Algérie - Réglementation

La DGI étale son linge sale, A l’impôt tout le monde n’est pas tenu




 Que le secteur des impôts en Algérie soit gangrené par la corruption et la « tchippa » est sans doute une lapalissade pour le commun des Algériens. Mais que cette terrible réalité soit assumée et dénoncée publiquement par un haut responsable de cette administration confère à ce pot aux roses une dimension scandaleuse.

Le directeur central des opérations fiscales, Mohamed Guidouche, ne se doutait peut-être pas qu’il venait d’éventer un véritable crime économique commis sur le dos du petit contribuable. Il y aurait donc une maffia du fisc qui opère selon la tête du client ou plutôt selon son « poids » dans la pyramide des nouveaux riches. En dénonçant les « complicités » qu’auraient tissées certains gros commerçants avec des fiscalistes « véreux », M.Guidouche lève un coin du voile qui enveloppe la très opaque gestion de la fiscalité en Algérie. Des pratiques qui se traduisent le plus souvent, d’après lui, par des « manques à gagner importants au détriment du Trésor public ». Combien sont-ils ces intouchables qui construisent des richesse immenses à l’ombre de l’administration fiscale ? Si le chiffre, forcément choquant, est pour l’heure tenu secret, des sources crédibles confient que pas moins de 8000 importateurs fraudeurs seraient répertoriés dans un fichier national. Ces barons qui passent allégrement entre les mailles du fisc jouissent bien évidemment de « complicités », comme le confirme M.Guidouche. Y a-t-il une volonté de mettre le holà pour débusquer et sanctionner ces trafiquants ? « Nous allons nettoyer les rangs des services fiscaux locaux », promet l’homme par qui le scandale est éventé en précisant à juste titre que « ces constats ternissent l’image de l’administration fiscale chez les assujettis ». Pour ce faire, la Direction générale des impôts (DGI) s’apprête à renforcer son dispositif pour tenter de mettre de l’ordre dans les différents services des impôts des wilayas. Il est clair que la DGI aura du pain sur la planche dans la mesure où il sera question notamment de dévoiler des fortunes mal acquises par certains fraudeurs, qui ont tissé de véritables toiles d’araignée au sein de l’administration fiscale. Jusqu’où ira-t-on dans ce qui se présente comme une sorte de campagne « mains propres » ? Difficile de croire à une moralisation d’un secteur réputé pour être le havre de paix des corrompus de tout poil. Pour cause, le directeur central des opérations fiscales précise que des inspections des impôts dans certaines wilayas ont été carrément « squattées » par des opérateurs économiques et/ou commerçants qui seraient allés, selon ses propos, jusqu’à placer leurs propres hommes à la tête de ces structures fiscales. Ces graves révélations d’un responsable, qui sait sans doute aucun de quoi il parle, renseignent que les fraudeurs ont pris le pouvoir dans l’administration pour mieux se couvrir. Il en est résulté que c’est le petit commerçant qui trinque au profit des gros bonnets qui règnent en maîtres absolus de ce qu’on appelle « l’économie informelle ». « Les enquêtes légères » et « le faible engagement » des vérificateurs fiscaux dénoncés par le directeur de la vérification approfondie de la situation fiscale d’ensemble (VASFE), témoignent au moins d’une réalité : l’administration fiscale est au courant de toutes les anomalies !

Des fiscalistes taxés de corruption

Les déclarations de revenus qui sont souvent très en deçà des signes extérieurs de richesse ne sont pas prises en considération dans les « investigations ». Et pourtant cela saute aux yeux ! Cette façon bien algérienne de recouvrer l’impôt a même poussé la DGI à mettre une croix sur plus de 300 milliards de dinars de dette fiscale. En effet, l’ex-directeur, Abdou Bouderbala, avait déclaré à El Watan que ce montant, qui représente presque un tiers de la dette fiscale globale, a été catalogué dans la rubrique des « dettes irrécouvrables ». Motifs ? L’administration fiscale aurait épuisé vainement toutes les voies de recours pour les récupérer. En désespoir de cause, il a été décidé tout bonnement de passer l’éponge au grand bonheur de ceux qui y ont tiré un immense profit sans avoir versé le moindre centime au Trésor public. Toutes ces scabreuses affaires dénoncées par des responsables des impôts eux-mêmes ne sont pas évidemment pour rassurer des opérateurs étrangers que Bouteflika « supplie » de venir injecter leurs capitaux dans une économie bouffée par l’informel. Il va falloir d’abord balayer chez nous…

 


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