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Si Salah ZIdani

Si Salah ZIdani
Printemps 1956
Oued Béni Fédhala, un lieu-dit, que se partage trois tribus, les Béni Fedhala, les Touaba et les
Béni Maâfa à une quinzaine de kilomètres de Ain touta ex Mac Mahon, dans le département des Aurès, vit les affres de la misère et ceux de la guerre qui était à sa deuxième année. Barbat, centre géographique des lieux, abrite un gros casernement de chasseurs alpins motorisés. Installé sur une butte, contrôlant à la fois les routes d’El Kantara, celle de Mac Mahon et les gorges des Larbaâ menant vers Bouzina et Menaâ en plein cœur des Aurès, il défiait les lieux. Les gorges qui débouchent sur le hameau de Maâfa El Hakania (l’authentique) étaient considérées comme l’endroit duquel surviendrait toute incursion de fells (contraction de fellaghas). Leur accès, contrôlé par un avant-poste militaire, occupé par une section fortifiée dans une ancienne école, était placé sous bonne garde. Le souvenir de l’attaque de la gendarmerie coloniale, le 1ernovembre 1954 à Mac Mahon, ne s’est pas encore estompé. Depuis lors, la région est étroitement surveillée ; le chahid Salah Zidani !! , chef politico-militaire zonal, est chanté par l’épître populaire. Le chahid Zekkour, enfant du hameau, tenancier d’un commerce à Mac Mahon, constituait le point de ralliement des agents de liaison « Moussebiline » et des chefs de guerre de la résistance armée.
Planifiée en mai, l’opération, en quête d’armement à récupérer, devait être menée le 30 du même mois, juste après minuit. L’agent chargé de faire la jonction avec le groupe de choc qui devait mener l’attaque contre le poste avancé de Maâfa, n’était autre que le chahid Salah Nezzar, sous-officier d’active au sein même du cantonnement. Le mot de passe était : « Lahoua ou dhrara » (la brise de la montagne). Le groupe, qui prenait la précaution de faire éloigner la population par crainte des représailles, était déjà sur les lieux à minuit. Le hameau sur l’autre berge de l’oued, visible aux quelques lueurs blafardes de quinquets, semblait assoupi. Seules les lumières crues des miradors du poste illuminaient les lieux. A l’heure indiquée, la voix de Salah Nezzar entonnant « Lahoua ou dhrara » déchirait le silence de la nuit. La porte d’accès est subrepticement ouverte, le groupe se scinde en deux, le premier se dirige vers les chambrées et le second vers l’armurerie. L’effet de surprise ne laissait aucune chance à l’ennemi, les premières victimes étaient exécutées à l’arme blanche, ceux qui tentèrent de réagir ne résistèrent pas longtemps au crépitement des armes. Le bilan fait état de quarante tués parmi les assiégés et de quatre chahids, tous « Moussebiline » parmi les assiégeants. Seul rescapé, un soldat du contingent eut la vie sauve pour s’être dissimulé dans une bâche à eau au cours de l’assaut. Il a été récupéré cette nuit-là, 100 pièces d’armement léger, 4 fusils-mitrailleurs et un mortier. La riposte ne se fit pas attendre, tout le hameau de Maâfa, déjà évacué, fut soumis au pilonnage des canons d’engins blindés ; seules deux vieilles personnes invalidées par leur âge avancé, ne quittant volontairement pas les lieux, y périrent. Paris avait à l’époque introduit l’euphémisme cyniquement appelé : responsabilité collective aux lieu et place de sanglantes représailles.
















