissait à réduire l’influence des 3B sur le FLN et l’ALN. « Si tu es un homme : liquide le trio et l’Armée sera derrière toi », lui aurait déclaré le chef de l’EMG (8). Malgré cette proposition, les relations entre l’EMG et Ben Khedda n’étaient pas empreintes de confiance. Boumediene, Mendjeli et Kaïd n’avaient pas foi dans le nouveau président du GPRA en raison de sa renonciation, lors du CNRA, à son projet de constituer un BP et son acceptation de la charge de chef de gouvernement. Krim, de son côté, a tenté aussi de rallier Boumediène à sa cause en lui proposant le grade de général. Le chef de l’EMG a décliné l’offre et a ébruité l’affaire (9). La sollicitation dont fit l’objet l’EMG par Ben Khedda et Krim était révélatrice du profond mal qui rongeait le FLN : le GPRA était un gouvernement à la dérive, l’EMG, démissionnaire, une force en plein ascension et les 3B vivaient une période de fin de règne. A la suite de l’échec de son rapprochement avec l’EMG, Ben Khedda prit la décision de réunir les officiers de l’ALN des frontières et leur annonça l’installation d’un comité intérimaire formé d’hommes choisis par eux afin de gérer provisoirement les affaires militaires. Les officiers sollicités refusèrent (10). Face à cette situation, Ben Khedda décida de jouer la carte de la fermeté et tenta d’associer, à son action, les wilayas de l’intérieur. Le 22 septembre 1961, dans une circulaire adressée aux chefs de wilayas, Ben Khedda les informa des nouvelles dispositions prises par le GPRA concernant l’organisation de l’ALN : l’EMG était remplacé par deux directions militaires, une à l’Ouest et l’autre à l’Est. Il fut demandé aux chefs de wilayas de ne plus obéir aux ordres de l’EMG. Les directives de Ben Khedda ne furent pas prises en considération. Les maquis de l’intérieur, asphyxiés par les barrages Challe et Morice et affaiblis par l’offensive Challe étaient dans une situation précaire. La décision de Ben Khedda de supprimer l’EMG n’eut pas d’effet chez les chefs des wilayas en raison aussi de l’absence de soutien au chef du GPRA de la part des 3B. Les wilayas, mal informées de ce qui se tramait en Tunisie et au Maroc, ne prirent la mesure du conflit GPRA/EMG qu’après le cessez-le-feu et la venue des émissaires des deux parties dans les maquis. D’un autre côté, avec un CIG inexistant dans les faits et un EMG démissionnaire, l’ALN n’avait plus de commandement militaire. Le 24 septembre 1961, les officiers de l’ALN des frontières Ouest réitérèrent leur soutien à leurs chefs et se firent les porte-parole de l’EMG contre le CNRA et le nouveau GPRA. Ils dénoncèrent le maintien par le CNRA des mêmes structures (le GPRA) et justifièrent le départ des trois membres de l’EMG de Tripoli avant la fin des travaux du CNRA par leur refus de ne cautionner « aucune forme de direction qui peut paraître contraire au dynamisme et à l’intérêt suprême de la révolution ». Les officiers de l’ALN des frontières Ouest refusèrent de reconnaître le nouveau GPRA car constitué, selon eux, « en l’absence et contre la volonté des représentants authentiques de l’‘armée »(11). Le GPRA, sous la direction de Ben Khedda, s’était avéré, dès le départ, un gouvernement divisé et non viable. Ben Khedda n’avait le soutien ni des membres de son gouvernement, ni des politiques (en dehors de certains centralistes), ni des wilayas et ni des cinq chefs historiques emprisonnés. Sa désignation comme président du GPRA avait seulement réussi à empêcher Krim de succéder à Abbas et à éviter au FLN d’imploser à la suite de la fronde de l’EMG. Contrairement à Abbas, Ben Khedda ne jouissait pas d’un prestige national et d’une notoriété internationale. Dans ces conditions, Ben Khedda ne pouvait compter que sur son allié de toujours Saâd Dahlab et un nombre réduit de ses partisans. Après l’échec de son projet de créer deux états-majors à l’Est et à l’Ouest, Ben Khedda prit la décision de nommer le capitaine Moussa (plus connu sous le nom de Commandant (12) Moussa) comme nouveau chef d’état-major. Le capitaine Moussa était estimé en Oranie, où sous le nom de guerre de Si Mourad, il avait réussi plusieurs opérations contre l’armée française dans le djebel Amour (13). Il avait occupé aussi, aux frontières tunisiennes, la fonction de commandant du CDF (14). Le capitaine Moussa arriva au Maroc au début de l’automne 1961 et prit contact avec les officiers de l’ALN des frontières dans le but de les détacher de l’EMG et d’affirmer l’autorité du GPRA et de son président. Il ne fut suivi que