Ni le temps passé, même s’il est bien long, ni l’oubli, parce qu’imposé, n’ont réussi à faire oublier la mémoire de Smaïl Yefsah, ce talentueux journaliste lâchement assassiné par le terrorisme qui, dans la folie meurtrière, s’est adonné à un véritable génocide contre la classe intellectuelle algérienne.
Non ! Tala Amara refuse toujours d’oublier !
Vingt-deux ans sont déjà passés, mais c’était comme si cela datait d’hier. Cette triste journée du 18 octobre 1993, où Smaïl a été froidement exécuté par ceux qui voulaient mettre le pays à genoux, peut sembler lointaine, mais la plaie paraissait, encore hier, toujours ouverte et la douleur encore des plus profondes.
L’émotion était vive. Elle nouait les gorges. Ses proches, ses anciens collègues, ses amis d’enfance et de jeunesse, ainsi que des anonymes étaient là pour la partager. Ils étaient nombreux à se regrouper, hier matin, au cimetière de Tala Amara où la cérémonie de recueillement, initiée par l’association Le Défi, devait débuter avec le dépôt d’une gerbe de fleurs sur la tombe de ce martyr de la presse qui repose pour l’éternité parmi les siens sur cette crête qui surplombe toute la vallée du Sébaou.
Les mots étaient difficiles à trouver pour rappeler la vie et le parcours de journaliste qui faisait partie de cette race d’intellectuels qui dérangeaient bien des intérêts et perturbaient bien ces desseins criminels qui ne visaient qu’à faire de l’Algérie un pays sans avenir.
La cérémonie s’est poursuivie au monument des martyrs du village où une autre gerbe de fleurs a été déposée, puis au musée portant le nom du journaliste où écrits, photos et coupures de presse de l’époque interpellent les consciences.
“Il ne faudrait pas que son assassinat reste impuni”, lit-on sur un de ces écrits qui rapportait le cri de ses confrères de l’époque.
Mais 22 ans après, non seulement le crime est resté impuni, mais sa mémoire, comme celle de toutes les autres victimes de l’époque, sont en proie à l’effacement également, dans le sillage d’une absurde réconciliation avec la bête immonde, un objectif auquel obéirait la démarche du ministre de la Communication visant à éviter que la Maison de la presse de Tizi Ouzou ne soit baptisée du nom de ces martyrs.
Dans un essai publié à compte d’auteur et dédicacé hier, Abderrahmane Yefsah, le frère du défunt journaliste, refuse l’abdication.
“Ni la réconciliation ni le pardon ne me semblent être du domaine du possible, surtout qu’aucune repentance, même du bout des lèvres, n’est exprimée”, lit-on dans cet ouvrage.
Samir Leslous
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Posté Le : 20/10/2015
Posté par : akarENVIRONNEMENT
Photographié par : Photo: ©Samir Leslous/Liberté ; texte: Samir Leslous
Source : liberte-algerie.com du lundi 19 oct 2015