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La lente et difficile réunification des institutions libyennes


Le membre du Conseil supérieur de l'Etat, Saâd Ben Chrada, a annoncé hier la prédominance d'un consensus au sein du Conseil, favorable à l'abrogation de l'article 8 de l'Accord de Skhirat de décembre 2015.Les tractations s'accélèrent en vue d'une solution en Libye. D'un côté, l'Italie multiplie les démarches pour organiser sa conférence de Palerme, prévue les 12 et 13 novembre. De l'autre, le Parlement et le Conseil supérieur de l'Etat en Libye se préparent à amender l'Accord de Skhirat et réduire de neuf à trois membres la composition du Conseil présidentiel.
A peine les armes se sont-elles tues à Tripoli, après la dernière bataille de septembre, que les tractations ont repris, aussi bien à l'échelle interne qu'internationale.
La montée des tensions des dernières semaines n'est, par ailleurs, pas étrangère aux schémas politiques envisagés pour la Libye de demain. «Les courants représentant l'islam politique se sont sentis exclus de la conférence de Paris de mai dernier et ont été derrière la montée des périls», selon le politologue Ezzeddine Aguil. Aujourd'hui, il est clair que la raison a pris la relève.
Le membre du Conseil supérieur de l'Etat, Saâd Ben Chrada, a annoncé hier la prédominance d'un consensus au sein du Conseil, favorable à l'abrogation de l'article 8 de l'Accord de Skhirat de décembre 2015. «Nous attendons juste la réponse du Parlement à nos propositions pour adopter la recomposition du Conseil présidentiel, en le ramenant de neuf à trois membres, et l'unification des institutions de l'Etat, afin de diminuer la pression sur les citoyens», a-t-il expliqué.
Consensus
Ben Chrada a précisé que «l'avancement des pourparlers du Caire pour l'unification de l'institution militaire libyenne fait que le Conseil de l'Etat accepte l'abrogation de l'article 8 de l'Accord de Skhirat concernant l'autorité de nomination de la hiérarchie de l'Armée nationale libyenne». Jusque-là, pour l'Ouest libyen, c'est le président du Conseil de la présidence, Fayez Al Sarraj, qui nomme la hiérarchie militaire, alors que, pour l'Est libyen, c'est le président du Parlement, Salah Aguila, qui est le chef suprême de l'armée.
Les amendements préconisés ne concernent pas uniquement l'article 8 de l'Accord de Skhirat et la composition du Conseil de la présidence. Il s'agit, également, de séparer la présidence du gouvernement de celle du Conseil de la présidence. Le gouvernement gère les affaires courantes des citoyens et se concentre sur l'amélioration du vécu quotidien de la population.
Le Conseil de la présidence gère la transition politique et s'occupe de la programmation des échéances politiques et électorales, comme l'adoption de la Constitution et la tenue des élections. Les positions se rapprochent entre les deux corps constitutionnels libyens, le Parlement et le Conseil supérieur de l'Etat.
Parrainage
Six mois après la conférence de Paris de mai dernier, annonçant la tenue d'élections en Libye en décembre prochain, une autre rencontre internationale est prévue pour les 12 et 13 novembre à Palerme, en Italie. Entre-temps, la communauté internationale et les spécialistes ont compris que les conditions intérieures en Libye ne sont pas encore favorables à la tenue d'élections.
Position déjà prévue par certains experts, depuis mai dernier, sur les colonnes d'El Watan. «Six mois ne sont pas suffisants pour installer un minimum d'unification dans les structures de l'Etat, nécessaire pour réussir des élections à l'échelle nationale», avait alors dit le politologue Ezzeddine Aguil, entre autres experts et politologues. Aujourd'hui, même Ghassen Salame est convaincu de ces difficultés.
L'Italie cherche donc à aplanir le terrain par des pressions internationales pouvant intervenir à la conférence de Palerme. Mais des doutes sont encore perceptibles quant à l'issue de cette rencontre, surtout que le terrain intérieur libyen ne manque pas encore d'obstacles sérieux. Le ministre italien des Affaires étrangères, Enzo Moavero Milanesi, ne cesse de se démener entre les capitales européennes et Moscou, et de contacter ses collègues des pays voisins de la Libye.
Les réactions sont loin d'être favorables. Poutine ne viendra pas, il n'enverra pas Lavrov, semble-t-il. Sera probablement présent Mikhaïl Bogdanov, le représentant du président russe pour le Proche-Orient, qui a déjà annoncé la couleur en se disant convaincu que «la courte vision politique des Occidentaux a transformé la Libye en un refuge pour un terrorisme encore plus dangereux».
Beaucoup de travail reste à faire côté italien, surtout que l'homme fort de l'Est libyen, Khalifa Haftar, ne s'est pas encore décidé à venir. Pourtant, Rome a sollicité l'intervention du Caire et de Moscou et a envoyé à Benghazi son sous-secrétaire des Affaires étrangères, Emmanuella Del Riu. Un petit mois est encore nécessaire, comme l'a souhaité Fayez Al Sarraj.


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