Algérie - Météo, Climatologie et phénomènes naturels



Le désert envahit la steppe à Naama
Une récente étude de la direction de l’environnement de la wilaya de Naama sur l’avancée du désert a rapporté que «la steppe est dans un état de dégradation avancé». Dégradation qui favorise l’avancée du cordon dunaire et l’extension de la désertification. Durant cette dernière décennie, la région a connu de nombreuses périodes de sécheresse qui, ayant amplifié les facteurs d’érosion, ont fortement réduit le couvert végétal de la steppe dans la wilaya de Naama, aidant en cela l’avancée du sable.

De grandes superficies de thym et d’alfa, plantes endémiques de la steppe des Hauts Plateaux algériens, ont disparu, réduisant ainsi les terres pastorales et accentuant le phénomène de désertification. Selon les chiffres cités dans le rapport de la direction de l’environnement, 3 millions d’hectares de la superficie de la wilaya de Naama, soit plus de 74%, sont menacés par la désertification, alors que 5% de la superficie globale (150 000 ha) sont quasiment perdues du fait de l’avancée du cordon dunaire. 16 615 ha de steppe sont déjà submergés par le sable.

Et quand le sable n’envahit pas les espaces dénudés du couvert végétal, ce sont les arbustes d’épineux, plus adaptés aux nouvelles conditions pédologiques mais de mauvaise qualité fourragère, qui occupent ces grandes superficies. Quant au taux d’envahissement des dunes, il dépasse actuellement 20%, avec une nette baisse des plantes fourragères destinées à l’alimentation du bétail qui est passée de 190 dans les années 1980 à 26 à l’hectare en 2003, particulièrement à Mecheria, Aïn Benkhellil et Touadjer. Concernant la productivité pastorale du sol, les rédacteurs de l’étude affirment que la dégradation des superficies pastorales, des années 1980 à ce jour, démontre une différence des indices de la valeur productive des pâturages.

En effet, les superficies végétales représentent 40% de la superficie pastorale globale, alors que 3 à 4% de cette superficie ont été envahis par les zones de pacage, d’où la régression de la superficie végétale à 20% alors que le taux d’occupation du cheptel a atteint 12 têtes à l’hectare. La productivité des pâturages a régressé également, surtout celle des plantations alfatières de 100 unités à 30 avec la disparition de plus de 415 000 ha de cette espèce végétale endémique.

S’agissant du phénomène de désertification, elle est, comme détaillé dans l’étude, le produit d’effets naturels, mais aussi d’actions de l’homme, qui sont difficiles à cerner du fait de l’étendue des espaces concernés. Pour les agents naturels, l’étude de la direction de l’environnement de la wilaya de Naama cite la mobilité des dunes de sable en l’absence de fixation, la dégradation des terres agricoles, la déforestation, la réduction des eaux superficielles et souterraines, la remontée capillaire des sels qui influe négativement sur la fertilité du sol, l’érosion hydrique et atmosphérique, en plus des sédimentations dans les oueds, barrages et les fortes tempêtes.

Ainsi, les facteurs climatique, pédologique et botanique, ainsi que l’action humaine ont fortement contribué à l’amplification du phénomène de désertification dans la wilaya de Naama dont 74% des 21 840 km2 constituant la superficie globale de la wilaya à vocation pastorale sont steppiques. Le climat dans la région se subdivise durant l’année en deux saisons, l’une froide et humide allant du mois de novembre à avril et l’autre chaude et sèche, avec de faibles précipitations.

Aussi, les environnementalistes et les autres spécialistes préconisent-ils, pour les long et moyen terme, l’élaboration d’un programme homogène de gestion des steppes impliquant les populations locales. Quant au court terme, ils recommandent notamment le reboisement des zones dénudées de couvert végétal, la réalisation des objectifs de biodiversité (gestionnaires, éleveurs, agriculteurs), l’accroissement des réserves pastorales et la constitution de banques de données sur les animaux et les plantes en vue d’une meilleure répartition des ressources hydriques.

Au vu de ces recommandations, il ressort que cette région, comme toutes les zones qui ont été atteintes par le cordon dunaire, nécessite l’élaboration d’études approfondies devant établir les méthodologies à même de les protéger de l’érosion de leur sol en régénérant le couvert végétal et les zones semi-humides et en établissant les parcours de pacage (d’où la nécessité de l’implication des populations évoquée précédemment).

Les études réalisées à ce jour démontrent en effet le rôle important de la rationalisation des interventions des éleveurs en vue de faire face aux risques écologiques accentués par les vents et tempêtes de sable. Les services des forêts sont pour leur part sur le terrain et ont déjà planté des ceintures vertes, des brise-vent, et appliquent des plans de lutte contre l’avancée du sable par la fixation des dunes, l’implantation des réserves pastorales, l’interdiction du labourage et le pacage illicites. Ces actions permettront la régénération du couvert végétal que ces services renforcent par l’introduction d’espèces végétales, telles que la Casaritana, le figuier de Barbarie, certaines plantes fourragères, les arbres oléicoles, les pistachiers atlasiens et autres qui sont utilisés pour la fixation des sols.

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