par quelques-uns des cadres de l’armée. La plupart des officiers restèrent loyaux à leurs chefs démissionnaires et s’opposèrent au représentant du gouvernement. Contrairement à Zoubir, le capitaine Moussa ne pouvait, dans son entreprise contre l’EMG, s’appuyer sur des centaines d’hommes. Sa mission, dans ce cas, était vouée inexorablement à l’échec. Malgré le refus des officiers de l’ALN des frontières de le suivre, le capitaine Moussa ne s’avoua pas vaincu. Il demanda au GPRA un ordre écrit afin d’arrêter le colonel Boumediène pour désertion et insubordination(15). Ben Khedda, inquiet de la tournure que prit l’opération, se rétracta et mit tous ceux qui crurent dans sa volonté de sanctionner l’EMG, dans une situation dangereuse. Dans un courrier à la teneur défaitiste, daté du 18 octobre 1961, qu’il adressa au capitaine Moussa, le président du GPRA mit fin, de facto, à sa mission (16). La crise Moussa avait conforté la position de l’EMG, consolidé son autorité sur l’armée des frontières et donné crédit à toute la propagande faite par l’EMG sur la volonté du gouvernement de saborder l’ALN des frontières. Boumediène répétait aux djounoud qu’il n’accepterait pas qu’ils soient sacrifiés après l’Indépendance comme ce fut le cas en Tunisie (17). A la suite de cette affaire, l’EMG s’affranchit de toute tutelle. Le 1er novembre 1961, il rompit officiellement avec le CIG et appela ses cadres à ne reconnaître aucune autorité autre que la sienne et de ne plus faire mention du sigle CIG dans leurs correspondances (18). Au mois de décembre 1961, les membres de l’EMG se tournèrent vers les leaders du FLN emprisonnés. Leur objectif était d’associer un historique (en dehors de Krim) à leur projet de constituer une nouvelle direction du FLN dont la base serait l’ALN des frontières. Ils déléguèrent, à ce sujet, Abdelaziz Bouteflika au château d’Aulnoy afin de sonder Boudiaf. Le refus de ce dernier fut ferme et catégorique. La solution de rechange était Ben Bella qui accepta. A partir de cette date, les rapports de force au sein du FLN évoluèrent au profit de la nouvelle alliance Ben Bella-EMG. Au début de 1962, Krim tenta une ultime action afin de rétablir l’autorité du GPRA sur l’EMG. Une décisive réunion gouvernementale fut organisée les 16 et 17 janvier 1962. Faute de compromis, aucune décision importante ne fut prise. Krim et Mohammedi qui avaient demandé à ce que l’EMG soit remplacé et ses membres arrêtés et traduits en justice (Mohammedi) ne furent pas suivis(19). Au mois de février 1962, le CNRA fut convoqué afin de donner son approbation au gouvernement au sujet des négociations de paix. Le CNRA 4 (22-28 février 1962) débuta sous le signe de la méfiance. Au premier jour, les membres de l’EMG exigèrent de contrôler minutieusement la validité des procurations. La confiance dans le GPRA et dans le bureau du CNRA n’était plus de mise et chaque voix devenait précieuse, particulièrement, celles des membres des conseils de wilayas. Les membres de l’EMG posèrent des questions sur tout ce qui concernait l’ALN et la Force locale. Ils émirent des grandes réserves au sujet de ce corps qui devait être constitué par les appelés algériens de l’armée française qu’ils considérèrent, non sans raison, comme un rival potentiel à l’ALN des frontières. Pour le chef de l’EMG, le colonel Boumediène, le risque de voir la Force locale se transformer en une armée nationale était réel. Et au sujet de l’article restreignant la liberté de mouvement des maquisards de l’intérieur, Boumediène l’interpréta comme une tentative d’étouffer l’ALN et de l’isoler de la population. Au cours du CNRA (4), Boumediène joua habilement le rôle du défenseur de l’ALN et le garant de son intégrité. Le texte présenté par le gouvernement fut sévèrement critiqué par Ferhat Abbas. L’ancien président du GPRA et ses partisans de l’UDMA, écartés de la direction et des négociations avec les Français, devinrent à leur tour des opposants opiniâtres au gouvernement et ne cachèrent pas leurs ressentiments envers Ben Khedda. Le 27 février 1962, le CNRA, à une écrasante majorité, donna son aval au GPRA et le mandata pour signer les accords de paix. Seuls Boumediène, Mendjeli, Kaïd et Mokhtar Bouyezzem votèrent contre. Boumediene, sortant de sa réserve, eut une attitude sévère et offensante envers le GPRA. « Ce texte marque la fin de notre révolution, je crois que l’ennemi est parvenu au résultat qu ‘il recherchait avec ses valets. Pour l’application, je les rassure pleinement », déclara-t-il (20).

