Algérie - A la une

J'peux plus me les saquer, même en peinture !


Séminaire national sur les déchets non recyclables.Grosse affluence !
Des amis de la région de Batna m'ont appelé. Un brin, scandalisés. Un brin, désabusés. Ils ont vu plusieurs endroits de leur wilaya passés au « peinturlurage intensif » juste avant l'arrivée du Premier ministre Djerad. Je comprends les deux brins de mes correspondants. Et m'étonne même un peu que leur bouquet de brins ne soit pas plus fourni. Les bidons de peinture sont donc de sortie. À nouveau. Ont-ils seulement été rentrés un jour ' Je me pose la question, tant les échos des différentes régions du pays où se déplacent les officiels me reviennent sous forme de bidons de laque déchaînée, giclant sur la moindre surface pouvant être recouverte. Peut-on aller vers El-Djazaïr-el-Djadida, la nouvelle Algérie avec, en fond, cette odeur atroce de laque en milliers d'hectolitres déversés aux frais des contribuables ' Devons-nous définitivement considérer la peinture, les enduits, les pinceaux, les rouleaux et le diluant comme constantes nationales ' Elle est terrible de contraste cette juxtaposition : d'un côté, la volonté affichée et même claironnée de numériser et de « startuper » notre avenir. De l'autre, les hordes de peintres en bâtiment se pressant sur des façades d'immeubles hideuses, sur des portions de trottoirs mille et une fois refaites et sur des espaces verts surchargés de plantes louées à la journée aux pépiniéristes du coin. Quel est le message que l'on envoie lorsqu'on repeint à la va-vite le parcours d'une visite officielle ' Soit on dit au prestigieux visiteur « triple buse, tu n'y verras que du feu, mon coco ! » Ou pis encore, on gueule aux oreilles des administrés pantois « vous ne méritez que des rafraîchissements ponctuels, au gré des saisons de visites de travail d'inspection ». Dans les deux cas, ça produit le même effet sur moi. Une envie furieuse d'enduire ces « artistes-peintres » de laque et de les recouvrir ensuite de plumes. Oui, je sais ! Généralement, on le fait avec du goudron. Mais promis ! Je ferai une autre chronique sur le goudron et le bitume coulés de nuit, avant l'arrivée, au petit matin, des limousines officielles. En attendant, je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
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