Algérie - Revue de Presse

Ghazaouet La Maison Oubliée De l'Emir Abdelkader



Le pavillon où l'Emir Abdelkader passa sadernière nuit pour quitter une fois pour toute sa terre natale, n'est pas unmonument connu.Des générations entières passent à quelquesmètres de l'histoire sans le savoir. Pis encore, il a tout simplement étéemmuré et se trouve dans un anonymat injustifié. Etpourtant, c'est un pavillon construit par le lieutenant-colonel Lucien deMontagnac pour servir de poste de commandement, le 21 septembre 1845, etinauguré officiellement le 26 septembre 1945, au cours des cérémonies quimarquèrent le Centenaire du Combat de Sidi Brahim. «C'est dans le petit jardin attenant à cette maison qui fut celledu lieutenant-colonel de Montagnac qu'Abdelkader se présenta le 24 décembre1847 au Duc d'Aumale et lui offrit son cheval en signe de soumission. Onrapporte aussi que l'Emir passa sa dernière nuit dans le pavillon, avant sondépart en captivité le 23 ou 24 décembre 1847" peut-on lire dans lamonographie illustrée de Francis Llabador «Nemours» en pages 304 et 305.Cependant, en bas de page on peut lire que «s'il est exact que l'EmirAbdelkader fut introduit dans l'une des chambres du pavillon du commandantd'Armes le jour de sa reddition, il paraît peut vraisemblable par contre qu'ily passa sa dernière nuit. E. Pellissier de Reynaud (Annales algériennes, tomeIII, p. 304 rapporte en effet, qu'après sa présentation publique et officielleau Duc d'Aumale, au cours de laquelle il lui offrit une jument noire, l'EmirAbdelkader retourna à pied dans sa tente. Le25 décembre 1845, Abdelkader sa famille et ses compagnons s'embarquèrent pourToulon sur la frégate Asmodée. Tous ses effets personnels, ses bagages sestentes et ses chevaux, ses mules et chameaux avaient auparavant été vendus parles autorités françaises pour 6.000 francs (...). Le général Lamoricièrel'accompagna à bord et lui fit généreusement un présent de 4.000 francs. Enretour, Abdelkader lui donna son épée. In La vie d'Abdelkader Charles-HenryChurchill. On aime à raconter à Ghazaouet, lorsqu'on est face à l'église, quec'est sur cette place qu'Abdelkader et ses hommes se sont frayés un chemin pourmonter sur une barque qui les emmena au large où était amarrée l'Asmodée. Onmontre même du doigt cette maison où même s'il n'y a pas vraiment passé sadernière nuit, il y passa des heures entières en compagnie du Duc d'Aumale, duGénéral Cavaignac, du Colonel Montauban et du Colonel Beaufort. Destyle colonial, la maison est restée intacte sous le bougainvillier qui luidonne de l'ombre à longueur d'année à part quelques murs lézardés et quelquesdépendances ajoutées. Au lendemain de l'indépendance, la maison a été cédée àla mairie puis aux Anciens Moudjahidine qui en firent leur bureau jusqu'àl'heure actuelle. Mais aucune plaque ne montre que l'Emir a passé là, sesdernières heures en sol natal. Seule trace de mémoire, une plaque commémorativeeffacée par le temps sans être renouvelée, sur la place même où l'on peut lire«Après la convention du Palmier le 23/12/47, l'Emir Abdelkader symbole del'Unité nationale et fondateur de l'Etat algérien moderne embarqué le24/12/1847, jour fixé par Dieu de cette ville de Ghazaouet vers sa Hidjra après17 années de lutte». C'est tout, pendant que la maison semble abandonnée, sansune plaque commémorative avec plus d'explications. Un vrai scandale semblentdire certains qui comprennent que Ghazaouet est en train de passer devantl'Histoire. D'aucuns diront que l'Emir mérite mieux qu'une simple plaqueeffacée à la première pluie.
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