Printemps 2009
A la sortie sud-est de Aïn Touta (ex-Mac Mahon), la route des Maâfa serpente à travers les collines, sur une quinzaine de kilomètres. A quelques minutes de notre destination, la descente sur l’oued des Béni Fedhala s’amorce en douceur. La vue plongeante sur le vallon verdoyant est à couper le souffle. Quelques masures traditionnelles en pierre taillée existent toujours, elles rappellent aux « oublieux » comment vivaient ces populations rudes, fières et néanmoins humiliées par une présence coloniale des plus abjectes. Des jardins en terrasse sont déjà fleuris par l’abricotier très répandu dans la région, le pêcher et autres végétaux rustiques : figuiers et oliviers. Disséminé à perte de vue, le logement rural détonne sur le vieux bâti. Le vallon semble pulsé à la vie, les populations, qui avaient jadis quitté les lieux, semblent vouloir y revenir. Un petit chevreau apeuré se risque à sauter du toit d’une ancienne maisonnette semi-enterrée servant probablement de bergerie. Une symphonie de lumière, de couleurs printanières et de sonorités champêtres incite à la farniente contemplative. La paix est bien là, les échines ne sont plus courbées sous la cravache du contremaître, bras armé du colon, mais pour mieux creuser la terre. Ingrate parfois mais souvent généreuse, celle-ci est la leur, ils la bichonnent.
Le nouveau centre de vie de Barbat est à quelques minutes de roulage, il est vite rallié. Le sinistre casernement est toujours là, ceint d’une lugubre muraille de pierre, il jure par son incongruité sur ces lieux qui n’appartiennent plus à ses bâtisseurs, repartis à jamais. A l’inverse des vestiges romains, la conscience populaire inscrit ces temples de la torture, dans les sombres replis de la Nuit coloniale. Et comme l’histoire poursuit inexorablement son cours, il n’est plus seul sur les lieux, et là : une école, une mairie, une annexe de centre culturel, un centre de santé, une brigade de gendarmerie et un collège d’enseignement moyen nouvellement mis en service. Il accueille les élèves qui, jusque-là, étaient scolarisés à « Touta ». L’infirmier, diplômé d’Etat, « médecin du coin », connaît bien la population desservie par ses soins. Il dit recevoir régulièrement le médecin consultant ainsi que l’équipe mobile chargée des vaccinations et autres prestations sanitaires.
Sur les 3 km restant à parcourir sur la corniche surplombant l’oued pour atteindre l’ancienne Maâfa, se trouve Izemmourène, vestiges d’une archaïque huilerie, relique de l’histoire communautaire. Au détour de deux ou trois virages en épingle à cheveux, des stèles commémoratives d’accrochages entre les forces d’occupation et des groupes de résistants sont érigées pour le devoir de mémoire. Sur ces mêmes lieux, le chahid Khanouch a été déchiqueté en décembre 1955 en manipulant la charge explosive qu’il s’apprêtait à enfouir dans le sol,etle frere de si salah zidani mohamed zidani devenu aveugle avant le passage d’un convoi militaire francais.
!!!! L’ancien hameau devenu village porte le toponyme « Dechrat Mokhtar Medhkour alias El Ghali », l’un des principaux auteurs de l’attaque contre le poste avancé à!!!!! quelques mètres de là. Celui-ci sera la première étape de notre visite. Jalousement protégé par un mur d’enceinte et un portillon, il témoigne encore de ces « gueux » qui poussèrent l’outrecuidance, jusqu’à attaquer les forces d’occupation dans leurs propres repaires, pourtant fortifiés. Une allée dallée mène vers un mémorial de près de 3 mètres de haut, la grande plaque de marbre gravé, restitue les détails du déroulement de l’opération, ainsi que les noms des martyrs tombés cette nuit printanière de 1956./la photo et la liste des chouhada de maafa
Le village naissant est formé de quelques maisonnettes, une mosquée et une école. En pleine revivification, le lieu présente des signes d’une timide, mais néanmoins visible urbanisation. Un cantonnement de garde communale fait face au musée du Djihad. Djamal Dahmani!!! le jeune gardien, est fier de nous présenter « son » musée. Les restes d’un moteur d’avion de chasse, d’une bombe déchiquetée trônent à côté d’une monstrueuse bombe de 500 kg qui n’était que fêlée, son système de mise à feu, assurément défaillant, n’a pas provoqué de déflagration. L’intérieur, propret et bien tenu, contient une riche documentation, une plaque en cuivre ne comportant pas moins de 120 noms de martyrs, pour beaucoup d’origine inconnue, dont « Le Kabyle » était en attente d’être fixée quelque part. Des photos de chouhada, des plus illustres aux anonymes, sont affichées sous verre cadenassé, des journaux pour la plupart arabophones relatant les faits de guerre sont classés avec méthode. Djamel veille jalousement sur son patrimoine historique. Il nous brandit une coupure de presse de l’époque, montrant un soldat colonial portant un petit baudet sur le dos, avec ce commentaire journalistique : « La pacification ne touche pas que les populations, elle s’intéresse même aux animaux ! ».
Non loin du village, le cimetière de chouhada entouré d’une petite murette est là, sous l’ombrage de quelques essences forestières. Les tombes nouvellement blanchies ne portent aucun nom et c’est tout de même curieux ! L’emblème national apparemment neuf hissé sur la hampe augure de la commémoration très prochaine de la Journée du Chahid du 18 février. Non loin de là, de véritables chantiers sont à pied d’œuvre : constructions nouvelles et forages. Les gardes communaux Aïssa et Kaddour, qui faisaient office de cicérones, parlent du retour progressif de gens qui avaient longtemps déserté les lieux. Kaddour et son cousin, avec une pointe de regret, auraient aimé, eux aussi, bénéficier de l’apport financier de l’autoconstruction rurale afin de se fixer définitivement ; surtout que de grandes potentialités hydriques sont mises en évidence. Et du doigt, Kaddour nous montre une foreuse et d’ajouter : « avec la sonde, l’eau n’est qu’à 80 mètres de profondeur ». Le bref pèlerinage en ces lieux mythiques n’aurait pas été complet sans la visite des gorges où naît l’une des principales sources qui alimentent Oued Maâfa. Ce dernier rejoint par oued Béni Fedhala, se jettent tous deux à oued El Haï qui traverse El Kantara pour aller mourir dans le barrage de Fontaine-des-Gazelles dans la wilaya de Biskra.
La route qui mène vers l’une des nombreuses sources de oued Maâfa, est asphaltée et se termine en cul-de-sac sur la berge droite du cours d’eau. Les ruines de l’ancien hameau sont à un jet de pierre sur la rive opposée. En dépit de son apparent abandon, des pylônes électriques alimentent toujours le hameau et ce n’est certainement pas l’œuvre « civilisatrice et bienfaitrice » du colonialisme. La source, qui produit un gros débit, sourd sous la roche du lit de l’oued encaissé entre de hautes falaises qui l’enserrent plus étroitement vers l’amont. Un grand bassin bétonné, qui servait durant la chaude saison de piscine aux soldats français, est toujours là. Le spectacle est époustouflant, les parois rocheuses sont incrustées d’anciens gîtes semblables à ceux du Rouffi. Il ne s’agit pas simplement de grottes jadis habitées, des traces de fumée persistantes le prouvent aisément, mais de demeures qui gardent encore des restes de murs en terre cuite soutenus par des poutres en bois qui enjambent le vide des crevasses rocheuses. Le génie bâtisseur des anciens habitants faisait que ces habitations se sustentaient à plusieurs dizaines de mètres du sol. Kaddour, le garde communal, nous apprend qu’en suivant le cours d’eau vers l’amont, l’on peut aboutir à la cédraie des Larbaâ appelée Z’kak (la ruelle ?). Cette commune, qui a souffert des exactions terroristes, a été virtuellement abandonnée par ses habitants ; son administration, elle-même, a été momentanément installée à Bouzina, non loin de là. Fiers de leur Maâfa « El Hakania », Aïssa et Kaddour affirment que leur dechra n’a jamais connu de turbulences, à part celles engendrées par la guerre de Libération nationale. Nous quittons les lieux, non sans un certain sentiment de redevance morale envers ce bastion qui a consenti autant de sacrifices, disproportionnés d’ailleurs, en regard du petit nombre d’habitants qu’abritait le vallon des Béni Maâfa.
Le quotidien d’Oran




