Algérie - A la une

"Il n'y aura plus de repères qui témoigneront de la médina"



L'effondrement d'une douera, mercredi dernier à la z'niqa (venelle) Mahiouz-Abdelhamid (ex-Tombouctou) a été à l'ordre du jour de la conférence de presse qu'a animée Ali Mebtouche hier, au siège de la Fondation Casbah.D'emblée, le conférencier s'est dit surpris par la présence de quinze équipes techniques de l'Organisme national de contrôle technique de la construction (CTC) en charge d'inventorier les immeubles menaçant ruines alors que les services de la wilaya d'Alger, la circonscription administrative de Bab-El-Oued et l'APC de La Casbah ont été destinataires d'un inventaire de 330 édifices dits "IMR" répertoriés et classifiés rouge par nos soins.
"Que vont-ils découvrir de nouveau ces techniciens à La Casbah '" Et pour étayer ses propos, M. Mebtouche a déclaré : "90% des bâtisses s'arc-boutant ou pas sur des étais, ne résisteront pas à un séisme de faible intensité."
Autre couac : il s'inquiète de l'anarchie qui prévaut actuellement à la rue Médée et à l'îlot de la mer Rouge où huit autoconstructeurs bâtissent avec des matériaux (béton armé) inadaptés à la typologie architecturale de La Casbah. Le cas est d'autant plus patent en contrebas de l'ancienne rue de La Casbah où s'édifient de hideux blockhaus.
Dans l'optique d'une reconstruction à l'identique, nous avions obtenu de l'ancien gouvernement l'octroi de trois mille logements prélevés sur le fonds saoudien du logement. Il ne s'agissait pas de déraciner les Casbadjis mais de les délocaliser pour un temps vers un autre site. Soit le temps d'une remise en valeur de La Casbah.
"Mais deux mille logements de ce quota ont été détournés et notre siège à Dar El-Hamra a été bouclé pour on ne sait quel délit. Quelle aberration de voir le contingent des 54 architectes qui sillonnent actuellement La Casbah ne formuler aucune recommandation pour empêcher que ce fleuron architectural ne soit enlaidi", a ajouté le conférencier. Pis encore, le logement ne "profite pas au Casbadji nécessiteux".
Autre révélation : "85% du vieux bâti relèvent de la propriété privée que nous avons dénombrée avec exactitude du patronyme et la domiciliation du bien immeuble, grâce au concours de la Direction générale du domaine national et à l'apport du Trésor public", a-t-il. "C'est sur l'amas des vieilles pierres de La Casbah que doit s'écrire l'histoire de la culture algéro-berbère des Béni Mezghenna, ces bâtisseurs d'El-Djazaïr.
Mais à l'allure où se succèdent les effondrements, il n'y aura plus de repères qui témoigneront d'une médina millénaire mais aussi héroïque." En ce sens,La Casbah reste ce filon d'où est extrait le logement au détriment de sa sauvegarde. "J'accuse toute personne qui avait la charge de restaurer La Casbah, et qui ne l'a pas fait, d'être un destructeur et un saboteur", a conclu Ali Mebtouche.

LOUHAL Nourreddine
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)