Algérie - Revue de Presse

L'Opep du gaz mérite examen Bouteflika confirme les divergences avec Madrid sur la question du Sahara



Dans une interview au journal espagnol El Pais, le président Abdelaziz Bouteflika ranime l'idée d'une «Opep du gaz», que son ministre de l'Energie s'est évertué au cours des derniers mois à rejeter. Une nouveauté de la diplomatie énergétique algérienne, qui s'accompagne d'une réaffirmation de la position traditionnelle que le problème du Sahara Occidental ne sera jamais un «casus belli avec le Maroc».  «Je l'ai dit à de multiples occasions: en aucun cas, l'affaire du Sahara ne constituera un casus belli entre l'Algérie et le Maroc», a déclaré le chef de l'Etat. Il a admis également que tant que le problème du Sahara ne sera pas résolu de manière « satisfaisante et définitive », il sera difficile de progresser dans la « construction d'une UMA authentique et dynamique qui favorise le développement du Maghreb ». Cela également est une nouveauté relative dans le discours officiel algérien, qui estimait possible de séparer aussi bien les relations bilatérales algéro-marocaines que la construction maghrébine du problème du Sahara Occidental. On peut constater que sur ce point précis - et sur ce point seulement -, Rabat a exactement la même appréciation.  Sur le projet d'autonomie présenté par les Marocains comme solution alternative à l'autodétermination, le président de la République a indiqué qu'aucune « solution unilatérale n'est viable » et que seule la « reconnaissance du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination peut résoudre le problème. C'est la position réaffirmée de l'ONU ». Abdelaziz Bouteflika a démenti avoir proposé le partage du Sahara Occidental entre les Sahraouis et le Maroc. « Je n'ai jamais proposé un tel partage, car même avant l'abandon du Sahara par l'Espagne, j'ai constamment soutenu le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui ». Il a relevé par contre que le Maroc a mis en pratique le partage du Sahara avec la Mauritanie de Mokhtar Ould Dada et qu'on appelait cela « les Accords de Madrid, et on ne parlait pas alors d'intégrité territoriale du Maroc ». Sur cette question, et malgré un souci évident de ne pas afficher une préférence pour Aznar au détriment de son successeur socialiste Zapatero, le chef de l'Etat souligne qu'il existe des divergences avec le gouvernement socialiste en place à Madrid. « Les relations économiques sont excellentes, les relations politiques également, bien que nos positions sur l'affaire du Sahara Occidental divergent un peu ».  Abdelaziz Bouteflika, qui accueille depuis hier le Roi d'Espagne, estime que les Espagnols « ont beaucoup à gagner en assumant leurs responsabilités morales et historiques sur cette question et en contribuant activement à ce que le peuple sahraoui dispose du droit légitime de décider démocratiquement de son destin ».  Sur cette question, et après le « virage » pro-marocain reproché à Zapatero en Espagne même, le ministre espagnol des Affaires étrangères a publié dans les colonnes d'El Pais, à côté de l'interview du chef de l'Etat, un article défendant la politique de son gouvernement. Il y affirme que l'Espagne « n'a pas changé d'un iota » sur son respect des principes. « La solution du conflit du Sahara Occidental doit être juste, définitive, mutuellement acceptable et respectueuse du principe d'autodétermination du peuple sahraoui ». Sur la position de Zapatero exprimée récemment au sujet du projet d'autonomie présenté par le Maroc, Moratinos a tenté d'en atténuer l'effet. Si le gouvernement espagnol, écrit-il, « a accepté d'inclure une référence à cette proposition, c'est simplement pour constater que le Maroc a mis un élément nouveau, d'intérêt indubitable, sur la table, et pour considérer que cela pourrait produire une nouvelle dynamique de dialogue pour dépasser l'impasse actuelle ». Aux diplomates d'apprécier ces subtilités, sachant qu'une partie de la presse espagnole considère que la prise de position de Zapatero nuit aux intérêts de l'Espagne et que l'annonce de l'Algérie de renégocier le prix du gaz livré à Madrid n'est qu'une première réaction... Ce qui va faire le plus d'effet dans l'interview du président Abdelaziz Bouteflika est sa réponse sur la possibilité d'une Opep du gaz, qu'il ne faut pas «rejeter a priori». Il considère que la suggestion iranienne mérite d'être « examinée et discutée entre tous les intéressés ».  La proposition iranienne »s'inscrit dans les tendances introduites par la globalisation qui poussent les producteurs à se solidariser pour défendre leurs intérêts», estime M. Bouteflika. C'est bel et bien un infléchissement de la position algérienne. Le ministre de l'Energie, Chakib Khelil, en réponse aux inquiétudes publiques exprimées par les Européens, avait tenu à nier de manière systématique une telle éventualité.  A une question sur le caractère pacifique du nucléaire iranien, le président Bouteflika a indiqué qu'il n'avait pas la preuve du contraire. Enfin, sur la mutation du GSPC en Al-Qaïda et les risques que cela comporte pour les Européens, Abdelaziz Bouteflika paraît très dubitatif. « Il faut savoir faire la différence entre la réalité et la publicité et apprécier les choses à leur juste mesure. Les Européens le savent car ils sont très bien informés sur ces questions ».  La révision de la Constitution ? Un sujet qui est « en étude » et « s'il faut changer quelque chose, il reviendra au peuple algérien de se prononcer ». Sollicitera-t-il un troisième mandat ? « C'est une chose qui concerne les Algériens ». Sa santé ? Il se trouve très bien...
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