Algérie - Assurances

Hydrocarbures, Le risque Sonatrach difficile à placer


Sonatrach vient de renouveler ses couvertures d’assurances auprès de cinq compagnies d’assurances nationales non sans difficulté puisque, de l’aveu même de ses cadres et de certains assureurs, le risque du groupe devient difficile à placer en raison de la réduction des capacités d’absorption de ce domaine sur les places mondiales.

C’est Ali Rezaïguia, le directeur exécutif Finances de Sonatrach, qui l’a affirmé clairement hier à l’occasion de la signature de contrats de renouvellement des couvertures d’assurances du patrimoine et de la responsabilité civile du groupe pour l’exercice 2006-2009. «Les capacités d’absorption des assurances sont de plus en plus réduites et le risque Sonatrach devient difficile à placer par moments», a-t-il déclaré lors de son intervention inaugurale de la cérémonie. Il appuie ses propos en évoquant le risque avitaillement pour lequel Sonatrach a eu des difficultés à trouver un assureur. «Le risque avitaillement a eu par exemple une seule proposition de soumissionnaire», a-t-il fait remarquer. Et pour d’autres risques, s’ils ne sont pas mis, selon lui, dans des packages «on n’aurait rien eu !».

Mohamed Meziane, le président-directeur général de Sonatrach, rectifie le sens des difficultés évoquées par Rezaïguia en soulignant à propos du renouvellement des couvertures d’assurances du patrimoine et de la responsabilité du groupe que «c’est un processus que nous achevons aujourd’hui par la signature de ces contrats, nous l’améliorons d’année en année et avec la mise en place nouvelle du risque management, cela nous permet d’avoir une couverture de notre patrimoine de la manière la plus efficace possible».

Il est évident que ce n’est pas tant Sonatrach qui pose problème en matière d’assurances et de réassurances sur les places mondiales. D’autant que son directeur exécutif Finances estime qu’aujourd’hui «la notion de groupe Sonatrach est concrète après que plus de 20 filiales se sont affiliées à la maison mère pour constituer un bloc compact».

Le 11 septembre a, faut-il le noter, ébranlé tous les édifices et cadres des échanges internationaux, les assurances étant évidemment parmi les plus en vue. Le PDG du groupe Sonatrach le rappelle en précisant: «On n’a pas de difficulté, le monde évolue, il y a eu l’événement du 11 septembre, ça a changé le monde des assurances et l’impact des assurances sur le niveau de la prime d’assurances». Mohamed Meziane fait remarquer que «nous assurons une activité hydrocarbure qui a ses risques qui sont tout à fait naturels. Il n’y a pas de risque zéro, peut-être que la prime a augmenté, mais il n’y a pas de difficulté particulière comme ça a été annoncé par les responsables des assurances, auprès des réassureurs mondiaux».

 Le patron de Sonatrach tient à convaincre: «Nos assureurs sont réassurés sur l’échelle de la place londonienne ou de New York. Sonatrach suit cette opération pour nous assurer que nous sommes assurés convenablement et réassurés convenablement.» Il en tient pour exemple l’incident de Skikda, pour lequel «on a été remboursé à 100%». L’incident en question n’a-t-il pas pesé dans l’assurance du risque Sonatrach ? lui demandons-nous. «Un peu, ça a pesé un peu dans la prime d’assurance», dit-il, «mais ça nous a aussi permis d’améliorer notre couverture et notre façon de gérer l’assurance et la réassurance», ajoute-t-il. «Par ces contrats, nous assurons, en effet, tout ce que nous possédons: biens meubles et immeubles, activités et installations. Nous exerçons ainsi pleinement nos responsabilités et nos actes de gestion», dira le PDG.

 Rezaïguia note l’évolution d’année en année des capitaux des assurances. Il souligne à propos des niveaux des primes dont fait part Meziane que «les primes payées entre 1994 et à partir de 2001 sont totalement différentes. C’est une véritable cassure par rapport au passé parce que depuis le 11 septembre, c’est un véritable désastre, ces primes ont été multipliées par 3». Il estime que cette année le niveau des primes a augmenté de 14% par rapport aux montants payés l’année dernière. Il annonce par ailleurs que «pour plus de stabilité et parce que c’est avantageux pour le groupe», Sonatrach a décidé de prendre des polices d’assurances de trois ans au lieu d’une année pour les risques simples à l’exemple des automobiles, des patrimoines mobiliers et immobiliers et des missionnaires. Il fait part en outre de l’amélioration des conditions de couverture comme la franchise qui est portée de 2,5 à 5 millions de dollars «parce que nous craignons qu’il y ait un peu plus de problèmes».

 Les contrats signés hier placent, selon Meziane, «au premier plan les questions liées aux divers aléas auxquels notre industrie peut s’exposer». Ces aléas, à l’exemple de l’incident du GL1K, le PDG semble les résumer dans ces propos: «Nous avons consenti trop d’efforts et de moyens pour continuer à accepter que des comportements, des négligences, un manque de vigilance et le non-respect des règles strictes que nous avons édictées puissent mettre en danger la santé et la vie de nos collègues ainsi que ce précieux patrimoine industriel, commercial et culturel, cet outil de travail et cette source de richesses pour notre pays». Sonatrach travaille actuellement sur une cartographie des risques qui nécessitent, selon Rezaïguia, beaucoup de moyens humains et matériels. Le groupe procède aussi en parallèle à l’évaluation précise de son patrimoine «pour aller vers un système de gestion adéquat en matière d’assurances». C’est ce que confirme Meziane en faisant savoir que conjointement avec les assureurs et avec l’appui d’expertises internationales, le groupe planche sur «l’appréciation et la gestion du risque avec l’objectif d’une modernisation rapide de nos approches et pratiques dans ce domaine, pour une protection optimale de nos actifs et une valorisation optimale des risques auxquels les exposent nos activités». Et comme le risque a un coût, il faut, dit-il, «veiller à en réduire l’impact sur les résultats et les finances de notre groupe. C’est cela que nous voulons mettre en place avec le Risk Management». Interrogé sur ses impressions à propos de l’amendement de la loi sur les hydrocarbures, le PDG de Sonatrach lance: «Le gouvernement est responsable du cadre législatif et réglementaire, je représente une entreprise, un opérateur qui exécute les décisions au niveau de l’Etat.» En tant que gestionnaire, en êtes-vous satisfait ? lui demandons-nous. «J’applique, j’applique», répétera-t-il.

 




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