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Biographie de Mohammed Arkoun

Biographie de Mohammed Arkoun
Mohammed Arkoun est né en 1928 à Taourirt-Mimoun (Ath Yenni), un village kabyle du nord de l'Algérie, dans l'actuelle wilaya de Tizi-Ouzou, il a vécu dans une famille nombreuse et très pauvre. Il fait ses études primaires dans son village natal, puis secondaire à Oran. Il étudie ensuite la philosophie à la Faculté de littérature de l'université d'Alger puis à la Sorbonne à Paris. Il y est agrégé en langue et en littérature arabes en 1956 et docteur en philosophie en 1968[2].

Il obtient une certaine renommée dans les milieux universitaires en 1969 avec ses importants travaux sur l'œuvre de l'historien et philosophe perse, du premier millénaire, Ibn Miskawayh, du courant humaniste musulman, notamment en traduisant son Tahdhib al-Ahlaq wa Tathir al-Araq en Traité d'éthique[1]. Directeur scientifique de la revue Arabica, dont il a contribué depuis 1980 à la grande réputation, Mohammed Arkoun a joué un rôle significatif dans l'érudition du langage occidental sur l'islam. En s'interrogeant sur la possibilité et la façon de repenser l'islam dans le monde contemporain, sa réflexion a fourni un contrepoids aux interprétations parfois fortement idéologisées du monde musulman et occidental[1]. Il est l'auteur de nombreux ouvrages, en français, anglais et arabe, de sociologie religieuse consacrés à l'islam. Ses travaux sont publiés dans de nombreux journaux universitaires et sont traduits en plusieurs langues.

Mohammed Arkoun a enseigné comme professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Strasbourg (1956-1959), au lycée Voltaire de Paris (1959-1961), comme maître-assistant à la Sorbonne (1961-1969), professeur associé à l'université de Lyon II (1969-1972), puis comme professeur à l'université Paris VIII et à Paris III - Sorbonne Nouvelle (1972-1992)[2].
Il a été membre du Wissenschaftskolleg de Berlin (1986-1987 et 1990) et de l'Institute for Advanced Studies de Princeton, dans l'État du New Jersey aux États-Unis (1992-1993), professeur affilié de l'université de Californie à Los Angeles (1969), du Temple University, de l'université de Louvain-la-Neuve (UCL) en Belgique (1977-1979), de l'université Princeton (1985), du Pontifical Institute of Arabic Studies à Rome et à l'Université d'Amsterdam (1991-1993)[2]. Il a également dispensé de nombreux cours et conférences à travers le monde[3].
Mohammed Arkoun a été membre du Comité directeur puis du Jury du Prix Aga Khan d'architecture (1989-1998), du Jury international du Prix UNESCO de l’éducation pour la paix (2002), et du Conseil scientifique du Centre international des sciences de l’homme de Byblos (Liban, UNESCO).

Il est fait, en juillet 1996, officier de la Légion d'honneur, puis officier des Palmes académiques. L'université d'Exeter (Royaume-Uni) lui attribue ensuite le titre de docteur honoris causa. En 2001, Mohammed Arkoun est invité à donner les « conférences de Gifford » (Gifford Lectures) à l'université d'Édimbourg (Écosse), qu'il intitule « Inauguration d'une critique de la raison islamique » (Inaugurating a Critique of Islamic Reason)[4], un des honneurs les plus prestigieux dans le milieu universitaire, permettant à un chercheur de grande renommée de contribuer à l'« avancement de la pensée théologique et philosophique ». Il reçoit en 2002 le 17e « Giorgio Levi Della Vida Award » pour l'ensemble de ses contributions dans le domaine de l'étude islamique[5]. Il est également en 2003 lauréat du Prix Ibn-Rushd[6],[7].

Mohammed Arkoun est professeur émérite à Paris III - Sorbonne Nouvelle, associé senior à la recherche à l'Institut d'études ismaéliennes (The Institute of Ismaili Studies, (IIS)) et membre du Conseil supérieur de l’administration de l'IIS.

