Oran - Les journées de la photo

Journées Photographiques d’Oran : Reza Deghati, profession : «rapporteur» d’images, Une photo-reporter dans le feu de l’action




Journées Photographiques d’Oran : Reza Deghati, profession : «rapporteur» d’images, Une photo-reporter dans le feu de l’action
Photographe de renommée internationale, Reza Deghati pense que la ville d’Oran a la capacité de devenir un pôle mondial de la photographie.

Il s’est exprimé lors d’une conférence de presse organisée à l’hôtel Royal, la veille de l’ouverture des journées de la photographie, prévues entre le 1er et le 3 février, une manifestation culturelle qui en est à sa septième édition et qui n’a pas cessé d’évoluer et de se développer pour devenir, pour le cas de l’Algérie, le rendez vous incontournable des passionnés de cet art encore assez rare, mais qui s’avère prometteur pour l’avenir.

C’est le fruit d’une collaboration entre l’Institut français, initiateur de l’idée, et de Isoclub, la branche photo de l’association les Nomades algériens. Le photo-reporter français d’origine iranienne assure pour l’occasion des master class au profit de quelques photographes locaux ayant eu la chance d’avoir été sélectionnés. Il est déjà venu une première fois en Algérie où il a séjourné pendant 4 mois, mais dans un tout autre cadre, c’était pour les besoins d’un livre qu’il a réalisé avec l’aide de l’écrivain Yasmina Khadra.

Il est revenu l’an dernier pour animer une conférence, et c’est là que la possibilité de son retour a été évoquée par Alain Ramette, directeur de l’IFO, impliqué dans la réalisation technique des travaux photographiques, mais pour une mission de formation jugée beaucoup plus valorisante qu’une simple exposition où même l’édition du livre en question.

«Il y a beaucoup de festivals de photos dans le nord de la Méditerranée, mais c’est le moment d’en créer dans cette partie du monde où je considère qu’Oran (pour l’Algérie) et Fès (pour le Maroc) sont les deux villes qui ont les capacités et les possibilités de devenir de nouveaux centres de la photographie internationale», assure Reza Deghati, qui suggère aux passionnés locaux de la photo de voir comment procéder pour concrétiser ce projet.

En attendant, l’événement étant au départ confiné à l’intérieur de l’Institut français, un cap est déjà franchi pour l’édition de cette année, avec l’extériorisation à une plus grande échelle des activités et l’implication du musée Ahmed Zabana, qui abritera trois expositions, dont celle consacrée au Tassili, signée Oussama, et qui représente le «coup de cœur» des organisateurs, d’abord pour la beauté des paysages du Grand Sud, mais surtout pour la qualité technique faisant ressortir des détails et des harmonies de couleurs aussi contrastées qu’improbables.

Dans le même lieu, le thème de «Ziara», de Hichem Bekhti, sera confronté aux «identités» de Mehdi Nédellec, tandis qu’à la galerie privée Art’Weka, ce sont les «Faces», de Mizo, qui seront exposées. Les travaux de Fréderic de la Chapelle, rassemblés sous l’intitulé «l’Afrique à la mode», seront montrés au public au sein même de l’Institut.

Ceux-ci donnent un aperçu du savoir- faire dans le domaine de la couture, développé dans certains pays du Continent, avec une particularité faisant que les mannequins posent dans les milieux traditionnels très proches de la nature, comme si l’auteur voulait accentuer le lien entre la culture à la terre.

Pour le reste, ce sont des lieux privés, des cafés ou des restaurants, qui abriteront les expositions des autres photographes, nombreux à s’être déplacés de plusieurs régions du pays (y compris une ressortissante russe, mais parce qu’elle réside à Alger), pour participer au workshop, débattre et échanger, preuve du dynamisme de cette manifestation.

«Il y a de l’enthousiasme, mais il faut peut-être trouver le moyen de sensibiliser un peu plus les gens sur l’importance de la photo, qu’ils comprennent que la production de l’image ne peut que valoriser un pays», explique Reza, évoquant le dynamisme d’Isoclub, mais aussi l’exemple du travail d’Ahmed Aït Issad, intitulé «l’Algérie d’en bas», montrant des images authentiques de la vie de tous les jours, pour dire comment un seul homme peut impacter l’image de tout un pays à travers des expositions internationales. Celui-ci a exposé pour la première fois de sa vie sur incitation de Fayçal Razkallah, un des principaux animateurs du Club et c’est ce qui lui a permis de rencontrer le célèbre photographe.

Deux choses qui ont complètement bouleversé le cours de sa vie. Certes rares, mais des photographes algériens, qui ont réalisé des travaux, et même édité des livres, il y en a eu, mais la dynamique créée à Oran est inédite pour la nouvelle génération. «Vous êtes la nouvelle génération qui est en train de montrer un visage de l’Algérie qu’on ne connaissait pas forcément, car les photographes qui viennent d’Europe où d’ailleurs n’ont pas les mêmes centres d’intérêt et ne sont souvent intéressés que par le sable et les roches du désert», estime encore Reza Deghati, avant d’évoquer l’émotion qu’il avait ressentie lors de son premier séjour en Algérie, spécialement à la découverte des hauteurs de Santa Cruz, à Oran, et de la côte de Béjaïa, qu’il n’avait jamais vues auparavant.

Mais c’est la qualité de l’accueil qu’il a reçu là où il s’est déplacé dans les villes et les villages qui l’a le plus touché, d’où son désir de rendre la pareille en acceptant de venir former des gens sur place.

C’est sa seconde vocation en tant qu’éducateur-formateur, y compris à titre bénévole, en créant lui-même plusieurs associations et en se déplaçant aux quatre coins de la planète avec toujours une idée en tête : ce sont les gens eux-mêmes qui doivent produire les images qui les concernent.

«La photographie, c’est aussi le miroir des cultures et chaque peuple a sa manière de penser qui va sûrement influencer les travaux de ces photographes, mais c’est justement là que réside la particularité du regard qu’on porte sur la société et tout dépend donc de ce que vous voulez en faire», conseille-t-il, en connaissance de cause et tenant compte du fait que de par le poids de l’histoire du journalisme, les médias ont toujours tendance à aller là ou les choses vont mal, à focaliser sur les côtés négatifs et «cela ne veut pas dire que les images qu’ils produisent ne sont pas vraies, mais que cela ne représente qu’une petite partie de la vérité du monde».

Il y a donc, pour lui, un vaste champ d’expression qui peut être exploité pour raconter autre chose que la guerre et la destruction. Des camps de réfugiés syriens au Kurdistan irakien, aux favélas d’Argentine, en passant par le Bengladesh et la Chine, ou même par les banlieues de France ou d’ailleurs, les actions de formation du photographe sont nombreuses, variées et assurées à des niveaux divers, car il pense que la photographie en tant qu’art majeur contribue aussi à créer des liens et de la cohésion sociale.
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