A l’occasion du cinquante sixième de l’attaque du poste de l’armée française, situé dans la commune de Maâfa à quelques kilomètres au sud de Batna, qui coïncide avec le 30 mai,2012 accompagné d’une délégation, s’est déplacé avant-hier sur les lieux afin d’assister aux festivités de commémoration du 30 mai 1956…………..… Pendant ce jour et exactement il y a 51 ans, le moudjahid SI SALAH ZIDANI A programmé l’attaque de ce poste avancé de l’armée française qui contrôlait le passage au poste de commandement de la wilaya «Une» avec le martyr Salah Nezzar qui était SGT de l’armée française au sein de ce poste. Ce dernier a réussi à mobiliser 8 autres Algériens en service militaire obligatoire, à ouvrir les portes du poste la nuit du 30 mai 1956 devant le groupe des moudjahidine composé de 08personnes en plus de quelques citoyens qui ont, à une heure du matin, attaqué le poste………….. Selon elmoulazem elaouel si Salah Zidani, de l’opération, il leur a fallu 02 heures de temps pour détruire complètement le poste, tuant 40 soldat français dont un lieutenant en plus d’un butin d’armes et de munitions important. Rappelons que juste après cette opération courageuse, la zone de Maâfa a été déclarée zone interdite jusqu’à l’Indépendance. Notons enfin que les habitants de Maâfa fêtent cette occasion chaque année pour ne pas oublier cette page glorieuse de notre pays………….. karim skikda
lahsene karim - inj - skikda, Algérie

06/06/2012 - 33518

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