Algérie - Revue de Presse

George W. Bush réélu pour un nouveau mandat de 4 ans




Vers des années difficiles La Cour suprême n?aura pas à venir à la rescousse de George W. Bush pour le nommer président des Etats-Unis. L?Ohio 2004 ne sera finalement pas Floride 2000. L?Ohio, Etat mi-industriel mi-rural, qui a la réputation de « faire » les Présidents américains, a connu hier quelque chose qui ressemblait au scénario de la Floride où l?on a « consommé » 36 jours pour départager Al Gore et Bush. Il était, pour reprendre l?expression outre-atlantique, « too close to call » (trop serrée pour prévoir le résultat). Hier, et pendant plusieurs heures, le décompte des voix à l?Ohio ne faisait pas la différence entre Bush et Kerry. La situation était presque similaire dans l?Iowa et dans le New Mexico. C?est le secret du système du collège électoral qui fait que le vote populaire pèse moins que celui des 538 grands électeurs des Etats (il faut 270 des voix pour être proclamé président des Etats-Unis). Au niveau national, Bush avait un avantage estimé à 3,5 millions de voix. En 2000, la situation était autre puisque Al Gore avait remporté le vote national par plus de 530 000 voix, mais perdu l?élection au collège électoral. « Nombre de démocrates pensaient qu?il ne serait que justice que l?ironie du système électoral américain se retourne à présent contre Bush et que leur candidat s?impose en ayant perdu le vote populaire », observe l?Associated Press (AP). Les démocrates ont, d?après Reuters, et dans un premier temps, réclamé que chaque voix soit comptée dans cet Etat avant que la situation change radicalement. A leur tête le colistier de Kerry, l?avocat John Edwards. Le suspense n?a pas duré. A 11 h (17 h à Alger), le candidat démocrate John Kerry, 60 ans, a pris le soin d?appeler, à partir de Boston, son rival pour le féliciter. Selon la secrétaire de presse du candidat démocrate, Stephanie Cutter, citée par le New York Times, Kerry a eu une courtoise conversation avec Bush. « Il lui a dit qu?il était temps que ce pays soit unifié », a-t-elle rapporté. Kerry n?était pas sûr que les 20 voix des grands électeurs allaient enrichir sa moisson de 252 voix. Il n?a donc pas attendu les résultats définitifs de l?Ohio et a décidé de prendre la parole pour s?adresser au peuple des démocrates, celui qui a cru jusqu?à la dernière minute pour « vote to change » (voter pour changer). « Aujourd?hui, j?espère que nous pourrons commencer à guérir les divisions engendrées dans ce combat électoral (...). Ne perdez pas la foi », a déclaré Kerry dans son discours devant des sympathisants. Bush a estimé que la reconnaissance par Kerry de sa défaite était « très élégante ». Au téléphone, Bush a déclaré à Kerry : « Je pense que vous avez été un adversaire admirable et digne. » Gros risques Au cours de la journée, le secrétaire général de la Maison-Blanche, Andrew Card, a déclaré, repris par l?AFP, que le Président républicain disposait d?un avantage « statistiquement insurmontable ». « Nous sommes convaincus que le président Bush a remporté l?élection avec au moins 286 des voix des grands électeurs », a-t-il dit devant les partisans de Bush réunis dans un bâtiment non loin de la White House. En fin de journée, la Fox News, une chaîne entièrement acquise à la Maison-Blanche, propriété de l?Australo-Américain Rupert Murdoch, a annoncé la nouvelle : « Bush wins second term » (Bush a gagné un second mandat). George Walker Bush, 58 ans, républicain, sera le 44e président des Etats-Unis. Il est aussi le 17e à avoir été réélu dans l?histoire de l?Amérique. Le premier fut George Washington en 1789. En vertu du 22e amendement de la Constitution américaine, un président ne peut avoir plus de deux mandats. La présidentielle 2004, qui a mobilisé plus de 4 milliards de dollars pour la campagne, est la première en temps de guerre depuis le Vietnam, à la fin des années 1960. « Bush va se sentir justifié d?avoir pris ce qui était vraiment de gros risques dans des endroits comme l?Irak et en termes de politique fiscale. s?il ne règle pas ce problème de polarisation, son second mandat va être une expérience amère et malheureuse », estime Bruce Buchanan, professeur de sciences politiques à l?université du Texas, cité par Reuters. En axant son discours et sa campagne sur le « danger » qui pèse sur les Etats-Unis à cause du terrorisme, Bush a finalement, selon des observateurs, réussi à provoquer chez la population américaine un vote refuge. « Il va nous protéger », a lancé un sympathisant de Bush à CNN. Ce sentiment a été accentué grâce à la curieuse sortie de Ben Laden, ennemi numéro un de l?Amérique, sur El Djazira, à quelques jours du scrutin. Le locataire de la Maison-Blanche a pu faire oublier l?incapacité de son administration et de la communauté d?intelligence qui l?entourent de traquer Ben Laden et de le capturer. Bush, grâce à une religiosité étudiée, a réussi à séduire l?Amérique profonde, conservatrice plus que jamais. Ce n?est pas par hasard que les Whites (Blancs), les vétérans de guerre et les hommes d?églises ont tous - ou presque - voté pour lui. L?idée du commander in chief (commandant en chef), à cause de l?engagement des troupes en Irak et en Afghanistan, a eu des effets qui ont profité à Bush et au groupe des néoconservateurs qui contrôlent la Maison-Blanche et le Grand Old Party (GOP, parti républicain). Dernière consolation de Bush : s?être « vengé » pour son père George Bush, battu par le démocrate Bill Clinton en 1992, au terme d?un seul mandat. En dépit de la « prouesse » des républicains, qui ont désormais la majorité au Sénat et à la Chambre des représentants, Bush va gérer une Amérique désormais divisée et plus sensible aux questions internationales, comme le dossier irakien. Les contraintes seront plus grandes même si le poids des lobbies sera moindre.

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