Algérie - Revue de Presse


Ce n?est pas par goût ou par prédilection que l?on remet sans cesse sur le tapis toutes ces insuffisances lancinantes que l?on observe chaque jour. Ces difficultés quotidiennes, ces petites misères, fruits d?une étrange passivité ou incivisme, irritent et exaspèrent. Chacun de nous a pu éprouver cette regrettable hémiplégie de la raison qui congédie le bons sens. Le vécu ordinaire nous offre des aperçus décapants de nudité qui nous incitent à prêcher une oblitération de la vie en société. Tant de distorsions et de lacunes rendent l?analyse la compréhension difficiles, et ce n?est pas le propos. Je me contenterai d?un exemple succinct et banal. Il y a beaucoup de handicapés, de malades chroniques, de vieillards impotents et usés par le temps qui éprouvent une infinie difficulté à monter les escaliers pour rejoindre leur domicile ou un quelconque édifice. C?est que les ascenseurs ont presque complètement disparu du paysage. Reliquats d?une époque révolue, ils pourrissent dans l?indifférence générale. Leur absence complique la situation d?une catégorie de personnes qui n?ont pas le jarret assez solide pour affronter un exercice harassant, pénible. L?effort est coûteux. De guerre lasse, d?aucuns s?astreignent à une pesante « réclusion » chez eux. Ce n?est pas par caprice que ce problème est évoqué, mais il suffit de suivre la montée d?un cardiaque ou d?un asthmatique dans un immeuble pour s?en convaincre. Ils donnent l?impression de s?attaquer à un Himalaya ou d?arpenter une tour de Babel. Malheureusement, il semble que, l?expérience aidant, le traitement de ce problème prend les contours d?une parole creuse et subreptice, un rappel redondant et fugace. Pourtant, la remise en marche de ces machines rendra bien des services. Mais que peut-on faire lorsque l?esprit se retranche derrière le voile de l?inertie ? On rechigne à réparer un ascenseur, mais on n?arrête plus de faire les trottoirs. C?est cela vivre dans l?aberration.



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