Algérie - Kabylie

La Kabylie méditerranéenne




S’il est vrai que les Français connaissent maintenant assez bien la Kabylie et l’Algérie en général, il n’en est pas de même de nos autres voisins méditerranéens (Sardes, Siciliens, Italiens, Corses, Grecs etc...).

Et pourtant, les Imazighen ont de temps cotoyé ces peuples, tantôt en guere, tantôt en paix, depuis la nuit des temps. Les Romains étaient resté pendant cinq siècles en Afrique du Nord, ensuite les Vandales et les Byzantins se sont succédés pendant plus de deux siècles jusqu’à l’invasion arabe au 6ième siècle.

Plus récemment, les Turcs sont restés durant trois siècles (1514 à 1830) et enfin les Français de 1830 à 1962. Cette histoire est relativement bien connue maintenant même si elle a souvent été écrite par des historiens coloniaux. De nombreux historiens tels que Salluste, Ibn Khaldoun, Stéphane Gsell, Charles André Julien, Gabriel Camps, etc...ont permis d’élucider les contributions des Imazighen à la civilisation et à la culture méditerranéenne. Le livre de l’Abbé Vinccnt Seraldi intitulé « Les Berbères, lumières de l’Occident » a contribué à mettre en évidence l’apport des

Imazighen à la religion chrétienne et à pensée occidentale. On connait moins, même si elle est immense, la contribution des Imazighen à la civilisation musulmano-andalouse. On sait qu’Ibn Roshd (Averroès) a profondément marqué la philosophie occidentale, et qu’Ibn Arabi (Murcie) a été l’un des plus grands maîtres du Soufisme (doctrine aux antipodes du fondamentalisme). Cette partie de notre histoire reste à écrire pour recouvrir notre mémoire.

Tout aussi important est la pensée Kabyle qui a su rester elle-même, malgré des influences parfois démesurément exagérées par les archéologues et les historiens. Comme le soulignait Jean Servier : « ...Elle partage avec l’antiquité médierranéenne le même lourd fardeau spirituel, sa part dans l’héritage commun qu’elle a su mieux garder en le respectant davantage ». L’étude approfondie des rites et des croyances de la société tamazight a conduit Servier à la conclusion que « L’esprit méditerranéen est chez lui en Tamazgha, plus tangiblement présent qu’ailleurs et les paysans nous proposent les clés capables de nous permettre de déchiffrer ce que les écrivains de l’antiquité et les philosophes ont appelé des Mystères ». Cet auteur a contribué à établir le fond commun de la pensée méditerrannéenne, comme un ensemble homogène où Tamazgha occupe sa place avec la civilisation crétoise et mycénienne. Par exemple, la pensée religieuse en Tamazgha comme dans la Méditerranée de l’Antiquité est dominée par la notion de contrat d’alliance entre le monde des Invisibles (morts) et des Vivants, sans cesse renouvelé par chacun des rites encore pratiqués en Kabylie. Il n’y a pas de culte des morts à proprement parler. Le plan humain se prolonge dans l’Invisible par des morts, continuant l’étroite soldarité de la famille méditerranéenne. Servier ajoute : « Les paysans demandent aux morts la fécondité des champs, des étables et des maisons, parce que c’est leur part, parce que c’est leur rôle dans l’harmonie de l’univers ; les morts donnent cette fécondité parce qu’ils la doivent aux vivants, leurs alliés par la viande partagée des sacrifices et les repas prix en commun. Ainsi s’équilibrent, dans la pensée méditerranéenne, la vie et la mort nécessaires l’une à l’autre ».

La Kabylie partage donc avec ses voisins méditerranéens un fond culturel commun (background) qui remonte probablement loin dans le passé, à la civilisation capsienne (7000 - 5000 av. J-C.). Récemment, lors d’une visite au musée de l’homme à Paris, je suis tombé sur une carte expliquant les dérives des continents. J’étais sidéré de découvrir qu’en fait la Kabylie était une île méditerranienne !

L’île de Kabylie

A la mi-Crétacé les mouvements de la lithosphère s’inversent sous l’effet de l’ouverture de l’océan Atlantique plus à l’Ouest. Une phase de compression débute alors entre la plaque eurasiatique et la plaque africaine. La Téthys se referme, une subduction de la croûte océanique africaine s’opère sous la plaque eurasiatique.