Pensée

Dialogue entre le monde musulman et occidental
Il plaide pour l'identification systématique et la destruction des préjugés et des stéréotypes négatifs, parfois très anciens, qui ont cours de part et d'autre. Selon lui, l’Occident n’est pas plus l'incarnation du démon matérialiste, immoral et athée, que l’Islam n’est réductible au fondamentalisme intégriste, terreau du terrorisme et incompatible avec la démocratie et la modernité.

Mohammed Arkoun entretient lui-même un dialogue étroit avec le christianisme et le judaïsme, et il a coécrit des ouvrages avec des intellectuels des deux confessions.

M. Arkoun a beaucoup réfléchit sur la laïcité, valeur dont il se porte à la défense, y compris pour le monde musulman, mais dans le cadre de la nécessité qu'il rappelle, de devoir prendre en compte les spécificités de cette culture dans son histoire. Son plaidoyer pour la laïcité n'est pas dépourvu d'une critique envers celle-ci, du fait des formes particulières qu'elle a empruntées dans l'histoire et les contradictions qu'elle a aussi engendrées, qu'il voudrait voir dépassées, et qui se résume selon lui, à une incompréhension de l'autre culture :

« Je m'efforce depuis des années, à partir de l'exemple si décrié, si mal compris et si mal interprété de l'islam, d'ouvrir les voies d'une pensée fondée sur le comparatisme pour dépasser tous les systèmes de production du sens - qu'ils soient religieux ou laïcs - qui tentent d'ériger le local, l'historique contingent, l'expérience particulière en universel, en transcendantal, en sacré irréductible. Cela implique une égale distance critique à l'égard de toutes les «valeurs» héritées dans toutes les traditions de pensée jusques et y compris la raison des Lumières, l'expérience laïque déviée vers le laïcisme militant et partisan. »[8].

Cette défense de la laïcité, s'accompagne ainsi d'une critique d'une certaine tradition historique, plus particulièrement la française. Si la laïcité peut s'exporter, ni son histoire, ni ses formes ne le peuvent. Il pense en effet que « la pensée laïque dans son cadre institutionnel le plus avancé - la République française - en est encore au stade du refus, du rejet, de la condamnation à l'égard d'une grande tradition de pensée et de civilisation. Au lieu de reconnaitre la fécondité intellectuelle du débat que l'islam, grâce, si je puis dire, à son décalage historique, réintroduit dans une société qui n'a pas épuisé la confrontation des modes religieux et laïque de production du sens, on voit se multiplier des campagnes de dénigrement contre le retour des «ténèbres du Moyen Age». »[8].

M. Arkoun pense en effet que sans l'appréhension des particularités des sociétés islamiques, le projet laïque n'a pas de sens pour les dites sociétés. Et d'après lui, l'absence de tradition laïque dans cette culture n'est pas seulement analysable en termes de développement, moindre, des sociétés islamiques, mais tient aussi à leur différence qui ne montrent pas seulement ce fameux retard historique, mais ont une expérience différente dans leur rapport à la raison et à la science. Il insiste sur ce qui lui apparaît comme une différence caractérisant les sociétés islamiques, profondément différentes des sociétés occidentales, dans leur rapport au sacré, et de ce fait, dans leur rapport à la science et à la raison laïque. Il écrit encore :

«Il est certain que la conscience collective musulmane actuelle ne connaît pas cette rupture psycho-culturelle, qu'on constate depuis au moins le XIXe siècle, dans l'Occident sécularisé. Mais il faut se garder d'attribuer cette différence à une résistance au mouvement de laïcisation plus efficace en islam qu'en chrétienté. La catégorie théo-anthropologique de la Révélation est identique pour les trois religions du Livre, mais elle a connu des assauts différents de la part de la raison scientifique et de la civilisation industrielle. Cela ne veut pas dire non plus que le passage à la laïcité entraînant la marginalisation, voire l'élimination de la théologie par l'anthropologie (cf. les débats sur la mort de Dieu) est une évolution inéluctable que doit connaître l'islam après le christianisme.»[9].