 

 E) Le retour triomphal d’Ahmed Ben Bella

Avec la libération des 5 détenus d’Aulnoy, à l’occasion de la signature le 18 mars 1962 des accords historiques d’Evian, le FLN entra dans une nouvelle phase. L’entrée en scène d’Ahmed Ben Bella bouleversa radicalement l’échiquier politique. En cette période décisive de l’histoire de l’Algérie, Ben Bella était considéré par la presse internationale comme le véritable représentant de la Révolution algérienne et bénéficiait de l’appui politique (et militaire) de l’Egypte. Son prestige était immense. D’après Ben Tobbal, au château d’Aulnoy, Ben Bella donnait à ses visiteurs une image de leader dont l’avis comptait le plus(21). Bousculant les statuts du FLN qui prévoyaient l’organisation d’un congrès, instance souveraine du FLN, sur le territoire national(22), Ben Bella, fort de son ascendant, exigea la convocation du CNRA. La stratégie de Ben Bella s’articulait autour d’un double objectif : remplacer le GPRA par un bureau politique et créer les conditions adéquates à son accession à la direction du FLN avant la proclamation de l’Indépendance. Le CNRA 5 (28 mai-7 juin 1962) fut précédé par une étape décisive, celle de la consolidation des alliances existantes et la construction de nouvelles. Dans ce but, des émissaires furent envoyés séparément par Ben Khedda, Krim et l’EMG aux wilayas afin de les rallier à leur cause(23). Le 28 mai s’ouvrit à Tripoli la fameuse session du CNRA, appelée abusivement congrès de Tripoli. Pour la première fois, la totalité des membres du CNRA y assistèrent. Après avoir débattu et voté le projet d’un programme politique, les participants passèrent à la désignation d’un bureau politique. A ce sujet, deux thèses s’affrontèrent : la première préconisait la constitution d’un bureau politique élargi regroupant les principaux dirigeants du FLN(24), la deuxième, de Ben Bella et de ses partisans, défendait l’idée d’un BP réduit de 7 membres : Ahmed Ben Bella, Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider, Rabah Bitat, Saïd Mohammedi et Hadj Benalla. La liste de Ben Bella excluait ceux qui avaient, jusque-là, dirigé le FLN : Krim, Boussouf, Ben Tobbal, Ben Khedda, Abbas, Dahlab... Dans la nuit du 6 au 7 juin, un incident au sujet des procurations détenues par Tahar Zbiri, le chef de la Wilaya I, provoqua un affrontement grave entre des dirigeants du FLN et conduisit à l’abandon des travaux du CNRA. Après la session du CNRA 5 de Tripoli, le FLN était divisé entre deux clans : Le premier dont le leader était, sans conteste, Ahmed Ben Bella regroupait tous ceux qui avaient signé le procès-verbal du 7 juin 1962 condamnant le départ de Ben Khedda de Tripoli. Ce groupe, qui prit le nom de Groupe de Tlemcen, au lendemain de l’indépendance, était formé de l’EMG, Ferhat Abbas et ses partisans, des Wilayas I, V et VI et un groupe dissident de la Wilaya II. Le deuxième était moins homogène et regroupait autour de Krim et Boudiaf, d’un côté, et Ben Khedda de l’autre, les Wilayas II, III, IV, la ZAA II et les