Algérie - Pollution

GRAVES ATTEINTES À L’ENVIRONNEMENT MARIN: Skikda, la ville de tous les dépassements




GRAVES ATTEINTES À L’ENVIRONNEMENT MARIN: Skikda, la ville de tous les dépassements


Un spectacle hideux caractérise depuis quelques jours déjà la plage Ben M’hidi où d’imposants amas de terre gisent aux limites du sable doré, qui continue de faire la fierté de cette bande côtière, longue de plusieurs kilomètres. Déposés non loin du lit de l’Oued El Gatt, aux limites des communes de Skikda et de Filfila, ces monticules de terre ont été extraits lors des travaux relatifs au projet de réalisation d’une station de relevage.

«Au lieu d’évacuer ces déchets solides vers le Centre d’enfouissement technique (CET), l’entreprise en charge du projet a préféré les déposer aux limites de la plage pour commencer par la suite à les distribuer à quelques propriétaires de parking», explique Amar Laroum, un jeune ingénieur en écologie-environnement qui, devant «le silence incompréhensible» des associations locales, a préféré user de son droit de citoyen pour dénoncer cette agression.

«La terre, toute noire qui a été déjà utilisée pour recouvrir les espaces de ces parkings des plages ne tiendra pas devant les premières crues et ira directement polluer le sable des plages. Si on ne fait rien, le sable fin de Ben Mhidi finira par perdre de son éclat», ajoute M. Laroum.

Le problème de ces amas de terre jetés tout près des plages n’est cependant qu’une infime partie d’une agression plus grave encore. Les monticules de terre déposés aux limites des plages proviennent des travaux d’un projet tout aussi nocif. Il s’agit du projet d’une station de relevage qu’on s’apprête à réaliser pratiquement dans le domaine maritime.

«Cette station jouxte carrément la plage et ne tiendra pas longtemps devant les grandes vagues hivernales propres à la côte de Ben M’hidi», juge M. Laroum.

A relever que cette station devait initialement être réalisée sur un autre site loin de la bande côtière, mais le terrain qui devait l’abriter fut attribué par l’ancien wali Hadjeri Derfouf à un promoteur pour y élever un hôtel. Cette décision n’a fait que retarder le projet et a posé par la suite de grands soucis aux décideurs qui ne savaient plus comment faire, avant de décider de l’implanter tout près des plages limitrophes à Oued El Guatt. C’était là une sorte d’échappatoire facile dont les répercussions risquent d’être plus graves qu’on le croit.

M. Laroum et quelques militants écologistes n’ont pas manqué d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur les conséquences des rejets des amas de terre près des plages et surtout sur l’implantation de la station de relevage et ils ont fini par être entendus.

«Samedi dernier, nous avons assisté à une rencontre avec le chef de daïra, les maires de Skikda et de Filfila, quelques directeurs de l’exécutif ainsi que le chef de brigade de la gendarmerie. On nous a affirmé qu’un PV d’infraction avec des poursuites judiciaires a été dressé contre l’entreprise responsable du rejet de la terre près des plages. Cette entreprise devra également tout entreprendre pour débarrasser les sites pollués par ces terres. Au sujet de la station de relevage, on nous promis de la délocaliser de quelques mètres plus loin», rapporte M. Laroum qui se dit encore prêt avec ses compagnons à poursuivre pacifiquement la lutte pour éloigner cette station de la plage.

La ténacité du jeune Laroum et de ses amis écologistes est venue, une fois encore, exposer au grand jour l’inefficacité du mouvement associatif à Skikda, une ville ouverte à toutes les impunités et où tout est apparemment permis. Même l’inimaginable.




Photo: La réalisation d’une station de relevage est une menace pour les lieux (photo: el watan)

Khider Ouahab
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