Algérie - A la une


C'est fou, ce que les vieilles histoires drôles reviennent à la faveur de nouvelles histoires... moins drôles. Tenez, vous devez tous vous souvenir de l'histoire de la ceinture de sécurité dans les véhicules. L'Algérie désespérait de voir les Algériens enfin passer autour de leur taille ce satané ruban qui peut leur sauver la vie. Des décennies après, tout le monde se souvient d'efforts inutiles déployés dans les «campagnes de sensibilisation», des «journées d'information de la police», des «journées d'explication» de la gendarmerie et des «expositions» de la Protection civile. Dans l'affaire, on y avait mis à contribution les «associations», les scouts et parfois les... imams. Tous avaient prêché la bonne parole pour le port de la ceinture. Le flop intégral. Il a fallu que quelqu'un de pas spécialement génial, puisqu'en la matière, il n'a rien inventé, sorte une bonne vieille recette qui a fait ses preuves ailleurs : frapper à la poche au lieu de supplier, d'expliquer, de sensibiliser... Qu'on s'entende bien, «frapper à la poche» ne veut pas toujours dire infliger des amendes mais plus largement sanctionner. Il fallait punir et si possible faire mal. Faire payer en espèces sonnantes et trébuchantes ou autrement. Il y en a que le retrait de permis incommode beaucoup plus que payer. Ils ont les moyens de leurs péchés mignons. Il y en a d'autres qui ne peuvent pas se permettre des folies. Tout ce beau monde a fini par «faire attention. Le résultat est éloquent : c'est fou, ce que les Algériens font attention à la ceinture de sécurité depuis quelques années ! On n'en serait certainement pas là si on était resté aux conducteurs qui s'excusaient de ne pas avoir mis leur ceinture parce qu'ils pensaient que la police... ne travaillait pas le vendredi. Ou parce qu'ils avaient oublié qu'il y avait un barrage à l'endroit où ils ont été surpris ! Allons-y pour une autre histoire, une autre histoire : la violence dans les stades. Chaque saison sportive est un autre recommencement de faits douloureux et parfois dramatiques. Dans le cas précis, on en est encore aux campagnes de sensibilisation, aux rencontres de proximité avec la police, aux ?'matchs de rapprochement amicaux'', aux ?'échanges conviviaux entre comités de supporters'' et toujours et encore aux prêches du vendredi pour convaincre qu'un stade de foot n'est pas un champ de guerre. Anachronique, ailleurs, on est passé à autre chose depuis longtemps et les résultats sont plutôt brillants. Ailleurs, on a emprisonné ferme, on a interdit de stade pour longtemps, pour très longtemps ou à vie. Ici, ce sont les présidents de club qui vont dans les commissariats faire sortir leurs ?'supporters'' pris en flagrant délit de violences ou de vandalisme ! Là aussi, on connaît les résultats. Restons tout de même dans l'actualité. Hier à Bab-el-Oued, un commerçant qui revendiquait manifestement l'exemplarité s'en prenait à ses collègues qui ne respectent pas le protocole sanitaire en ces termes : Vous voulez qu'on nous ferme tous ou quoi '» On a compris, même pour le Covid-19, il faudra frapper à la poche. Le bonhomme qui fulminait sur les autres commerçants pensait à son tiroir-caisse, pas à la santé publique. Comme beaucoup de ceux qui portent la bavette le font parce qu'ils craignent l'amende. La contrainte, ce n'est pas toujours honorable mais c'est souvent utile. Très utile, en temps de pandémie.S. L.



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