Fédérations du FLN de France, Tunisie et du Maroc. Craignant l’hégémonie d’une ALN bis stationnée aux frontières et dénonçant les tentatives des chefs de l’EMG de créer la division au sein des Wilayas de l’intérieur, une très importante réunion fut organisée à Zemmorah les 24 et 25 juin 1962 et regroupa les dirigeants des Wilayas II, III, IV, de la ZAA II, et de la Fédération du FLN de France. Bien que conviés à ce conclave, les chefs des Wilayas I et V déclinèrent l’invitation. Le refus de Tahar Zbiri de se rendre à Zemmorah était motivé, selon lui, par l’impossibilité des Wilayas de constituer un front uni(25). L’absence de Tahar Zbiri et du colonel Othmane traduisirent l’évolution du conflit GPRA-EMG du sommet vers la base et de l’extérieur vers l’intérieur ainsi que la matérialisation des alliances qui s’étaient nouées à Tripoli. Dans une résolution générale, les participants décidèrent de créer un Comité inter-Wilayas auquel ils assignèrent plusieurs objectifs dépassant largement leur rôle et leurs prérogatives : préparer les listes des candidats à la Constituante, arrêter les conditions de déroulement et de participation au Congrès National, organiser l’intégration au sein des Wilayas respectives des unités de l’ALN stationnées aux frontières. Le Comité lança un appel à tous les membres du gouvernement « autorité légitime du pays » afin d’aider le Comité pour l’entrée et l’intégration de l’ALN des frontières au sein des Wilayas et de la ZAA, et de dénoncer les membres de l’état-major. Les participants prirent l’engagement de rester unis et appelèrent les autres Wilayas à les soutenir. Dès la fin de la réunion le 25 juin 1962, des mesures opérationnelles furent prises par le Comité inter-Wilayas : état d’urgence sur le territoire relevant de leur autorité jusqu’à la mise en place des institutions définitives du pays (mise en place de centaines de barrages de contrôle sur les routes), arrestation de tous les éléments, quels qu’ils soient, ne respectant pas la voie hiérarchique et les règlements en vigueur. En agissant ainsi le Comité déclara publiquement la guerre à l’EMG accusé de se livrer à un travail fractionnel(26). Le Comité avait reconnu le GPRA comme l’autorité légitime du pays, mais une autorité virtuelle, symbolique, dans la mesure où il s’était substitué à lui. En essayant d’accaparer des prérogatives de l’Exécutif provisoire (organisation des élections pour la Constituante) et en constatant et déplorant le « manque d’autorité du gouvernement » face à la « rébellion de l’EMG », le Comité avait indirectement affaibli le GPRA. Par l’importance et la portée politique de ses décisions, il (le Comité) se présenta comme une autorité dotée de tous les pouvoirs (institutionnels et militaires). Sa décision d’organiser l’intégration des unités de l’ALN des frontières était un cinglant désaveu au GPRA. Les résolutions prises à Zemmorah provoquèrent une violente réaction de l’EMG qui déclara publiquement que cette réunion était organisée avec « la complicité des Français »(27).