Néanmoins, ces réserves exprimées, Mohammed Arkoun pense que, pour sauver le monde musulman de ses démons et le sortir de ses impasses, il est essentiel que l'islam accède à la modernité, politique et culturelle, et il en pense les conditions. A savoir qu'il faut envisager une «subversion» de la pensée islamique, qui lui permettrait de rejoindre le monde moderne et la laïcité : « Rien ne se fera sans une subversion des systèmes de pensée religieuse anciens et des idéologies de combat qui les confortent, les réactivent et les relaient. Actuellement, toute intervention subversive est doublement censurée: censure officielle par les États et censure des mouvements islamistes. Dans les deux cas, la pensée moderne et ses acquis scientifiques sont rejetés ou, au mieux, marginalisés. L'enseignement de la religion, l'islam à l'exclusion des autres, est sous la dépendance de l'orthodoxie fondamentaliste »[10].

Politique

Il étudie également l'histoire politique des régimes arabes ou musulmans d'après la colonisation, et il en vient à en dénoncer les échecs successifs : « Les échecs ont commencé dès le lendemain de l'indépendance. Partout se sont imposés des régimes policiers et militaires, souvent coupés des peuples, privés de toute assise nationale, indifférents ou ouvertement hostiles à tout ce qui peut favoriser l'expansion, l'enracinement d'une culture démocratique. Les moyens par lesquels les régimes se sont mis en place n'ont, nulle part, été démocratiques. »[10].

L'islamologie appliquée

Mohammed Arkoun a développé une discipline nouvelle, l’islamologie appliquée, issue d'une idée qui existait déjà avec l'anthropologie appliquée de Roger Bastide, et aussi le rationalisme appliqué de Gaston Bachelard. Il doit cette idée au courant philosophique qui prône la critique sur le sillage de Kant, de Bachelard et de Michel Foucault. Il a inauguré l'islamologie appliquée dans diverses universités d’Europe et des États-Unis.

Mohamed Arkoun explique que la notion d’islamologie appliquée lui est venue après l’indépendance de l’Algérie, en constatant et en analysant les contradictions dans la culture de son pays et des pays du Maghreb, ainsi que dans une certaine orientation politique, qui voulait réintroduire l'islam-après la fin de la période coloniale . Cette ligne et cet objectif sont apparus lorsque les Algériens se sont mis à invoquer l’islam, à la fois en tant que religion et en tant que culture, dans le but de reconstruire la spécificité arabo-islamique mise sous l'éteignoir par le colonialisme. Mais selon l'auteur, cette conception et cette politique qui s'ensuit, ne tenaient absolument pas compte, dans ce pays récent qu'est l'Algérie, ni de la réalité et des caractères propres à l'histoire de l'Algérie, mais ni non plus du Maghreb dont il fait partie, et ni non plus de l’histoire de l’islam et de la pensée islamique de manière plus générale.

Or cette culture et la pensée islamique, plus particulièrement, ont connu des moments divers et très différents dans une histoire, partiellement oubliée ou à tout le moins, mise de côté. Depuis les commencements de l'islam, au VIIe siècle, jusqu’à aujourd'hui, cette culture a connu des périodes tout à fait différentes. Au XIIIe siècle s'est produit une rupture au sein de la pensée islamique, bien avant l'intervention extérieure de la colonisation, et qui est le fait de l'histoire propre de l'islam et de sa culture.

Mohamed Arkoun affirme que la plupart des musulmans refusent aujourd’hui de prendre véritablement en compte l'histoire de l'Islam et de la reconnaître telle qu'elle est, y compris en remontant assez loin dans le temps pour avoir une vision d'ampleur qui intègre le passé lointain et permette un recul éclairant pour l'esprit.

Il insiste sur le fait que le XIII° siècle marque une interruption dans le développement de l'islam. Au Xe siècle, en effet, il exista une vie intellectuelle brillante et très riche, au sein du monde musulman. Ce fut un moment où la philosophie fut très présente, et occupa les esprits savants. La philosophie islamique est née et s'est développée, au contact de l'Antiquité grecque Platon, Aristote furent lus et traduits dans un échange avec les Anciens, repris, étudiés et accueillis dans la perspective d'une synthèse à accomplir avec la pensée musulmanes. Ils furent lus et interprétés également dans un échange avec les philosophes européens, chrétiens et juifs. C'est l'époque qui a vu l'apparition d'un humanisme, où la culture musulmane était ouverte aux autres cultures, en particulier à celles qui étaient présentes au Proche-Orient, et également dans l'Espagne de al-Andalus. Ce fut sa période la plus brillante. Mohamed Arkoun précise toutefois ce point d'importance sur lequel il insiste, à savoir que la religion n'était pas alors en situation de prétendre contrôler la culture et la vie intellectuelle.

