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Une Mémoire pour l'oubli


Une Mémoire pour l'oubli


Beyrouth 1982. L'armée israélienne assiège et bombarde la ville. La lumière se fait sur scène sur un bruit d'explosion, on découvre une pièce jonchée de livres, tombés des bibliothèques. Mahmoud Darwich, incarné par François Abou Salem, est comme propulsé sur le devant de la scène. Le poète est dans son appartement au 8ème étage d'un immeuble, témoin impuissant du désastre. Il ne peut pas sortir. Il a peur. Il ne peut même pas aller dans la cuisine se préparer un café, le café turc traditionnel, ce café constitutif du mode de vie oriental et qui devient alors symbole même de cette culture assiégée.
"Une mémoire pour l'oubli" est l'un des rares textes en prose de Mahmoud Darwich. Rédigé en 1987, soit cinq ans après les faits, il revient sur ce chapitre tragique et charnière de l'histoire palestinienne et malgré le recul, il se clôt sur ces mots "Je ne vois que le naufrage". Mais auparavant pour échapper à l'angoisse de la fin, de ce nouvel exil qui s'ouvre, il nous livre des fragments de vie, souvenirs morcelés, chroniques du carnage et des décombres et réflexions lucides et désabusées sur le destin de ce "reliquat d'humains" qui font pourtant encore le V de la victoire en surgissant des débris.
François Abou Salem a voulu adapter ce texte-bilan parce qu'il lui semble marquer le début d'une nouvelle ère dans l'histoire du peuple palestinien. De ce constat sans complaisance que fait le poète de lui-même, de la ville d'accueil qui ne sera plus jamais la même, du destin de son peuple, il a tiré une pièce qui interpelle le public, arabe et palestinien en particulier, par l'évocation d'un passé rebelle à l'oubli.
François Abou Salem, est né d'un père palestinien et d'une mère française. Elevé à Jérusalem, il commence son parcours théâtral au théâtre du Soleil d'Ariane Mnouchkine en 1968 puis revient à Jérusalem où il travaille comme comédien et auteur avant de fonder la Compagnie El Hakawati en 1977 qui présentent ses pièces dans les camps de réfugiés avant d'entamer une carrière internationale. En 1983 il réhabilite le Cinéma Nuzha incendié et y crée la première salle de théâtre palestinienne. Devenue Théâtre National Palestinien, il en sera le directeur artistique jusqu'en 1989. A cette date la compagnie tourne essentiellement en Europe où François Abou Salem s'est installé. Il joue, écrit, met en scène, notamment des opéras comme "L'enlèvement au Sérail" de Mozart qui fit événement au festival de Salzburg en 1997. A partir de 2002, il revient en Palestine où il travaille sur plusieurs projets mais c'est en 2006 qu'il s'y installe à nouveau. Il y reprend, dans une version minimaliste, la création "Gilgamesh" qu'il avait présenté à Nanterre. Puis il adapte le texte de Mahmoud Darwiche et "Abu Ubu au marché de la viande" en tournée internationale depuis 2008.


Avec: François Abou-Salem.
Adaptation théâtrale : Amir Nizar Zuabi et François Abou-Salem.
Mise en scène : Amer Khalil et François Abou-Salem.
Scénographie : Amiz Nizar Zuabi.




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