 

 F) Juillet 1962 : implosion du FLN historique

Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 1962, Ben Khedda prit la décision de dénoncer publiquement les « activités criminelles de trois membres de l’ex-état major général » et de dégrader le colonel Houari Boumediène et les commandants Ali Mendjeli et Ahmed Kaïd(28). La raison de cette destitution était l’appel lancé au GPRA par le Comité inter-Wilayas. Le limogeage par Ben Khedda des membres de l’EMG provoqua l’implosion du gouvernement. Khider remit sa démission, et craignant pour sa vie, Ben Bella quitta précipitamment Tunis pour Tripoli où il se désolidarisa du GPRA. La démission de Khider et la prise de position de Ben Bella en faveur de l’EMG enclenchèrent le processus de destitution du gouvernement au profit du Groupe de Tlemcen en formation. Le soutien de Ben Bella et Khider à l’EMG représentait un désaveu aux Wilayas qui contestaient les chefs militaires d’Oujda et de Ghardimaou. Le 22 juillet 1962 à Tlemcen, les partisans et alliés de Ben Bella, qui s’étaient proclamés unilatéralement « membres majoritaires du CNRA », prirent la décision d’imposer, à la hussarde(29), le bureau politique, qui avait été contesté à Tripoli, et d’assumer leurs « responsabilités nationales »(30). Trois jours après, le 25 juillet, les troupes de l’ALN des frontières appuyées par les maquisards de la Wilaya I et des dissidents de la II (les commandants Si Larbi Berredjem et Rabah Belloucif) investirent Constantine. La stratégie de l’affrontement décidée par Ben Bella à Tlemcen aboutit à la reconnaissance, par ses adversaires, de l’autorité du nouveau bureau politique. Le 2 août, un accord fut conclu entre Boudiaf, Krim et Mohand Oulhadj pour le Groupe de Tizi Ouzou, et Khider et Bitat pour celui de Tlemcen. L’accord précisait les prérogatives du BP et réduisit son champ d’action. Il ne reconnaissait au BP une autorité qu’au sujet de la préparation de l’élection prévue pour le 27 août 1962 et la convocation du CNRA (qui devait désigner un nouveau BP). Le renforcement du camp des partisans de Ben Bella, l’affaiblissement de ses adversaires et les prétentions politiques de la Wilaya IV empêchèrent la mise en application de l’accord du 2 août 1962. A l’espoir suscité par ces accords répondirent des heurts entre les maquisards de la Wilaya IV et les hommes de Yacef Saâdi dans La Casbah. Le pays était au bord de la guerre civile, principalement dans l’Algérois. Face à l’anarchie qui commençait à s’installer et craignant de perdre son autorité sur l’ALN des frontières et les Wilayas qui le soutenaient, Ben Bella donna, le 31 août 1962, l’ordre de marcher sur Alger. Des combats sanglants eurent lieu à Masséna, Ksar El Boukhari, Brazza, Sour El Ghozlane... occasionnant un nombre important de victimes(31). La crise de l’été s’était soldée par l’arrivée de Ben Bella au pouvoir et la marginalisation de ceux qui s’étaient opposés à lui. Trois ans après l’indépendance, le régime de Ben Bella n’avait pas réussi à dépasser ses contradictions. Une partie de ceux qui l’avaient soutenu, pendant l’été 1962, furent, à leur tour, écartés des affaires de l’Etat, emprisonnés ou mis en résidence surveillée. Le 19 juin 1965, le segment militaire, plus homogène et solide, prit le pouvoir en Algérie.

 

  Texte d’une communication au colloque « Pour une histoire critique et citoyenne au-delà des pressions officielles et des lobbies de mémoir - le cas de l’histoire franco-algérienne » qui s’est tenu du 20 au 22 juin 2006 à l’ENS lettres et sciences humaines de Lyon.

 Aït Ahmed Hocine, La Guerre et l’après-guerre, Paris, Editions de Minuit, 1964, 207 p.
 Azzedine (le commandant), Et Alger ne brûla pas, Alger, ENAG Editions, 1997, 349 p.
 Ben Khedda Benyoucef, L’Algérie à l’indépendance. La crise de 1962, Alger, Editions Dahlab, 1997, 185 p.
 Bouhara Abderrazak, Du Djebel aux rizières, Alger, ANEP, 2005, 300 p.
 Bouhara Abderrazak, Les Viviers de la libération, Alger, Casbah Editions, 2001, 334 p.
 Bourouiba Boualem, Les Syndicalistes algériens. Leur combat de l’éveil à la libération 1936-1962, Alger, Dahleb/ENAG, 200
 Brahimi Abdelhamid, Aux origines de la tragédie algérienne (1958 - 2000). Témoignage sur hizb frança. Genève. Hoggar. 2000. 311 p.
 Harbi Mohammed et Meynier Gilbert, Le FLN, documents et histoire 1954-1962 , Paris, Fayard, 2004, 898 p.
 Harbi Mohammed, Les Archives de la révolution algérienne, Paris, Editions Jeune-Afrique, 1981, 583 p.
 Harbi Mohammed, Une Vie debout. Tome. Mémoires politiques, 1945-1962, Paris, La Découverte, 2001, 418 p.