Mohamed Arkoun, qui raisonne en savant historien et philosophe, refuse les oppositions simplistes, plus ou moins figées dans les mentalités, entre cultures d'islam et d'Europe, que serait censée redoubler l'opposition politique entre colonialisme (destructeur des cultures) et islam.

La perspective qui est la sienne consiste à soutenir que l'écriture de l'histoire, et la vision portée sur le passé dans son lien avec la religion, d'une part, et d'autre part, une lecture critique de l’islam à la fois comme religion et comme tradition de pensée, se trouvent nouées à la notion d’identité nationale. Pour tous les pays musulmans

La dialectique des puissances et des résidus selon Mohammed ArkounLa dialectique des puissances et des résidus, expression empruntée à Henri Lefebvre, est exposée dans Humanisme et Islam : Combats et propositions, p. 95 et suivantes. Elle identifie selon Mohammed Arkoun « les déploiements de la dialectique continue de quatre puissances à vocation hégémonique cherchant à réduire à l'état de résidus, voire à éliminer quatre forces directement antagonistes qui luttent pour la survie ». Les quatre puissances sont la formation étatique, l'écriture, les cultures savantes et l'orthodoxie, auxquelles correspondent les quatre résidus que sont les sociétés segmentaires, l'oralité, les cultures populaires, les hérésies. Pour Mohammed Arkoun, « une double dialectique se déploie simultanément et travaille l'espace social global », d'une part entre les quatre puissances et entre les quatre résidus, et d'autre part entre chaque puissance et chaque résidu correspondant. Dans ce cadre, l'analyse permet de « mettre en application les trois opérations méthodologiques et épistémologiques exprimées par les verbes transgresser, déplacer, dépasser. »

L’islamologie appliquée qu'il a fondée, s'occupe d'étudier les problèmes politiques tels qu’ils apparurent après la décolonisation, c’est-à-dire au moment où les pays arabo-musulmans gagnent leur indépendance. Mohamed Arkoun fait remarquer que les hommes politiques refusaient alors la prise en compte de l’histoire de l'Islam et de la culture arabe, ainsi que les particularités culturelles, sociales et anthropologiques des pays du Maghreb. Cette discipline analyse les contradictions d'une histoire ainsi que les différences entre le monde musulman et le monde occidental et les différents discours qui les expriment.

Principaux ouvrages

Mohammed ARKOUN et Maurice BORRMANS : L'Islam : religion et société. Interviews dirigées par Mario Arosio Traduit de l'italien par Maurice Borrmans. Ed. du Cerf. 1982
Mohammed ARKOUN et Louis GARDET : L'Islam hier, demain. Paris : Buchet-Chastel , 1982
l’Humanisme arabe au Xe siècle (1982, Vrin),
Lectures du Coran (1982, Maisonneuve et Larose),
Pour une critique de la raison islamique (1984, Maisonneuve et Larose),
l’Islam, morale et politique (1986, DescléeBiographie de Mohammed Arkoun



Je sutien tous ceux qu ils croient a l islam le vrai et le reel et tous ceux qui cherche a le connaitre a travers ses savants
zeina BEDDA nee AIT MEBAREK - ASSISTANTE MATERNELLE - PARIS, France

20/05/2011 - 14932

Commentaires

moi personnellement je suis tout a fait d'accord avec celui qui a pu dire tout haut ce qui pense logique, l'islam ce n'est pas le terrorisme et le hidjab, a mon avis tout les gens qui plonge dans le fanatisme de l'islam devient i*hypocrite et mal honnête et mauvais avec tout le monde, ou est la religion dans tout ca, je rêve un jour que tout c'est gens se lèvent de leur cauchemar qui est le fanatisme.
- mere au foyer - alger, Algérie

19/09/2010 - 6700

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