Algérie - Revue de Presse

De nouveau, les bruits de bottes et le sang qui coule en Afrique, cette fois-ci en Côte d?Ivoire, plongée depuis de longues années dans une profonde crise multiforme. Au-delà des péripéties militaires et diplomatiques du conflit opposant Ivoiriens et Français, l?essence même de cette crise se trouve dans le rapport de dépendance semi-colonial entretenu avec ce pays par l?Hexagone. Le défunt président Houphouët-Boigny avait « institutionnalisé » le lien ombilical, faisant de la Côte d?Ivoire une sorte de « territoire français d?outre-mer » : l?économie et les finances dépendent totalement de Paris, Abidjan se contentant d?un pouvoir politique tout à fait formel. Outre l?exploitation des ressources et la mainmise sur le tissu économique, la France a fait de ce pays un maillon essentiel de sa stratégie militaire en Afrique subsaharienne. Dans ce schéma, classique en Afrique où foisonnent les Etats mis sous dépendance par leurs anciennes puissances coloniales, la classe politique et militaire se trouve aliénée et l?opposition bâillonnée. Premières à être affectées par le pillage de leurs ressources et par l?« échange inégal » imposé par la puissance de tutelle, les populations développent un sentiment de rejet vis-à-vis de l?étranger à défaut d?une réelle prise de conscience anticoloniale. Mais celle-ci commence à prendre forme en Côte d?Ivoire comme dans les autres Etats africains dépendants. Sourde aux appels des peuples et des élites éclairées d?Afrique, la France reste accrochée à ses intérêts économiques et géostratégiques dans le continent : dans la rude compétition qui l?oppose aux Etats-Unis sur le continent, elle s?est persuadée que son principal atout reste le « lien historique » qu?elle a tissé avec une multitude de pays sans se soucier cependant de leur substrat colonial. Dès lors, Paris oscille sa politique entre man?uvres politiciennes et répression avec le risque d?apparition de violences cycliques, quelquefois sanglantes, comme celles qui affectent actuellement la Côte d?Ivoire. Il n?est pas sûr que la France recule dans ce pays tant elle redoute une « réaction en dominos » sur tout le continent. Mais une révision de sa stratégie néocoloniale doit être à l?ordre du jour si elle tient à ce que l?image qu?elle cherche à véhiculer d?« amie du tiers-monde » ne soit pas un simple leurre.


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