Au début de l’ère Tertiaire (45 Ma), l’océan a disparu et une collision a lieu entre les continents européen et Africain (En fait ce n’est qu’une microplaque, liée à la plaque africaine, qui entre en jeu). De cette collision naissent les Alpes. La Méditerranée apparaît plus tard. Retraçons l’histoire : la Méditerranée, la mer Noire, la mer Caspienne, la mer d’Aral sont les restes d’une ancienne mer qui séparait l’Afrique de l’Europe et reliait l’Atlantique à l’océan Indien. Cette mer a été baptisée la Thétys, du nom mythologique de la fille de Gaïa, la Terre, femme du dieu Océan. Il y a 20 millions d’années le mouvement vers le Nord de la plaque africaine coupa la liaison de la Thétys avec l’Océan Indien. La collision de cette plaque avec l’Europe donna naissance à une longue chaîne de montagnes, de la chaîne alpine à la chaîne du Taurus, en Turquie. Ces montagnes coupèrent la Thétys en deux mers intérieures, l’une d’elles étant la Méditerranée, l’autre la mer Paratéthys. Il y a six millions d’années l’avancée vers le Nord de la plaque africaine rehaussa le détroit de Gibraltar et coupa la liaison de la Méditerranée avec l’Océan Atlantique, et la mer entière s’évapora, se transformant en un bassin aride. Pendant près d’un million d’années le fond de la mer est resté à l’état de bassin désertique, puis le creusement des rivières qui s’écoulaient vers la Paratéthys rétablit la communication entre les deux bassins, la Paratéthys renflouant en partie la Méditerranée. Aujourd’hui cette Paratéthys est réduite à un chapelet de petites mers : la mer Noire, la mer Caspienne et la mer d’Aral. Mais l’apport d’eau provenant de la Paratéthys était faible. D’autres mouvements des plaques ont abaissé le détroit de Gibraltar et le bassin méditerranéen a été de nouveau envahi par l’eau provenant de l’Atlantique. Ce remplissage dura plusieurs siècles, période pendant laquelle le détroit a été le siège de la plus spectaculaire des chutes d’eau : mille fois le débit des chutes du Niagara.

De nombreux auteurs admettent que les différents massifs internes de la chaîne Maghrébide (zones internes bético-rifaines, Kabylies, massif péloritain de Sicile, socle calabrais) étaient initialement regroupés en un bloc unique, appelé l’AlKaPeCa (Bouillin et al., 1986). Cet ensemble, probablement émergé pendant une partie du mésozoïque et jusqu’à l’Oligocène, était bordé au Sud par une marge continentale jurassique et crétacée dont les tronçons rifain, kabyles et péloritains de la Dorsale calcaire maghrébide sont les témoins.

Différents arguments, dont l’étude du socle submergé dans le canal de Sardaigne entre la Sardaigne et la Tunisie (campagnes SARCYA et SARTUCYA, Mascle et Tricart, 2001 ; Mascle et al. 2001), conduisent à supposer que l’AlKaPeCa était lui-même rattaché à la Sardaigne et ainsi à la marge européenne de la Téthys. Les trois grands ensembles de la chaîne maghrébide résultent donc probablement de la convergence et de la collision d’un élément de la marge sud-européenne avec la marge nord-africaine d’un bassin téthysien maghrébin qui faisait communiquer la Téthys ligure avec l’Atlantique central. Cependant, certains auteurs présentent des reconstitutions différentes, faisant passer une branche de la Téthys entre les Kabylies et la Sardaigne et reliant ainsi directement la suture à métamorphisme HP/BT des Alpes et de Calabre à celle connue dans les Cordillères Bétiques.

Par ailleurs, des bassins sédimentaires d’âge oligocène supérieur à plio-quaternaire sont apparus à différents stades de la formation de la chaîne :
- Le bassin Oligo-Miocène kabyle : le socle kabyle, auparavant émergé, a été recouvert en discordance à partir de la fin de l’Oligocène par les dépôts détritiques de l’Oligo-Miocène kabyle (OMK). Dans ce bassin de l’OMK se sont mis en place au Burdigalien moyen, par glissement gravitaire sous-marin, des olistostromes dont le matériel provient de la zone des flyschs et de la zone tellienne. Des dépôts identiques à ceux de l’OMK sont également connus sur les zones internes bético-rifaines, péloritaines et en Calabre. Ils témoignent de l’extension du bassin correspondant.

Ce bassin est en partie postérieur, en partie contemporain, d’un épisode tectonique majeur dans les zones internes, enregistré par différents phénomènes thermiques (datations 39Ar/40Ar ; datations par traces de fission). Des arguments structuraux et chronologiques acquis en Sicile et dans le Canal de Sardaigne (Kezirian et al., 1993, Bouillin, 2000), permettent d’envisager que ce bassin s’est formé par rifting à l’Oligocène terminal et a constitué le premier stade de la séparation entre la Sardaigne et l’AlKaPeCa, c’est-à-dire le début de la formation de l’actuel bassin algérien.

- Le bassin du flysch numidien : pendant que l’Oligo-Miocène kabyle se déposait au Nord de la Dorsale calcaire, le flysch numidien remplissait, au Sud, à partir de l’Oligocène supérieur, un bassin probablement en grande partie hérité de celui des flysch crétacés-paléogènes mais qui débordait sur le domaine tellien. La sédimentation s’est poursuivie jusqu’au Burdigalien inférieur. Au Burdigalien moyen supérieur, le bassin numidien a été inversé et une partie de son contenu a glissé vers le Nord dans le bassin Oligo-Miocène interne.