 Haroun Ali, L’Eté de la discorde. Algérie 1962, Alger, Casbah Editions, 2000, 238 p.
 Kafi Ali, Du Militant politique au dirigeant militaire. Mémoires, 1946-1962 , Alger, Casbah Editions, 2002, 412 p.
 Malek Rédha, L ‘Algérie à Evian, histoire des négociations secrètes, 1956-1962 , Paris, Editions du Seuil, 1995, 401 p.
 Mémoires inédits de Lakhdar Ben Tobbal, 300p.
 Meynier Gilbert, Histoire intérieure du FLN 1954-1962 , Paris, Fayard, 2002, 812 p.
 Nezzar Khaled, Mémoires, Alger, Editions Chihab, 2000, 302 p.

1-Date de la prise en main effective par Abane Ramdane des affaires du FLN ; 2- Circulaire gouvernementale du 31 janvier 1960 portant attribution du chef d’état-major général de l’ALN mise aimablement à ma disposition par le commandant Azzedine : « L’état-major a le haut commandement sur l’ALN et la responsabilité de la conduite et de la coordination des opérations militaires à l’échelle nationale. Il a la responsabilité de l’approvisionnement de l’intérieur en matériel de guerre, en argent et en cadres. Il a sous son autorité, pour toutes les questions militaires, les chefs de wilaya et les commandements des frontières. Il est responsable de l’instruction militaire des cadres et des camps de repos Il nomme sur proposition des Conseils de wilaya, les officiers subalternes jusqu’au grade de capitaine inclus. Il a la responsabilité de la police militaire dans les zones qui seront déterminées ultérieurement en accord avec le Comité interministériel de guerre. Il dispose d’un service de santé militaire qui exerce son activité dans des zones déterminées. Il doit fournir régulièrement des rapports au Comité interministériel de guerre » ; 3- Mémoire de l’état-major général de l’ALN au président du Gouvernement provisoire de la République algérienne (sous le couvert du CIG). HARBI Mohammed, Les Archives de la révolution algérienne, Paris, Editions Jeune Afrique, pp. 322-332 ; 4- ZERGUINI Mohamed (colonel), Une vie de combats et de lutte. Témoignages et appréciations, t. I, 1941- 1962, Alger, Les Editions Algériennes En-nahdha, 2000, pp. 167-168 ; 5- Prise de position des officiers de l’Ouest après la démission des membres de l’EMG, 28 juillet1961. Fonds CNRA/GP.RA, GO 23, Archives nationales, Alger ; 6- Résolution votée par les officiers (de l’Est) réunis le 17 août 1961 au PC de l’EMG Fonds CNRA/GPRA, GO 23, Archives nationales, Alger ; 7- BEN KHEDDA Benyoucef, l’Algérie à l’indépendance. La crise de l’été 1962, Alger, Editions Dahlab, 1997, p.80 ; 8- BENNOUNE Mahfoud et EL KENZ Ali, Le Hasard et l’Histoire. Entretiens avec Belaïd Abdesselam, t. I, Alger, ENAL, 1990, p. 179 ; 9- HARBI Mohammed, Une Vie debout. Mémoires politiques, t. I : 1945-1962, Paris, La Découverte, 2001 ; 10- Bennoune Mahfoud et El Kenz Ali, Le Hasard et l’Histoire..., op.cit., p. 174 ; 11- Prise de position des officiers de l’Ouest après la démission des membres de l’EMG, 24 septembre 1961. Fonds CNRA/GPRA, GO 23, Archives nationales, Alger ; 12- De son vrai nom Mohamed Ben Ahmed ; 13- Le Monde, 13 juin 1957 ; 14- Commandement des frontières ; 15-Addi Lahouari, « Le commandant Moussa, un héros national méconnu », http://www.commandant-moussa.com/addi.html ; 16- Lettre de Benyoucef Ben Khedda au capitaine Moussa, 18 octobre 1962 : « J’ai bien pris connaissance de la lettre que tu m’as envoyée avec Boualem Oussedik ainsi que des messages que tu m’as envoyés. En ce qui concerne la prise de commandement des forces armées de l’Ouest, le gouvernement sur la base des informations que tu nous as communiquées a d’abord décidé de te donner le feu vert pour rétablir l’autorité en son nom à l’Ouest. Cependant, sur la base d’autres informations parvenues par