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Les déboires d'un secteur qui ne cesse d'intriguer et de se dégraderCertaines cliniques non dotées de moyens de prise en charge définis par les cahiers des charges, tel le matériel de prise en charge des prématurés, comme les couveuses, n'hésitent pas à «envoyer» des patients en difficulté vers les structures étatiques.
La direction de la santé et de la population de Bouira traverse, ces derniers jours, une réelle zone de perturbation avec ce mouvement de protestation des employés qui exigent le départ de la directrice de wilaya du secteur. Dans la lancée du mouvement populaire, dit «révolution blanche» les langues se sont déliées pour apporter des accusations contre ce cadre, qui il y a moins d'une année, était félicité de partout et par tout le monde pour avoir remis de l'ordre dans le secteur. Sa fermeté en face des lobbies locaux et sa ferme volonté de finir avec le bricolage de ses collaborateurs sont peut-être les deux raisons qui dérangent.
Au milieu de ce marasme reviennent sur la scène et la table des débats, les déboires d'un secteur qui ne cesse d'intriguer et de se dégrader au grand dam des malades. Sur le plan des structures, la wilaya de Bouira s'est dotée, ces deux dernières années, de plusieurs structures réalisées pour améliorer la prise en charge des patients, avec le souci évident de se rapprocher des citoyens. En plus d'une dizaine de polycliniques, de centres de soins de proximité, de blocs chirurgicaux, la réhabilitation des hôpitaux... le secteur de la santé s'est vu inscrire plusieurs projets structurants, surtout que Bouira dispose désormais d'une université et par conséquent de l'éventualité de l'ouverture d'un département de médecine, au niveau de cette structure. Au regard du constat actuel, ce rêve s'évapore et s'éloigne de plus en plus. Les trois hôpitaux lancés depuis plus de 5 ans à M'Chedallah, Aïn Bessem et Bordj Okhriss ne sont toujours pas opérationnels, sinon partiellement pour le dernier cité, quand les deux autres restent des chantiers à l'arrêt. Les objectifs assignés butent sur un problème d'envergure nationale certes, mais crucial à Bouira, à savoir le manque de spécialistes dans certaines branches. Même s'ils existent, ils sont mal répartis. Cette remarque concerne précisément les maternités. Celles-ci par définition sont des établissements hospitaliers spécialisés et doivent disposer de gynécologues. La maternité du chef-lieu d'une capacité de 61 lits, fonctionne avec des sages-femmes, des chirurgiens et des généralistes. L'argument du manque ne tient pas la route quand on sait que l'établissement hospitalier de Lakhdaria dispose d'au moins six médecins obstétriciens gynécologues. L'établissement disposait en 2017 de sept spécialistes. Deux ans après, aucun gynécologue n'exerce au niveau de cet établissement.
La directrice de wilaya avait lors d'une session de l'APW proposé la création d'un service de wilaya au niveau de l'EPH de Bouira. Les élus se sont opposés à cette idée au motif que la centralisation de la gynécologie à Bouira pouvait être un souci et un déplacement dangereux pour les parturientes des autres régions de la wilaya. Le projet est apparemment abandonné.
Certaines cliniques non dotées de moyens de prise en charge définis par les cahiers des charges,tel le matériel de prise en charge des prématurés, comme les couveuses, n'hésitent pas à «envoyer» des patients en difficulté vers les structures étatiques. En plus de ces difficultés, le secteur hospitalier étatique souffre d'un manque de médicaments. Même les antidouleurs, un traitement d'urgence, se font rares. Le patient se trouve dans l'obligation d'aller le ramener de l'extérieur quand il le trouve. Devant autant de dysfonctionnements, les médecins, les paramédicaux, le personnel hospitalier sont la cible des malades et de leurs accompagnateurs qui déversent leur colère sur eux. cette situation incombe au premier responsable du secteur qui excelle dans les fausses déclarations faisant fi d'une réalité amère subite par le citoyen. L'autre problème et pas des moindres reste le service d'imagerie médicale. La situation bénéficie au privé où sont dirigés les malades au prix fort, bien sûr, puisque toute l'histoire reste celle des sous. La rareté du personnel paramédical a poussé les pouvoirs publics à inscrire une école paramédicale d'une capacité de 300 places, dont 150 en résidence, dans une volonté de pallier le manque de personnel.
Après plus de 5 ans, cette école ne voit toujours pas le jour. Il en est de même pour l'extension de l'Ecole nationale paramédicale de Sour El Ghozlane. A long terme peut-être, le manque sera comblé surtout que le secteur privé a introduit ce créneau de formation, mais le sceau de l'urgence accentue la pression. Ce n'est pas avec des médecins recrutés dans le cadre de l'emploi de jeunes qu'on peut améliorer la prise en charge et réconforter le malade. Le ministre qui s'évertue à annoncer des chiffres sur les ondes des médias, doit prendre les décisions qui s'imposent, au-delà des visées politiques. Les agressions des personnels, le saccage des structures qui se généralise telle une traînée de poudre sont un danger qui peut mettre en péril le pays et son avenir. On ne badine pas avec la santé des citoyens.
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