- Les bassins "post-nappes" : des bassins discordants, postérieurs aux grands chevauchements des zones internes, des nappes de flysch et des nappes telliennes, se sont formés sur l’ensemble de la chaîne à partir du Langhien. On trouve de tels bassins sur les zones internes de Petite et de Grande Kabylie. Ils sont peu déformés mais ont néanmoins enregistré, par la fracturation, une succession d’épisodes tectoniques. D’autres bassins s’étendent sur les zones externes : bassins de Constantine, de la Soummam, du Cheliff. Ils ont subi des déformations d’âge miocène à quaternaire (plis, petits chevauchements, fracturation) plus importantes que celles des bassins des zones internes.

- Les bassins "avant-fosse", implantés sur l’avant-pays de la chaîne Maghrébide : l’avant-fosse sud-tellienne, qui s’étend du Hodna à l’avant-pays rifain en passant par l’avant-pays de l’Algérie occidentale s’est formée de la fin du Miocène inférieur au Miocène moyen. Dès le Langhien (Guiraud, 1977), au Serravallien et principalement au Tortonien, ce bassin a reçu des olistostromes et des nappes de glissement gravitaires en provenance des zones externes de la chaîne (unités telliennes et flyschs). Enfin des phénomènes magmatiques se sont développés tout au long de la côte algérienne. Ils sont particulièrement développés en Petite Kabylie, où des massifs de granitoïdes se sont mis en place à partir de 16 Ma, mais des épisodes volcaniques d’âges variés affectent l’ensemble de la zone littorale, du Langhien au Plio-Pleistocène. Ce magmatisme calco-alcalin ne peut pas être mis en relation d’une façon simple avec une subduction active et il est envisagé qu’il résulte plutôt d’un phénomène de détachement de slab (voir synthèse dans Maury et al., 2000).

A l’Oligocène supérieur - Aquitanien (-28 à -20 Ma), la dénudation des massifs internes est datée par les traces de fission dans les socles calabro-péloritains (Thomson, 1994) ; En Calabre, en Grande Kabylie, des cisaillements dans le socle datés de l’Oligocène rejouent en faille normales ductiles (Platt et Compagnoni, 1990 ; Saadallah et Caby, 1996). Les massifs kabyles se détachent de la marge Sardaigne-Baléares dont ils sont séparés par le bassin nord-algérien à valeur de bassin arrière-arc (cf. Vergés et Sàbat, 1999 ; Frizon de Lamotte et al., 2000, Figure 4). On peut supposer que la subduction de la Téthys Maghrébide se poursuit au Sud d’un arc montagneux formé par la partie sud du socle kabyle et le domaine de la Dorsale ; au Sud, la série détritique numidienne se dépose dans la partie restante du bassin maghrébin et sur une partie de la marge tellienne (e.g., Aïté et Gélard, 1997).

Pour conclure d’un point de vue de l’évolution géodynamique, il semble que les deux phases majeures de construction de l’Atlas se corrèlent bien avec le début et la fin de la formation des bassins Méditerranéns néogènes (Frizon de Lamotte et al., 2000), et s’accompagnent d’une importante distension néogène dite parfois "post-collisionnelle" entre -28 et -11 Ma.

Il serait téméraire, en ces quelques lignes, de prétendre donner une synthèse, même temporaire, de la tectonique de l’Algérie septentrionale. Un simple regard porté à la carte géologique au 500.000e de l’Algérie (1952) permet immédiatement de distinguer, au long du littoral, une série d’amygdales primaires, parmi lesquelles essentiellement la Grande et la Petite Kabylie.


bonjour, je te fellicite pour la qualité de ton article concernant la kabylie, neaumoins le terme d'ilot ne conviens pas, il s'agit d'un bloc qui s'est désolidarié d'une microplaque nommée alboran ou AlKaPeCa pendant la collision europe afrique. je veux savoir est ce que ce résumé a été tirer d'un article ou publication quelconque, si c le cas je te demande de bien vouloir me l'envoyer ou me donner la reference et ou le nom de l'auteur merci
mourad nazime - géologue - boumerdes, Algérie

31/08/2010 - 6274

Commentaires

Un schéma serait souhaitable par exemple situant exactement les différents bassins avec leurs limites géologiques et géophysiques. 1)es bassins , tout le monde en parle mais personne ne veut les situer; 2) pourquoi vouloir absolument faire rattacher le socle paléozoïque à un hypothétique continent alors qu'il plus simple de le rattacher au rest de l'Afrique (Hoggar). Le socle a bien été recoupé par des forages pétrolier
salah Gacem - Géologue 'PhD - Alger
20/07/2008 - 1627

Commentaires

bonjour je viens de lire ton arcticle et malheureusemnt il uya beaucoup de faute scientifique en géologie 1 on peut pas dire iles kabyle a depuis 10 million d'année ...deja la kabylie à cette époque n'existe pas meme l'huamnite n'existe plus en plus on parle de l'histoire de la terre on melange pas les choses comme tu le sais on d'origien de l'est de l'afrique donc on peut dire algerien ou n'importe quelle personne tu es afrique de l'est c'est dommage qu'on partage des idees acvec la politique tu sais avec cette pensée deriiere jamais de la vie on va evolué donc corrige toi bien ta pensée
mahmed ali - commercant - bouira
22/02/2008 - 941

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