ailleurs laissent nettement supposer que tes activités sont suivies de très près par l’état-major ouest et par conséquent ton opération comporte des risques sérieux pour sa réussite et même pour ta sécurité personnelle. Aux dernières nouvelles, ton arrestation serait sérieusement envisagée. En l’état actuel des choses, le gouvernement ignore comment se présente exactement la situation à l’Ouest. Nous craignons que certains éléments d’informations t’échappent ou te soient cachés. Il ne faut pas exclure que certains officiers engagés avec toi peuvent te faire defection. Un message a été envoyé à tous les services pour s’opposer à ton arrestation. Je te demande pour l’instant de patienter et de faire preuve de prudence tout en restant en relation avec les officiers qui sont en contact avec toi. Il faut éviter de te rendre aux frontières ». Document publié sur le site consacré au commandant Moussa, http://www.commandant-moussa.com ; 17- Brahimi Abdelhamid, Aux origines de la tragédie algérienne : témoignage sur hizb França, 1958-2000, Genève, Hoggar, 2000, p. 60 ; 18- « Notes d’informations du commandement de la zone nord en date du 31/10 et 29/11/1961 destinées à tous les chefs de bataillons et de compagnies lourdes : le comité de la zone tient à préciser que l’état-major général a, sur demande de l’armée, repris ces fonctions. Les problèmes qui l’opposent à l’équipe dirigeante n’étant pas résolus, nous faisons entièrement confiance à l’état-major quant au dénouement de cette crise, dans le contexte de nos principes révolutionnaires/ Les initiales « CI. G. » ne doivent plus figurer sur les entêtes officielles du courrier des unités ». Cf. Bouhara Abderrazak, Les Viviers de la libération. Générations face au destin, Alger, Casbah Editions, 2001, p. 274 ; 19- PV du conseil des ministres du 17 janvier 1962. Cf. Hamdani Amar, Krim Belkacem, le lion des Djebels, Paris, Balland, 1973, pp. 341-342 ; 20- Intervention de Houari Boumediène au cours du CNRA 4 à Tripoli, 27 février 1962. Fonds CNRA/GPRA, CO 48, Archives nationales, Alger ; 21- Mémoires inédites de Lakhdar Ben Tobbal ; 22- Art. 21 des statuts du Front de libération nationale : « Le Congrès national est l’instance souveraine du FLN. Il se réunit sur le territoire national dès que les conditions de représentativité sont réunies (...). » ; 23- A ce sujet, voir Brahimi Abdelhamid, Aux Origines de la tragédie Algérienne (1958 - 2000) : témoignage sur hizb França, pp. 97, 99. Azzedine (le commandant), Et Alger ne brûla pas, Alger, ENAG Editions, 1997, pp. 13-41. Bourouiba Boualem, Les Syndicalistes algériens. Leur combat de l’éveil à la libération 1936-1962, Alger, Dahleb/ENAG, 2001, pp.360-361 ; 24- Aït Ahmed Hocine, La Guerre et l’après-guerre, Paris, Les Editions de Minuit, 1964, pp. 153-154 ; 25- Entretien avec Tahar Zbiri, Alger, 2004 ; 26- Haroun Ali, L’Eté de la discorde. Algérie 1962. Alger, Casbah Editions, 2000, pp. 64-68 ; 27- Ben Khedda Benyoucef, L’Algérie à l’indépendance. La crise de l’été 1962..., p 22 ; 28- Haroun Ali, L’Eté de la discorde... op.cit., p. 73 ; 29- Des négociations entre les dirigeants des six Wilayas afin de trouver une solution à la crise, se poursuivaient encore dans la région de Chélif (Wilaya IV) ; 30- Résolution et proclamation du bureau politique du FLN du 22 juillet 1962. Cf. Haroun Ali,L’Eté de la discorde..., op.cit., pp. 227-230 ; 31- L’agence officielle APS publia, le 3 janvier 1963, un communiqué, dans lequel, elle avança le chiffre de 1000 morts. L’information donnée par l’APS n’est corroborée par aucune autre source, il convient donc de l’analyser avec la plus grande prudence.


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