Hamrouche Hammoudi (Skikda) : Le bidonville de tous les maux

Le site vient amplifier le marasme urbain ambiant ponctué également par la présence d'écuries avec toutes leurs nuisances.Si, dans la majorité des agglomérations urbaines de la wilaya de Skikda, les bidonvilles ont de tout temps été élevés sur des poches se situant le long des périphéries, à Hamrouche Hammoudi, dans la commune de Hammadi Krouma, c'est plutôt le contraire qui s'est produit.
En effet, le bidonville de cette localité, distante de moins de 10 km au sud de la ville de Skikda, s'incruste en plein c?ur de l'espace urbain, comme s'il s'agissait d'une cité urbaine faite de parpaing et tôle. Ceinturé d'habitations, du centre culturel de la localité et de l'unique centre de santé, le bidonville connu sous l'appellation «El Fellahine» (les Fellahs) représente une authentique tache noire.
Il vient même amplifier le marasme urbain ambiant ponctué également par la présence d'écuries qui, avec leurs nuisances, restent encore implantées dans cette agglomération depuis des lustres déjà. «C'est le plus ancien bidonville de Hamrouche Hammoudi», explique l'un des membres de l'association du bidonville. Selon ses dires, il y aurait au moins 70 familles qui y habitent depuis une trentaine d'années.
Comme s'il s'agissait d'un espace fortifié, le bidonville s'élève dans une logique presque architecturale. Il est formé d'ilots comprenant un ensemble de gourbis qui se relayent grâce à des sentiers servant de ruelles qui donnent sur quatre entrées principales. «Cela fait des années qu'on veille à ce qu'il n'y soit plus de nouvelles constructions», déclarent les membres de l'association, tout en nous montrant un espace libre au c?ur du bidonville où poussent les mauvaises herbes.
En parcourant les ruelles escarpées et humides du bidonville, on plonge carrément dans un autre monde. Au ciel, les fils électriques, telles une toile d'araignée sont là pour témoigner du phénomène de la rétrocession et au sol, la terre souillée et glissante donne un aperçu de la misère quotidienne des habitants.
«Nos enfants côtoient les rongeurs et les moustiques font partie de notre vie», raconte un père de famille. Les autres insistent pour raconter leurs misères et à chacun de narrer sa propre histoire pas toujours heureuse. «Notre bidonville vient presque en aval de la rue principale du village, et chaque saison de pluie, toutes les eaux se déversent sur nous.
On n'en peut plus !». Ce témoignage encouragera les autres à revenir sur leur situation. «On a organisé pas moins de sept manifestations devant le siège de la wilaya avec l'espoir qu'on daigne au moins nous écouter. Malheureusement, on n'a jamais réussi à parvenir ni au wali ni à son chef de cabinet», disent-ils.
Les membres de l'association profitent de notre présence pour rappeler qu'ils représentent les habitants du premier bidonville de la cité et qu'ils demandent à ce qu'on ne les oublie pas lors de la distribution des logements sociaux. «À Hamrouche Hammoudi, il y un programme de 400 logements sociaux achevés et un autre de 350 unités en voie d'achèvement. Nous revendiquons notre droit de disposer d'un logement décent», jugent-ils.
Par ailleurs, il serait utile de relever que l'option de résorption de ces habitats précaires libérera une assiette urbaine conséquente pouvant accueillir d'autres projets d'envergure dans cette localité. Tout le monde aura à y gagner, et les habitants des «Fellahine» et l'agglomération de Hamrouche Hammoudi.