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Ils dénoncent «la discrimination» dans le recrutement au grand Sud : Les étudiants de l'ex-INH crient leur ras-le-bol




Le problème du recrutement dans le Grand-Sud est revenu au-devant de la scène ces derniers jours. Après les manifestations des chômeurs à Laghouat et à Ouargla, des centaines d'étudiants de la faculté des hydrocarbures de Boumerdès (ex-INH) sont revenus, hier, à la charge pour exiger l'annulation de l'instruction de l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, fixant les conditions de recrutement dans les entreprises pétrolières publiques et privées activant au sud du pays.Notre institut reçoit des étudiants de 48 wilayas du pays. On n'y accepte que ceux qui ont eu leur bac avec mention très bien. Au moins 300 diplômés en master 2 dans 14 spécialistes sortent de cette faculté chaque année. Mais la plupart grossissent les rangs des chômeurs, car le recrutement dans les wilayas du Sud est conditionné par la détention du certificat de résidence.
Celui qui n'habite pas à Ouargla, Hassi Messaoud, Laghouat ou In Salah n'a aucune chance d'être embauché à Sonatrach ou ses filiales», s'indigne Chouaib Gueryoune, un des représentants des protestataires. En plus de la grève entamée avant-hier au niveau de leur faculté, des dizaines de protestataires se sont déplacés hier au ministère du Travail et de la Sécurité sociale où ils ont observé un sit-in pour se faire entendre.
Les slogans scandés par les contestataires traduisent parfaitement leur désarroi. «Non au régionalisme, Sonatrach est une entreprise nationale !», «El Tachghil kafaat, la siyassate (Le recrutement doit être une question de compétence, pas de politique)», «Non à l'exclusion !», ont-ils répété.
«Cela fait une semaine qu'on a protesté devant le ministère du Travail. On nous a rassurés que notre problème est en cours d'examen, mais cela fait trois ans qu'on nous dit la même chose. L'année passée nous avons été reçus par le ministre lui-même. Nous avions tenu plus de 20 réunions avec ses conseillers.
Nous sommes allés même au ministère de l'Energie et à celui de l'Enseignement supérieur. Malheureusement, nous n'avons obtenu rien de concret», déplore Anis, étudiant en 3e année, ajoutant que l'instruction de Sellal a pénalisé plusieurs entreprises pétrolières en raison du manque de main-d'?uvre répondant à leur besoin.
«Institut national, recrutement régional !»
Les autres étudiants restés au niveau de la faculté ont tenté pour la seconde fois d'organiser une marche à Boumerdès, mais ils en ont été empêchés par les forces de l'ordre.
Un impressionnant dispositif de sécurité a été dressé devant le portail de la faculté, contraignant les grévistes à rester dans la cour du campus où ils ont passé la nuit de lundi à mardi malgré le froid. «Nous ne sommes pas des réfugiés pour qu'on soit exclus (non au racisme)», «L'étudiant en hydrocarbures est lésé dans un pays de pétrole.
Est-ce normal '» «Nous sommes contre notre exclusion des concours», lit-on sur des banderoles suspendues à l'intérieur de la faculté.
Le problème de ces étudiants remonte à 2015. Outre les marches organisées depuis à Boumerdès pour dénoncer «cette politique irrationnelle dans le recrutement», les plaignants ont observé plusieurs sit-in devant le ministère de l'Energie et celui l'Enseignement supérieur pour exiger l'annulation de la fameuse instruction et leur permettre de participer aux concours d'embauche à Sonatrach et ses filiales, telles que Entp, Enageo, GCB, GTP ainsi que les compagnies étrangères. «Le directeur général de Sonatrach a déclaré récemment qu'ils embauchent une moyenne de 3000 personnes par année. Que représentent les 300 ingénieurs qui sortent de l'ex-INH devant ce chiffre '», se demande un étudiant.
Et à un autre d'enchaîner : «Nous ne sommes pas contre nos concitoyens du Sud. Bien au contraire, nous les soutenons dans leurs revendications concernant leur droit à l'emploi. Nous dénonçons le fait que notre recrutement soit régional, alors que notre institut est national et il est l'un des meilleurs en Afrique.»
Las des promesses sans lendemain, les plaignants demandent cette fois l'intervention du Premier ministre. «Il n'y a que lui qui puisse rectifier cette injustice. Nous nous ne faisons pas de politique. Nous réclamons notre droit à l'emploi. Si l'Etat ne prend pas une décision à l'effet de faciliter notre embauche à l'avenir, il vaut mieux qu'il arrête de dépenser des milliards pour nous former. A part les entreprises activant dans le sud, nous n'avons aucune chance d'être recrutés ailleurs», appuie Sohaib. Les contestataires ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. Certains n'écartent pas la possibilité d'aller protester incessamment devant le palais du gouvernement.
Le business des boites privées
«C'est l'ex-Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui est la cause de tous nos malheurs. Il incombe à celui qui occupe le même poste aujourd'hui d'y trouver des solutions. Les autres ministres nous ont menés en bateau. Ils ne l'ont pas dit explicitement, mais on n'a bien compris que le problème les dépasse», souligne-t-il.
Pour rappel, les modalités de recrutement au Grand-Sud ont été changées en 2014 dans le sillage de la révolte des chômeurs des wilayas de Ouargla et de Laghouat.
L'obligation de disposer d'une résidence dans ces départements et le passage par les agences Anem devaient toucher uniquement les ouvriers. Cependant, au vu du marasme qui couvait la région, les responsables d'alors ont préféré faire dans le populisme à grande échelle.
L'instruction de Sellal a touché même les ingénieurs en hydrocarbures en les contraignant au chômage forcé. «Les dirigeants de l'époque ne se souciaient guère de notre sort. Leur premier objectif est d'acheter la paix sociale dans les wilayas du Sud qui étaient ébullition. Ils ont voulu régler un problème, ils ont fini par en créer trois.
Car l'instruction de 2014 a provoqué une pénurie de la main-d'?uvre qualifiée dans la région. Cela a encouragé aussi le trafic des résidences et l'exploitation», explique un étudiant, précisant que le recrutement dans les firmes pétrolières étrangères, voire même à Sonatrach, se fait par le biais des boîtes privées.
Pour lui, «ce sont elles qui ont gagné dans l'affaire. Les firmes pétrolières n'adressent pas leurs appels d'offres aux agences de l'Anem. Elles sous-traitent avec les boîtes de recrutement privées. C'est elles qui embauchent les gens avant de les envoyer travailler en leur donnant la moitié du salaire qu'elles perçoivent du vrai employeur. Voilà où nous a mené la politique de l'ancien régime. Malgré tout cela, on tarde à rectifier le tir et répondre à nos revendications».
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